Crise d'AdOLescence

Crise d'AdOLescence
Alexandre Lacazette (Lyon)

Pas vraiment la meilleure période de l’existence, l’adolescence est une période dure à négocier et le passage de l'insouciance enfantine à l'age adulte ne se fait pas aisément. Finalement loin d’être mature, l'OL n’échappe d'ailleurs pas à cette règle et c’est sous pression hormonale que les Gones s’apprêtent à recevoir Lorient pour leur premier rendez-vous en Ligue 1 (ce soir, 21h). Explications.

L'avant saison : de bon élève à étudiant passable

Avec une seule victoire au compteur en six matchs de pré-saison (contre Milan, 2-1), Lyon le boutonneux, élève talentueux et récent dauphin du maître parisien, est devenu le cancre au bonnet d'âne sans raison apparente. Outre la victoire de prestige contre les Rossoneri, le bilan de la préparation lyonnaise est ainsi loin d'être satisfaisant. Certaines performances cristallisent plus que d'autres l’inquiétude du board lyonnais : la gifle reçue face à Arsenal (6-0) par exemple, avec la nouvelle blessure de Clément Grenier et un retour à l'infirmerie pour quatre mois, après y avoir passé quasiment toute la saison dernière. Le père de l'institution, Jean-Michel Aulas, s'est ainsi exprimé en bon patriarche bourru qu'il est. S'il a regretté certains choix de son entraîneur, il a assuré vouloir attendre le Trophée des Champions, face au PSG, pour juger de l’état de ses troupes. Et l'air canadien ne l'a certainement pas rassuré. A Montréal, ses gamins trop sûr d'eux ont sombré. Au-delà du résultat (victoire 2-0 du PSG), c'est l'impuissance et la non-implication de certains qui a agacé supporters, président et surtout l’entraîneur Hubert Fournier : « Depuis le début de la préparation on voit des comportements qui ne sont pas en adéquation avec le haut niveau. » En somme, le syndrome du bambin qui se croit grand avant l'heure et bafoue l'autorité parentale avec complaisance.

Mercato : Séduction puis collection de râteaux. 

D'abord très actif avec les arrivées de Jeremy Morel, laissé libre par Marseille, et Claudio Beauvue en provenance de Guingamp, le mercato lyonnais s'est ensuite calmé. Pas vraiment un souhait des dirigeants mais plutôt une succession d’échecs dans des dossiers compliqués. L’entêtement du chef Aulas dans un premier temps avec le cas Nicolas N'Koulou : Jean-Michel Aulas le voyait déjà comme le patron de sa future défense. Une offre de 7 puis 10 millions d'euros avec des échéances calendaires sans cesses repoussées. Le président de l'OL a même annoncé avoir l'accord du joueur. Au vu de la rivalité, ne serait-ce que sportive, entre les deux Olympiques, un transfert du meilleur défenseur marseillais vers Lyon paraît quasiment impossible aujourd'hui même si JMA en a appelé à « la solidarité nationale. » Dossier difficile, conclu par un refus prévisible des marseillais. Et pourtant c'est comme si aucun plan B n'avait été imaginé pour le chantier prioritaire que représente la défense centrale. Seul Rafael, le latéral polyvalent de Manchester, a fait son arrivée dans la capitale des Gaules. Au milieu de terrain, là encore les pistes lyonnaises semblent compliquées à réaliser. Même lorsque l'OL tombe d'accord avec le joueur et le club, le transfert capote. En accord avec Malaga autour de 10 millions d'euros pour le transfert de Sergi Darder, c'est finalement le propriétaire du club, Abdullah Al-Thani, qui va mettre son veto. Aujourd'hui les deux cibles prioritaires semblent être deux anciens pensionnaires de L1 : Younes Belhanda (Dynamo Kiev) et Mathieu Valbuena (Dynamo Moscou). Malgré des négociations difficiles, Lyon n'est pas prêt d'en avoir terminé avec son mercato difficile malgré l'arrivée très probable du petit Vélo. L'important reste de ne pas se laisser décourager par les râteaux pour trouver d'ici le 31 août prochain, chaussure à son pied.

Les prolongations : poussée d'acnée

Qu'on se le dise tout de suite, les jeunes pousses lyonnais ont rasé leur premier duvet et veulent devenir les patrons du club. C'est à peine si le comptable lyonnais et les finances de l'OL auront pu profiter du départ de Yohann Gourcuff pour souffler un peu. En effet, outre le dossier des arrivées, les révélations de la saison dernière sont venues taper à la porte pour demander une prolongation de contrat (comprendre une augmentation notoire de revenus). Ainsi Corentin Tolisso, Nabil Fekir, Clément Grenier, Samuel Umtiti et Jordan Ferri disposent désormais de salaires très confortables. Un passage à l'âge adulte à assumer pour des joueurs avec, pour la plupart, une seule saison de Ligue 1 au compteur. Et quand on décroche le permis de conduire, on a les responsabilités qui vont avec. Mais décidément Lyon ne peut pas éviter les difficultés cet été et certains jeunes ont eu des réticences à poursuivre leur apprentissage de conduite auprès de cette auto-école. Au niveau prolongations, Anthony Lopes a mis du temps à boucler sa ceinture et régler son rétroviseur, probablement vexé d'avoir entendu son président déclarer sa flamme au portier marseillais Steve Mandanda. Qui dit adolescence dit aussi premières déceptions amoureuses. Pourtant, tout allait bien entre Alexandre Lacazette et son président. Ce dernier n'hésitant pas à évaluer son joueur « bien meilleur que Gareth Bale ».  C'est donc tout naturellement qu'Alexandre a demandé une rémunération à la hauteur de ses 27 buts en championnat. Le choix du président Jean-Michel Aulas de rendre public les négociations devant ses investisseurs est alors apparu comme une trahison, presque une tromperie : « Je lui propose une rémunération qui ne sera pas inférieure à 4 millions d'euros. On fait ce qu'il faut pour qu'il se sente bien, même s'il voudra sûrement plus... »  Vexé et déçu le joueur démentira les chiffres par le biais de son agent, avant de se murer dans le silence. A quelques heures du coup d'envoi de cet OL-Lorient, tout semble cependant rentrer dans l'ordre, petit à petit. Lacazette vient tout juste de prolonger pour un salaire aux alentours des 4,2 millions annuels. Jean-Michel Aulas a promis de se tourner vers d'autres pistes que celle menant à N'Koulou pour sa défense, même si la démission de Bielsa pourrait redistribuer les cartes. Reste désormais aux joueurs à prouver sur le terrain qu'adolescence ne rime pas qu'avec turbulences.

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