- Liga BBVA
- Louis Godefroy
Il l’avait déjà prouvé en limogeant en 2002 Vincente Del Bosque, pourtant champion d’Espagne et d’Europe, Florentino Perez est implacable. Quand on est entraîneur du Real Madrid, on n’est jamais à l’abri, même quand on est champion. Carlo Ancelotti peut en témoigner. Le cas de Rafael Benitez pourrait être encore différent de celui de ces prédécesseurs. Il pourrait être viré en cours de saison. Alors qu’il n‘a perdu qu’un match cette saison, Rafa subit de nombreuses critiques depuis son arrivée. Malgré la qualité du jeu proposé par le Real, c’est-à-dire pas grand-chose, les résultats sont bons. La Casa Blanca a passé le test PSG et est en tête de son groupe de Ligue de Champions, et n’est qu’à trois points du Barça, premier de la Liga. Seulement, si le pragmatisme du résultat réussissait à Ancelotti, vainqueur de la Décima en 2014, pas sûr qu’il en soit de même avec Benitez (on lui laissera cependant le bénéfice du doute). Ce dernier prône un jeu pour le moins … triste, inoffensif. La jurisprudence Mourinho, pas non plus connu pour ses tactiques offensives, ne marchera pas cette fois, car Perez ne défend que les stars, ses chouchous.
Fâché avec les leaders
Dès son arrivée à l’été 2015, l’ancien coach de Valence annonce la couleur : Cristiano Ronaldo jouera en pointe et Bale sera repositionné. En quelques jours, il se met donc à dos le meilleur joueur du monde (mais oui, avec Messi). Car depuis son arrivée au Real, Ronaldo veut évoluer sur son côté gauche, libre de ne pas défendre mais de pouvoir repiquer dans l’axe. Dans le soucis de le laisser encore plus libre, Benitez veut le laisser dans l’axe, avec Benzema, ou avec Bale en retrait. Le Ballon d’Or affiche son mécontentement mais s’exécute. Après la victoire des siens contre le PSG (1-0, le 3 novembre), Ronaldo glisse un mot à l’oreille de Laurent Blanc. Dans la forme, quelque chose « de très élogieux », selon le coach parisien. Dans le fond, ça devait ressembler à « On joue mal, je m’emmerde ». Mais Benitez fait les choses biens, il se fâche avec Sergio Ramos, l’âme du Real après le départ de Casillas. Suite au match nul face à l’Atlético (1-1) en octobre, il allume son défenseur, coupable d’une erreur de relance. Réponse de l’intéressé : « De la même manière qu'on parlera de mon erreur, on parlera des changements. » Ce soir-là, Benitez avait remplacé Benzema par Kovacic, un milieu de terrain. Un schéma qu’il reproduit presque à chaque match avec l’attaquant français. L’ancien lyonnais a lui aussi évoqué son agacement d’être remplacé à chaque match. Dernièrement, c’est James Rodriguez qui s’est plaint de son entraîneur, lui reprochant de ne pas le faire jouer alors qu’il est de retour de blessure depuis un mois.
Le Clasico, ou l’épée de Damoclès
En ce 20 novembre, le bilan est donc contrasté pour Rafa. Les résultats sportifs sont très corrects, mais la fronde des tauliers met en péril l’équilibre de l’équipe. Demain, Barcelone viendra chauffer un Santiago Bernabeu froid 364 jours par an, pour un Clasico terriblement important. En cas de défaite, le Real verrait le Barça prendre 6 points d’avance, et pourrait même reculer à la troisième place si l’Atlético l’emporte. Si le Real venait à perdre, les quotidiens espagnols ne donnent pas cher de la peau de Benitez, déjà pointé du doigt après la défaite du Real contre Séville il y a quinze jours (3-2). Le Barça arrive à Madrid en forme, mais devra faire avec des Messi et Rakitic de retour de blessures. Neymar et Suarez, eux, sont en feu. Le feu au-dessus de la marmite où bout Rafael Benitez.