Sonny Anderson : « La Ligue 1 se casse la gueule »

Sonny Anderson : « La Ligue 1 se casse la gueule »
Sonny Anderson

C'est dans un café, jouxtant la place des Jacobins, à Lyon, que nous retrouvons Sonny Anderson. L'ancienne gloire de l'OL a accepté de répondre à quelques questions. Avec sourire et sans langue de bois.

Bonjour Sonny, simplement, quel est votre regard sur la Ligue 1 aujourd’hui ?

Honnêtement, hormis Paris, qui est sur une autre planète, et une ou deux équipes, le niveau de la ligue me semble assez décevant. Paris est l’arbre qui cache la forêt, mais Il y a aujourd'hui un gros problème dans la façon de jouer. En France, on a le sentiment que les équipes jouent pour ne pas perdre. Du coup forcément, il y a moins de spectacle, par rapport à l’Espagne notamment où même les petites équipes produisent du jeu. Et c’est pour ça que la Liga attire les meilleurs joueurs du monde. Le championnat français n'attire plus autant les grands joueurs. Bien sur il y est question d’argent, mais pas seulement, les joueurs veulent jouer un grand football et se faire plaisir. Ce qui n’est pas vraiment le cas en France actuellement.

Comment expliquer cette mentalité ?

Le problème vient du management des clubs. Dans la plupart des clubs de Ligue 1, les entraineurs ne sont pas assez écoutés. C’est dû au fait que les joueurs jugent la carrière et le palmarès du coach pour savoir s’il est légitime. On entend qu’à Paris, les tactiques sont mauvaises, qu'ils ne pratiquent pas un beau football tout le temps. Mais en attendant, Laurent Blanc est respecté, car il a une carrière et un palmarès que ses joueurs respectent. Du coup il est légitime dans le vestiaire.

En Europe, il y a aussi des problèmes, on le voit avec Benitez au Real ?

L’exemple du Real Madrid est l’opposé. Benitez, malgré un palmarès important en tant qu’entraineur, n’a pas eu de carrière de joueur et n’a pas toujours réussi partout où il est passé. Il n’était jamais très proche de ses joueurs, et manquait de poids et de prépondérance. C’est pour ça qu’à Madrid c’est difficile, notamment avec Ronaldo.

Mourinho est un contre exemple alors, car il n’a pas eu de grande carrière mais à tout le temps réussi, sauf aujourd’hui à Chelsea ?

C’est très simple, Mourinho est dans une optique où il veut quitter Chelsea. Donc à sa façon, il montre qu’il ne veut plus rester. Les résultats sont dus à ça, car on a vu l’an passé que ça avait très bien fonctionné ! Et ça a toujours marché en général, car il est légitime, proche de ses joueurs, voire même ami avec eux ! C’est pour ça que les joueurs le respectent et qu’il a obtenu et continuera à obtenir des résultats. Et ce, alors qu’il n’a pas eu de carrière de joueur remarquable. 

Pour en revenir à la Ligue 1, on parle beaucoup de Ben Arfa, avec son retour en Equipe de France. Quel est votre avis sur Hatem ?

Ben Arfa aurait dû être la star de l’Equipe de France. Il avait un talent fou, et l’a toujours, comme on le voit à Nice. Mais sa carrière a été plombée par de mauvais conseils. Il avait tout pour faire une carrière fantastique et jouer dans les plus grands clubs. Maintenant il fait de belles choses à Nice, mais ce n’est pas là où il aurait dû être. On a l’exemple parfait avec Martial, d’un joueur qui fera une grande carrière, car il a un bon caractère, mais aussi un bon entourage. C’est là où on voit que le talent ne suffit pas.

Aujourd’hui dans une équipe, quel est le rôle des cadres ?

C’est compliqué car maintenant, un cadre ce n’est pas forcément un « vieux » joueur, qui a beaucoup d’expériences. C’était totalement différent quand je jouais à l’OL. Je me souviens de la première convocation de Bergougnoux (Bryan) avec les pros. Il était arrivé en retard mais félicité par l’équipe. Je l’ai fait s’asseoir devant moi et je lui ai dit que ce n’était pas normal son comportement. Qu’à son âge, on doit arriver le premier pour montrer qu’on en veut. Après ça il a compris. C’était ça le rôle du cadre.

Pour finir, vous êtes consultant à BeIN et vous collaborez avec BetClic. Le terrain ne vous manque pas trop ?

Ah si beaucoup. Pour dire, à chaque fois qu’une émission de Ligue des Champions se termine, j’ai envie de retourner sur le terrain, d’aller dans le vestiaire. Car sur un plateau ou devant un match, on voit beaucoup de choses, à modifier, à travailler. Mais qu’on ne peut pas appliquer. Et c’est ce qui est le plus frustrant. Donc bien sûr que le terrain me manque. J’ai eu des opportunités mais rien de sérieux. Je verrai l’année prochaine ce qui se présente. Mais j’ai envie d’entrainer.

A l’OL ?

Pourquoi pas.

 

Propos recueillis par B. Noble-Werner, A. Decléty, G. Bouchut et T. Colon

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