Gianni Infantino, Président : le changement c’est maintenant ?

Gianni Infantino, Président : le changement c’est maintenant ?
Gianni Infantino, le nouveau boss de la FIFA en action (Icon Sport)

Vendredi 26 février, Gianni Infantino a remporté l’élection à la présidence de la FIFA devant le cheik Salman, la première de l’ère post-Blatter. Pour autant, faut-il croire aux promesses affichées et à la perspective d’un changement en profondeur ? Revue d’effectif pour ceux qui veulent y croire.

Quand Gianni gagne, Michel soupire et l’UEFA sourit

Candidat légitime de l’Europe, berceau historique du football, Gianni Infantino a gravi depuis 2000, les échelons de l’UEFA jusqu’à devenir l’ombre de Michel Platini et le secrétaire général de l’institution. Après la mise hors-course de ce dernier, c’est donc lui qui a été choisi pour représenter la vieille Europe dans la course à la présidence de la FIFA.

Et il a su l’emporter : 115 voix contre 88. Gianni Infantino a ainsi nettement terrassé le cheik Salman lors de ce congrès extraordinaire et se fait fort aujourd’hui de n’être pas le candidat d’une seule organisation régionale, mais celui “ de tous les pays ”.

Outre la pensée tardive adressée à son récent patron, celui qui lui a “tant appris”, ses déclarations n’engagent pourtant que ceux qui veulent bien le croire. En effet, si la présidence amène les candidats à se hisser à la hauteur de la fonction, il n’empêche que le nouvel élu ne l’a pas été seul. Il incarne l’UEFA. Il atteste de sa toujours très grande influence dans le monde, de ses réseaux d’alliances et plus encore de sa capacité à dominer la plus grande ONG mondiale, quitte  à - quelqu’en soit le coût - s’allier avec d’autres confédérations pour préserver sa domination sur la tentaculaire fédération internationale.

Qui gagne, perd ?

Malgré tous ceux qui vont saluer l’avènement de jours nouveaux pour la FIFA, cette élection n’est pas sans poser problème. Car il est des triomphes qui annoncent des lendemains difficiles. Revers d’une victoire qui ressemblera peut-être à celle de Pyrrhus, la victoire de Gianni Infantino ne va pas sans déconvenues.

Ainsi, le très décrié cheik Salman a recueilli un nombre de voix incroyablement élevé lors de cette élection. Plus d’un tiers des fédérations affiliées se sont exprimées en sa faveur. Une dérangeante surprise quand on sait l’attention que lui portait la justice américaine, le FBI et les associations de défense des droits de l’homme. La preuve que les anciennes pratiques demeureront encore longtemps et que les plus vertueux ne seront pas toujours les mieux servis.

Mais plus que cela, il est toujours détestable de constater que les leçons d’hier n’ont pas été retenues dans un monde où l’image et la réputation internationale se défont aussi vite que naissent affaires et se révèlent les scandales. A l’heure où la crédibilité de l’institution FIFA est à ce point attaquée au point de déclencher une véritable paranoïa en son sein, il n’était assurément pas souhaitable que l’organisation donne une telle image d’elle-même, en laissant un candidat tel que le cheick Salman se présenter et recueillir autant de suffrages.

Et maintenant que fait-on ?

La FIFA est à un tournant majeur de son histoire. Elle doit changer, évoluer en profondeur et c’est en cela que cette élection était aussi essentielle que fondatrice. Réussir, périr ou exploser ? Tel pourrait être le devenir de l’institution zurichoise et l’ampleur du défi réservé à son nouveau Président.

Passée l’émotion naturelle du nouvel élu, il faudra avancer, agir et réformer. Il faudra pour le sémillant Gianni Infantino gagner la bataille de l’image et reconstruire la crédibilité et la respectabilité institutionnelles de la FIFA.

Il lui faudra également faire l’audit clair et peut-être public - rêvons y à haute voix - de ce que furent véritablement les années Blatter, quitte à sauver ou définitivement écarter l’ancien Président de la FIFA. Restera aussi à faire l’unité autour du football et au sein de la famille du football, loin de toute communication vide de sens car c’est l’avenir de ce sport qui se joue.

Enfin, il faudra engager avec les institutions américaines (justice, FBI, International Revenue Service…) dans la perspective des Coupes du monde à venir et des JO de 2024, un dialogue favorable à l’institution. Tout autant, il faudra faire le ménage dans les écuries d’Augias que sont certaines confédérations aujourd’hui, qu’elles soient décapitées (CONMEBOL, CONCACAF) ou défaillantes (CAF).

Qui a dit que gagner résolvait tous les problèmes ? En attendant, souhaitons à Gianni Infantino, de réussir là où tous les autres se sont enlisés. Pour le bien-être de la FIFA, pour l’avenir du football.

 

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