- Bilan
- Jean-Baptiste Guégan
Premier League : une histoire d'argent
Au rang des Ligues européennes les plus fortunées et les plus compétitives, la Première League s'impose sans coup férir. Nourrie aux millions venus des Émirats (Manchester City), boostée par les milliards provenant de Russie (Chelsea), my English Soccer League is Very rich. Mais ses poches déjà remplies sont loin de suffire au regard des revenus colossaux qui se profilent.
Opulent depuis que Sky et BT ont signé un contrat mirifique pour s'offrir les droits télévisés du football britannique (plus de deux milliards de livres pour les seuls droits domestiques), le royaume de sa Majesté se porte bien. Merci pour lui. Après s'être partagé 1,6 milliards de livres pour la seule année 2014-2015, il est aujourd'hui le championnat le plus valorisé des compétitions de football à l'échelle mondiale. Au point de pouvoir à lui seul concurrencer l'emblématique et surtout très lucrative Ligue des champions.
En effet, more money, more champions. Et là, l'Angleterre n'a pas de rival. Avec 1,077 milliards d'euros dépensés en 2014 et 1,16 milliards en 2015, la Premier League surclasse et écrase toute concurrence européenne au point de se construire des effectifs taille XXL à des prix défiant toute intelligence (Newcastle) et souvent toute logique de marché (Thauvin, Martial...). Au rang des plus dépensiers, Manchester City truste une fois encore la première place avec Otamendi, Sterling, De Bruyne et consorts pour une somme voisinant avec les 200 millions d'euros, soit plus que le budget de l'OM et moins de la moitié du budget annuel du PSG.
Pour quels résultats ? Et c'est là justement que le bât blesse. Si West Ham est à la fête aujourd'hui et si l'achat de Dimitri Payet se justifie, les résultats et le jeu très décevants de Chelsea, Liverpool, Newcastle et Manchester United confirment l'adage. L'argent ne fait pas le bonheur. Leicester en témoigne tout comme Arsenal, modeste dans ses transferts et à l'équilibre financièrement. De belle augure pour les idéalistes qui espèrent que le budget ne permet pas de prédire le classement.
Liga : razia absolue du duo Barça-Real
Quand on dit que la Liga se cantonne en règle générale à un duel Real/Barça, on n’est franchement pas loin de la vérité. Mastodontes financiers, les deux géants du football espagnol viennent de truster les deux premières places de leur Championnat neuf fois au cours des onze dernières saisons. Vertigineux. Et après neuf matchs disputés cette saison, Barça et Real ont d’ores et déjà pris position au sommet, passée l’euphorie du début de saison du Celta Vigo et de Villarreal. Le Barça vainqueur de la C1 et le Real, demi-finaliste, ont été bien gâtés par leur excellent parcours en Ligue des champions l’an passé, ce qui leur a permis d’engranger respectivement 60 et 50 millions d’euros de plus que tous leurs rivaux domestiques. Avec près de 120 millions d’euros de revenus liés à la billetterie la saison passée, le Real et le Barça sont par ailleurs de loin les rois incontestés de la Liga. Très loin devant les 34 millions de l’Atlético, troisième larron régulier de ces dernières années.
Contrairement aux autres championnats européens, le classement espagnol est en grande partie dicté par la répartition des droits TV. Alors que l’an passé, le PSG n’a gagné que 45 millions d’euros, soit près de trois fois la somme attribuée à Lens, dernier du championnat, en Espagne, le Barça a récolté 160 millions d’euros, 13 fois plus que la lanterne rouge Eibar et ses 13 millions. Un gouffre. Alors que les petits clubs espagnols appellent à une évolution du système de répartition, Real et Barça planent sur tous les classements. Poids plumes financiers de la Liga, Las Palmas, Grenade et Levante occupent logiquement le fond de la grille. Ce qui n’est pas le cas d’Eibar, maintenu administrativement. Promis à l’enfer en fin de saison dernière, le petit poucet espagnol s’éclate en 7ème position, au coeur du championnat le plus influencé par les écarts financiers. Rafraichissant.
A suivre : la situation de la Serie A, de la Bundesliga et de la Ligue 1.
Par Aurélien RENAULT et Jean-Baptiste GUEGAN