- Eliminatoires
- Aurelien Renault
Qu’il semble loin le temps où le Norvégien Kjetil Rekdal crucifiait Claudio Taffarel sur penalty pour envoyer la Norvège en huitièmes de finale de la Coupe du monde 98. Quelle est loin cette équipe danoise qui avait dynamité les Bleus lors du Mondial 2002 (2-0). Sans parler de la Suède qui tapait encore l’incruste au second tour d’un Mondial en 2006 (élimination contre l’Allemagne, 2-0). Aujourd’hui en Scandinavie, c’est le temps des vaches maigres. Les stars s’amenuisent, la retraite imminente de Zlatan Ibrahimovic risque de sonner un sérieux glas dans le nord de l’Europe et le verdict des éliminatoires de l’Euro 2016 apparait comme une sentence sans équivoque. Des quatre formations engagées (Suède, Finlande, Danemark et Norvège), aucune n’a glané de ticket directement qualificatif. Les Finlandais, dans un groupe jouable, n’ont jamais eu leur mot à dire et les trois autres vont devoir se coltiner des barrages irrespirables. Dans un Euro à 16 nations, le camouflet aurait été total mais une telle contre-performance pointait le bout de son nez avant même le début des qualifs. Alors que la Scandinavie n’avait manqué aucune phase finale internationale depuis le Mondial 1982, elle n’avait envoyé aucun représentant à la Coupe du monde l’an passé. Un déclin que l’année qui vient de s’écouler vient clairement de confirmer.
Où sont les stars ?
« Je ne veux pas louper le championnat d'Europe (avec la Suède, ndlr), ça m'est vraiment inimaginable que ce tournoi se déroule sans moi. » Cette saillie est signée de l’inimitable Zlatan Ibrahimovic. La star parisienne est à ce jour la dernière mégastar de Scandinavie et c’est peut-être là que se situe le problème. Les jaunes étaient à l’époque tirés en avant par des joueurs de grands talents tels que Fredrik Ljungberg et autres Henrik Larsson. Aujourd’hui, Zlatan Ibrahimovic et Pontus Wernbloom (CSKA Moscou) sont les deux seuls joueurs de l'effectif suédois à jouer la Ligue des champions. Maigre. Au Danemark, Christian Eriksen n’a pas l’aura du Z (le joueur ne progresse d'ailleurs plus vraiment à Tottenham) et malgré une défense solide, on est loin de la Danish Dynamite des années 90. Reste le cas norvégien qui a déclenché en 2013 une restructuration complète de son effectif et de son identité de jeu en engageant Per-Mathias Hogmo, certainement le seul entraineur scandinave à s’appuyer sur des idées tactiques novatrices : « Nous souhaitons défendre comme l’Atlético Madrid, a-t-il déclaré en janvier, en s’appuyant sur un 4-4-2 et des blocs extrêmement mobiles. Cela va nous demander beaucoup de travail mais c’est ce qu’on veut réussir à mettre en place. » Bon courage !
Rien de perdu mais rien de gagné
Dans le sillage de l’éclosion de sa baby-star Martin Ødegaard, plus jeune international du pays (à 15 ans et 253 jours) - appartenant désormais au Real Madrid - la Norvège semble sur le papier être la plus à-même à se sortir de sa torpeur dans les années à venir. Mais il faudra nécessairement l’éclosion d’un collectif ou l’émergence d’une star cinq étoiles à ces nations pour retrouver les grandes compétitions sans accrocs. Après tout, le Pays de Galles, l’Autriche et la Pologne, tous qualifiés, ne sont – d’un regard extérieur – pas franchement plus fortes que les Scandinaves. Mais elles possèdent en Gareth Bale, David Alaba et Robert Lewandowski des locomotives de talent, agrémentées de quelques wagons aguerris aux grandes joutes du football. Tout ce que n’a pas ou n’a plus le football scandinave. Reste que les barrages de l’Euro peuvent encore changer la donne. Avec un concours de circonstances très favorables, Suédois, Norvégiens et Danois pourraient paradoxalement battre leur record de qualifiés sur une même compétitions en s’embarquant en France tous les trois. Mais la blessure reste ouverte, la réalité demeure implacable et un football scandinave de nouveau rayonnant, on en est tout de même encore loin. Très loin.
Barrages (tirage au sort le 18 octobre 2015) :
Têtes de série : Bosnie-Herzégovine, Ukraine, Suède, Hongrie
Non-têtes de série : Danemark, Irlande, Norvège, Slovénie
Par Thibault BORIES et Aurélien RENAULT