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On le disait fini. On riait même de lui cet été lorsqu’un cliché peu avantageux le dessinait arborant un surplus graisseux par-dessus ses pectoraux. Hatem Ben Arfa à Nice, six mois après son prêt bloqué administrativement, c’est un pari qui devait en rejoindre d’autres – foirés – au panthéon des Kluivert, Vieri ou Di Vaio. Ben Arfa devait être de ceux-là, de ces joueurs cramés ou en fin de carrière venus dans la quiétude de la L1 se remettre en lumière, ou du moins essayer. Ce soir à Saint-Etienne où les Niçois se sont largement imposés sur le score de 4-1, comme depuis le début de la saison d’ailleurs, le natif de Clamart a rajouté un magnifique paragraphe dans sa biographie « Moi l’incompris imprévisible ». Intenable, l’ancien joueur de Newcastle a tout changé et illuminé le dimanche soir des abonnés de Canal.
Franchement, qui aurait parié en début de saison qu’Hatem Ben Arfa trônerait au sommet du classement des buteurs après avoir inscrit six buts en huit matchs ? Pas grand monde pour être honnête. « Il lui fallait un club familial, dans lequel on le laisse travailler, déclarait récemment son coéquipier Mathieu Bodmer à nos confrères de L’Equipe. Il a besoin d’affection, de savoir que le club a besoin de lui. Peut-être qu’il est plus fait pour des clubs intermédiaires que pour des grands clubs. » A Nice, Ben Arfa est en effet la star d’un club loin d’être la star du championnat où la pression n’est pas la même que celle qu’il a pu connaître à Marseille ou à Lyon. Avec les Aiglons, Ben Arfa est la valeur ajoutée, le petit plus qui fait pencher la balance et change le destin d’un match. Et il n'est plus celui que l'on fustige quand les choses vont mal ou moins bien, ce qui change tout.
Invaincus à domicile depuis 8 mois, les Verts se prennent de plein fouet la tornade Ben Arfa
Dans le Chaudron ce soir, Ben Arfa a claqué deux buts splendides. Le premier, d’une frappe décroisée, n’a pas laissé la moindre chance à Ruffier. Le deuxième risque quant à lui de faire le tour des télés dans les journaux dédiés au sport demain matin. Un slalom invraisemblable où il dépose Lemoine, deux fois Clément et toute la défense stéphanoise en bénéficiant d’un contre favorable – certes – le tout avant de croiser un tir imparable pour Ruffier. De la magie sur tapis vert qui rappelle inlassablement que ce garçon est un être unique dans le monde du football. « Hatem a dix ans de carrière derrière lui, poursuivait Bodmer. Il a vécu des trucs extraordinaires et des choses un peu moins bien. Il a pris de l’âge et de la maturité et ne joue plus que pour le plaisir. » Pour le sien et évidemment le nôtre.
Toujours dans les bons coups, Ben Arfa s’est montré peu avare en efforts ce soir quand Nice a été réduit à dix suite à l’expulsion très sévère de Nampalys Mendy. Ses accélérations ont toujours amené des palpitations dans le cœur des supporters stéphanois. Des palpitations d’inquiétude évidemment. Ben Arfa était à l’origine du premier but de Koziello, c’est également son abnégation pour lancer Germain qui a lancé le quatrième signé Seri, celui qui a définitivement achevé les Verts par ailleurs. Dans le sillage de sa star qui aurait pu s’offrir un triplé sans un grand Ruffier, l’OGC Nice vient d’inscrire 13 buts en 3 matchs, pointe au 7ème rang et semble actuellement pouvoir viser plus haut encore. Il va de soi qu’avec ce Ben Arfa là, elle peut rêver. Ce même Ben Arfa qui a reconnu « croire en l’Euro » au micro de Canal Plus tout en rappelant que son salut en Bleus ne peut passer que par « une vraie régularité ». La régularité, l’éternel défi de ce génie loin d’être fini.