- Ligue 1
- Brice Cheneval
À Marseille, un jour de « Classico » est particulier. La réception du PSG est toujours un moment à part qui anime cette ville qui respire le football et son club local, l’OM. Toute la journée, hommes, femmes et enfants de toute la cité paradent en bleu et blanc, aux couleurs de « l’Ohème ». Le match du soir est le principal (voire le seul) sujet de discussion aux abords du stade. Les supporters marseillais s’échauffent la voix dans les bars alentours, notamment du côté du rond-point du Prado, où la plupart se rassemblent avant chaque match au « Vél ». Munis d’un porte-voix, certains entonnent des chants à la gloire de leur équipe, suivis par le reste des troupes. Les fumigènes sont de sortie, un maillot du rival parisien est brûlé sous les applaudissements de la foule. Les plus jeunes n’hésitent pas à filmer la scène et à prendre des selfies. À proximité, Bengous, supporter acharné de l’OM qui a rencontré le succès grâce à ses « débriefs » après chaque rencontre de son club de cœur, organise une séance de dédicaces dans sa boutique. Celui-ci se plie volontiers à l’exercice, jonglant entre poignées de main, autographes et selfies. La salle est pleine, concentrant des centaines de personnes heureuses de rencontrer l’idole locale. En fin d’après-midi, l’effervescence monte d’un cran. Les abords du stade Vélodrome sont envahis de monde. La toute nouvelle boutique officielle, située sous la tribune Jean-Bouin, regorge de supporters. Un vendeur lance le célèbre « Aux armes », repris en chœur par tous les visiteurs. Du côté du rond-point du Prado, quelques débordements sont à noter. L’agitation dans le coin a poussé la police à intervenir pour calmer la foule. Mauvaise idée, les « condés » sont accueillis par des jets de cailloux et de bouteilles en verre, les obligeant à rebrousser chemin. Ce n’est que partie remise puisqu’ensuite, les CRS débarquent en masse. Face à l’obstination des supporters à ne pas vouloir reculer, ils lancent des gaz lacrymogènes et du gaz au poivre, les obligeant à battre en retraite. Finalement, tout rentrera dans l’ordre et aucun incident majeur ne sera à déplorer.
Des banderoles hostiles à la direction parisienne et poussant les joueurs marseillais à la révolte
18h45, les portiques du Vélodrome s’ouvrent enfin. Les premiers supporters s’engouffrent dans l’imposante enceinte de plus de 67 000 places. La rencontre approche, l’impatience est palpable chez tous les supporters. Les virages, qui se remplissent petit à petit, entonnent régulièrement différents chants avec force et passion. Les premiers frissons apparaissent. Aux alentours de 20h, les joueurs viennent en reconnaissance sur la pelouse. Les Parisiens sont unanimement sifflés dans une atmosphère qui sent le soufre. À 20h30, les deux équipes démarrent leur échauffement. Les Olympiens sont applaudis et encouragés sous l’air de « Can’t Hold Us » de Macklemore. La détermination et la concentration se lisent aisément sur leurs visages. Échauffements musculaires, toros, frappes et passe à dix s’enchaînent des deux côtés, jusqu’au retour aux vestiaires. L’occasion pour le Vélodrome d’apporter tout son soutien à ses protégés pour la dernière fois avant le coup d'envoi du choc. Après une dizaine de minutes de tension, les deux formations pénètrent sur le terrain, accompagnées du célèbre « Jump » de Van Halen. En virages, les supporters multiplient les banderoles hostiles à la direction parisienne et poussant les joueurs marseillais à la révolte. En revanche, aucun tifo n’a été réalisé, hormis par les South Winners, pour protester contre le jeu pitoyable de l’OM à domicile depuis plusieurs matches. Les drapeaux bleu et blanc s’agitent en tribunes latérales.
Le Vélodrome se lève comme un seul homme et chavire dans une atmosphère délirante
21h, la rencontre tant attendue démarre enfin. Malheureusement pour le public marseillais, elle commence de la plus mauvaise des manières. Dès la troisième minute et sur sa première occasion, le PSG ouvre le score grâce à Zlatan Ibrahimovic. Stupeur au Vélodrome. Pourtant, cela n’empêche pas les supporters de donner de la voix pour encourager leurs joueurs. Les chants se multiplient. Dans la foulée, Di Maria rate l’immanquable, permettant ainsi au public olympien de pousser un grand ouf de soulagement. Dès lors, l’OM va revenir dans la rencontre. Alors que tout un stade pousse son équipe à égaliser, celle-ci va exaucer son souhait à la 26e minute : Rémy Cabella élimine Thiago Motta côté gauche et, à l’entrée de la surface, décoche une frappe qui termine sa course dans le petit filet de Kevin Trapp. Le Vélodrome se lève comme un seul homme et chavire dans une atmosphère délirante. Revigorés par cette égalisation, l’OM va alors pousser pour inscrire un deuxième but. L’arbitre siffle la mi-temps sur un score de parité. Le « Vél » applaudit chaudement ses joueurs et se met à rêver d’une victoire de son équipe. Après la pause, les Marseillais reviennent encore plus déterminés dans le match. Lassana Diarra enflamme le stade par son aisance technique. Les virages font grimper les décibels. Malgré une nette domination, l’OM se fait pourtant surprendre par un but de Di Maria. 2-1 pour le PSG et tout un stade gronde de dépit. Cependant, cela ne suffit pas à éteindre l’enthousiasme des supporters phocéens. Après un dernier espoir suite à la frappe de Nkoudou, la rencontre s’achève finalement sur une victoire du rival parisien. Malgré la défaite, le Vélodrome applaudit ses joueurs et se vide alors très vite. Dans les rues, la déception est palpable de ne pas être la première équipe à faire tomber le PSG en Ligue 1 cette saison, mais les supporters repartent la tête haute. Le lendemain, La Provence titre un implacable « Classique ». Le résultat certes, mais pas l’ambiance. Le Vélodrome est unique et a encore une fois prouvé qu’il était indiscutablement l’une des meilleures ambiances de France et d’Europe.