Labrune, ce génie

Labrune, ce génie
Margarita Louis-Dreyfus / Vincent Labrune (© Frédéric Speich)

L’ennemi, celui que l’on doit jeter dans le Vieux Port, le Parisien qui n’y connait rien... Autant de noms d’oiseaux que l’on accole à Vincent Labrune, notre cher Président olympien. Pourtant la réalité est toute autre : cet homme est un génie. Et les mots sont pesés.

Labrune, ce génie qu’on ignore

Lâché en plein début de saison par le coach qui lui avait permis de profiter d’une paix olympienne, Labrune fait croire à l’hypothèse Jurgen Klopp sur le banc marseillais. Tout le monde sait que c’est impossible, lui le premier, mais il temporise et reprend la main. Il se lâche à demi-mots sur Bielsa sans trop en dire ni se défausser car il sait l’Argentin adulé des supporters.  Le temps de dégaîner Michel et la première manche est gagnée. Bellâtre et légende du Real, notre homme débarque alors même que la moitié de l’équipe-type de l’ère Bielsa (Thauvin, Imbula, Payet, Morel, Lemina…) s’entraîne loin de Massilia. Mais nulle inquiétude, Vincenzo est là.

Super héros du mercato, Labrune s’affaire en coulisses. Sonné par le départ de Bielsa, il fait entrer Doyen sports par la grande porte de la Commanderie avec son lot de valuable players (Isla, Silva ; De Ceglie…). Nostalgique des années Domenech, il avait aussi l’idée de rappeler aux bons souvenirs des amateurs, Lassana Diarra et Abou Diaby, l’homme de cristal, ami des kinés et accessoirement ancien d’Arsenal. Quoiqu’on en dise, alors que le marché des transferts et la reprise s’annonçaient pour l’OM plutôt compliqués, la situation s’est provisoirement retournée. Une rentrée plutôt réussie si l’on considère le handicap de départ ; rentrée qu’il signe d’ailleurs en se présentant dorénavant comme un gestionnaire avisé et responsable à la veille d’OM-OL.

Plus fort qu’Aulas

Les difficultés pourtant s’amoncellent : l’équipe ne joue pas bien et Valbuena revient en France. L’OM ne pouvait pas se le payer. Tant pis. Vincent assume et répond toujours présent : Malgré les services rendus, il contribue à faire monter la sauce autour son cas à l’approche du match contre l’OL, tout en se présentant dans la peau du PDG qu’il est. Bilan des opérations: le milieu de terrain, ancien enfant chéri, est traité en paria lorsqu’il foule la pelouse d’un stade qui l’adorait deux ans auparavant.

Aucune envie de jouer l’apaisement, du moins pour l’instant. Par son silence, il a détourné l’attention et déplacé l’enjeu : l’international est conspué et sérieusement bougé sur le pré. Là encore, pour faire oublier le début de saison très mitigé de l’OM, rien de tel qu’un bouc émissaire vite trouvé. La partie est gagnée. On ne parlera pas du score ou du jeu.  On ne retiendra que le traitement réservé au petit ailier et le consternant spectacle que nous ont offert les travées du Vélodrome.

A grands pouvoirs, grandes responsabilités

Et c’est là que Labrune fait montre d’une forme de génie. Il nie presque le problème, se défausse sur l’arbitrage et n’assume pas les débordements, tout en les regrettant. Un pro de la communication en pleine action. Cela lui vaudra de se décrédibiliser et d’être traité de "guignol" par Jean-Michel Aulas, son adversaire préféré. Mais c’est dans la tourmente que notre héros marseillais va montrer toute sa capacité à manoeuvrer.

Pressé par le politique, Président d’un club sanctionné par une Ligue qui d’un seul coup nous offre un Thiriez mal rasé, notre homme exprime son talent. Oscillant entre le sentiment d’être dépassé et l’opportunisme éhonté, il comprend l’ouverture et demande à être aidé... pour chasser les supporters excessifs qui ont fauté. En somme, reconquérir les virages, ces bastions 100% marseillais. Cela même qui lui en veulent tant.

C’est lui le Patron...

L’Euro 2016 approche et Margarita n’a pas oublié son projet de vente… L’occasion est rêvée de prendre d’assaut les tribunes du Vélodrome et de mettre un terme au privilège négocié par l’emblématique Bernard Tapie : La fin d’une gestion des abonnements par les groupes de supporters a probablement sonné. Labrune a gagné en tant que salarié, rendant à Mme Dreyfus ce qui appartenait de fait aux descendants de César...

Génie ignoré et qui peut-être s’ignore, notre Président préféré a gagné. Ecoutant les leçons de son auguste aîné lyonnais, il l’a surpassé. Récupérant une situation bien mal embarquée, utilisant les médias comme rarement il ne l’avait fait, il s’est comporté en PDG, en patron d’un club dont on ne sait ce que le reste de la saison va leur réserver.

 

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