- Argentine
- Alan Bernigaud
Repartir en avant
Huitième de finale retour de Copa Libertadores, Boca Junior reçoit River Plate. A l'aller, les Bosteros se sont inclinés 1-0 au Monumental et lorsque l'arbitre siffle la fin de la première mi-temps, le score est toujours nul et vierge. C'est à ce moment là que des supporters trouent la toile du tunnel menant aux vestiaires et aspergent les joueurs adverses de gaz poivré. Le match est alors arrêté puis Boca est évincé de la compétition par la CONCAMOL. Déjà pointé du doigt notamment pour ses rapports pour le moins compliqués avec Juan Roman Riquelme, le président Daniel Angelici tente un coup de poker qui se révélera être un coup de maître. En effet, pour faire oublier les problèmes sportifs et administratifs de son club, il décide de faire revenir Carlos Tevez alors en feu avec la Juventus et récent vice-champion d'Europe. Mais pas question de payer plusieurs dizaines de millions d'euros, il réussit donc à convaincre les dirigeants de la Juventus de lâcher l’Apache pour seulement 6,5 millions (qu'il amortit grâce au prêt payant de Guido Vadala de 3,5 millions) ainsi qu'une priorité pour les droits de trois joueurs dont le très prometteur Rodrigo Betancur. Dès son retour dans son club de cœur, Tevez suscite une exposition médiatique et un engouement fantastique comme seul l'Argentine peut en connaître. Présenté dans une Bomborena pleine à craquer le 7 juillet, le nouveau numéro 10 ne tarde pas à s'acclimater à sa nouvelle équipe puisqu’il a aujourd'hui planté à cinq reprises en dix matchs joués. En outre, le fait que les médias épient les moindres gestes ou actions de Carlitos, permettent de retirer de la pression aux autres joueurs tandis que lui, en homme d'expérience sait comment la gérer. Ainsi, malgré déjà plusieurs polémiques liés à des déclarations sur la société argentine, son ''manque'' de rendement en raison de deux pénaltys ratés et surtout son tacle de boucher non sanctionné qui a brisé la jambe d'Ezequiel Ham (Argentinos Juniors) le 19 septembre, l'attaquant argentin ne s'est jamais caché, annonçant qu'il va aider le blessé tout au long de sa récupération. Cette attraction autour de lui permet donc aux autres Bosteros d'évoluer relativement à l'abri du feu médiatique tout en étant sur les devants de la scène.
Tout le monde profite du phénomène
Déjà auteur d'une très belle saison, les Xeneizes font désormais parler d'eux tout le temps grâce à Carlitos qui a toujours joui d'une popularité incroyable au pays. Cet engouement est aussi profitable sur le pré puisque en plus de se balader et de marquer, l'attraction Tevez obnubile les défenseurs qui vont le suivre au point d'en oublier le jeune mais efficace Jonathan Calleri auteur de 10 buts cette saison. Et même la seule personne du club qui n'a pas forcément du voir l'arrivée de la star comme une bonne nouvelle arrive à tirer son épingle du jeu. En effet, Nicolás Lodeiro, jusque là attaquant phare de l'équipe à perdu sa place, son poste (puisqu'il joue désormais plus en tant que créateur) et même son numéro de maillot, le 10 récupéré par Tevez. Et pourtant, il a su se réincarner en un milieu offensif élégant, technique et qui sait faire parler la poudre, à l'image de son but Ô combien important contre River en septembre dernier. A la récupération, le jeune Colombien Rodrigo Betancur qui était déjà annoncé comme une pépite, nous prouve tous les week-ends qu'il est à la hauteur des attentes placées en lui tandis que le reste de l'effectif est lui aussi sublimé depuis plusieurs mois déjà. Cette belle équipe reste toutefois fébrile mentalement du fait de la pression énorme sur ses épaules et doit rester constamment en alerte pour éviter une désillusion qui pourrait être terrible à l'image du dernier match perdu 3 buts à 1 face à Racing et durant lequel les Bosteros ont pris deux cartons rouges. Des erreurs qui peuvent en partie s'expliquer par la jeunesse et l'inexpérience du groupe puisque Tevez, Cata Diaz et Augustin Orion mis à part, très peu de joueurs ont déjà connu une course au titre.
Un doublé possible ! Une double désillusion aussi
Alors oui, aujourd'hui, Boca est solide leader du championnat depuis plusieurs semaines déjà et en cas de victoire, sera sacré à l'issue du match de ce soir face à Tigre. Mais attention tout de même car en cas de défaite ou de match nul combiné à une victoire de Rosario Central, le championnat se disputera entre les deux équipes qui s'affronteront à la prochaine journée. Et ce match pourrait tourner au cauchemar pour les coéquipiers de Tevez dans un Estadio Gigante de Arroyito en ébullition pour ce qui sera alors une véritable finale, quelques jours à peine après la finale de coupe qui les opposera déjà.
Voici donc l'un des scénarios qui pourrait avoir lieu et qui serait vécu comme une véritable catastrophe par des supporters impatients de renouer avec la victoire. Un titre est en effet terriblement attendu par ceux qui n'ont plus vu leur équipe gagner depuis 2011 (mis à part la coupe nationale en 2013 mais ce trophée est bien trop laissé de côté pour compter dans leur cœur) tandis que leur ennemi de River, si moqué pour leur relégation ont été sacré champion l'année dernière et ont même gagné la Copa Libertadores. Alors certes, Carlos Tevez ne fait pas tout et n'a joué que la fin du championnat mais malgré cela, l'on retiendra grandement que son retour coïncide avec la victoire finale et rien que pour ça, Daniel Angelici a gagné son pari.