- Euro 2016
- Alan Bernigaud
Albanie, Autriche, Irlande du Nord, Islande, Ukraine, Pays de Galles, Hongrie. Dans ces pays, les amoureux du ballon doivent généralement se trouver une équipe à supporter durant les grandes compétitions car leurs propres nations se font sortir durant les éliminatoires ou au mieux pendant les barrages. Pourtant, ce soir, ces supporters pourront fièrement afficher les couleurs de leurs pays et trembler devant le tirage au sort de la phase finale car leurs équipes nationales se sont qualifiées pour l'Euro en France. Et cela, sans vouloir leur manquer de respect, peu de bookmakers l'auraient parié.
ALBANIE
Présente dans le groupe de la France – dont les matchs étaient amicaux – l'Albanie est certainement le plus beau coup de force de la phase de qualification. Alors que le Portugal a trusté comme il était attendu la première place du groupe I, la seconde place semblait, elle, prédestinée pour le Danemark ou dans une moindre mesure à l'Arménie. Et pourtant, c'est bien l'Albanie de Lorik Cana qui s'est qualifiée, avec quatre victoires dont une historique contre le Portugal (1-0) et deux solides prestations en amical face à la France (1-1 à Rennes puis 1-0 à Elbasan), pour la première fois de son histoire, pour participer à la plus grande compétition européenne. Cette qualification, associée à l'élimination avec seulement quatre points de l'ennemi juré serbe, a provoqué de grandes scènes de liesse partout dans ce pays passionné de football, de quoi promettre de belles ambiances dans les stades pour les matchs de l'Albanie.
IRLANDE DU NORD
Autre pays à la ferveur exceptionnelle et à l'histoire récente sombre, l'Irlande du Nord a elle aussi créé la surprise en terminant, excusez du peu, première de son groupe. Alors certes, le groupe F n'était pas le plus compliqué car sans nation majeure mais l'exploit reste énorme pour ce petit pays de seulement 1,8 millions d'habitants. En effet, l'Irlande du Nord finit devant des pays comme la Grèce, la Roumanie et la Hongrie qui eux, ont déjà découvert les joies de participer à la phase finale d'une compétition. Avec seulement une défaite pour six victoires et trois nuls, les hommes de Michael O'Neil ont survolé cette phase de poules et vont tenter au mois de juin de montrer qu'ils ne sont pas venus pour faire du tourisme et jouer leur rôle d'outsider à fond.
AUTRICHE
Elle aussi première de son groupe et jamais – sportivement – qualifiée pour une phase finale de championnat d'Europe, l'Autriche compte bien jouer les troubles fêtes en France pour s'inviter au moins en huitièmes de finale. Emmenée par des joueurs de grand talent comme Marko Arnautovic ou Mark Janko sans parler de l'idole de cette équipe, le défenseur du Bayern Munich, David Alaba, qui est positionné au milieu de terrain voire même en dix pour exploiter au mieux sa merveilleuse patte gauche dans les phases offensives. Durant les éliminatoires, les Autrichiens se sont distingués en terminant invaincus avec neuf victoires et un seul nul en dix matchs. Mieux, ils se sont même payés le luxe de battre deux fois la Russie avant d'en planter quatre à la Suède et 5 au Liechtenstein. Costaud.
ISLANDE
Qualifiée surprise de ce qui était très probablement le groupe le plus relevé de ces éliminatoires, l'Islande aussi va découvrir pour la première fois de son histoire les phases finales de l'Euro. Les insulaires ont créé la sensation en se débarrassant des Pays-Bas et en terminant à la seconde place du groupe A derrière la République Tchèque, forçant la Turquie à devoir jouer sa qualification en match de barrage (avant qu'elle ne soit finalement qualifiée au titre de meilleure troisième). Avec 20 points engrangés, l'Islande a gagné six matchs dont ses deux face au Pays-Bas et est maintenant bien décidée à montrer à toute l'Europe qu'elle veut jouer dans la cour des grands et non pas faire de la figuration. En pleine ascension depuis plusieurs années déjà, le football islandais a un mérite tout particulier puisqu'il arrive à fournir une formation nationale compétitive avec des joueurs qui évoluent dans les plus grands championnats européens (Angleterre, France, Hollande, Italie) alors que la population du pays n'est que de 300 000 habitants soit à peine plus qu'une ville comme Rennes.
HONGRIE
Plus qualifiée pour une championnat d'Europe depuis l'Euro 1972 en Belgique, la Hongrie a réussi à revivre l'une de ces belles aventures qui avait fait sa légende, il y a un demi-siècle, en se qualifiant par les barrages pour l'Euro français. Troisième du groupe F derrière l'Irlande du Nord et la Roumanie, les Hongrois ont réussi à éliminer la Norvège (3-1 sur l'ensemble des deux matchs) pour faire partie des 24 nations qui seront présentes en France l'été prochain.
PAYS DE GALLES
Quart de finaliste de la Coupe du Monde 1958, le Pays de Galles n'a depuis plus jamais participé à la moindre compétition internationale. Mais cette année, la donne a changé. L'équipe est plus compétitive que jamais avec des grands joueurs comme la superstar Gareth Bale mais aussi Aaron Ramsey ou Ben Davies. De fait, le Pays de Galles a réalisé un parcours presque parfait durant les éliminatoires, finissant deuxième derrière l'ogre qu'est la Belgique en gagnant six de ses dix matchs et ne perdant qu'une seule fois (face à la Bosnie 2-0). Nul doute que sous couvert de l'inexpérience, les Gallois vont venir avec l'ambition de jouer un mauvais tour à leurs futurs adversaires.
UKRAINE
Enfin, bien qu'elle ait déjà disputé une phase finale de Coupe du Monde en 2006 et une de championnat d'Europe à domicile en 2012, l'Ukraine est une nation en difficulté mais qui reste redoutable lorsqu'elle est lancée. Troisième de leur groupe derrière l'Espagne et la Slovaquie, les coéquipiers d'Anatoliy Tymoshchuk ont dû passer par les barrages pour se qualifier en venant à bout aux forceps de la Slovénie (3 buts à 1 sur les deux matchs) après des éliminatoires où ils seront tout de même sortis vainqueurs de six matchs. Actuellement en proie à une guerre civile terrible, le pays tout entier a besoin de donner une image plus positive et cela passe notamment par un bon Euro 2016 et pourquoi pas le même type d'exploit qu'en 2006 où, emporté par l'icône Andreï Chevtchenko, les jaunes avaient atteint les quarts de finale de la compétition.