- Ligue 1
- Brice Cheneval
Mai 2013. Sur le plateau du Canal Football Club, Florian Thauvin reçoit le trophée du meilleur espoir de Ligue 1 pour la saison 2012-2013. Le natif d’Orléans est récompensé pour sa belle saison avec le SC Bastia, durant laquelle il a inscrit 10 buts et une passe décisive en 32 matches. Deux mois plus tard, il est sacré champion du monde U20 avec la France, en compagnie de Paul Pogba, Lucas Digne ou encore Geoffrey Kondogbia. À ce moment-là, Thauvin est considéré comme l’un des plus grands espoirs de sa génération. Aujourd’hui, il traîne son spleen sur les pelouses hexagonales avec l’OM, où il est prêté jusqu’en fin de saison par Newcastle. Sa descente aux enfers commence en août 2013. Alors sous contrat avec le LOSC, qui l’a acheté à Bastia en janvier 2013 avant de le prêter au club corse les six derniers mois, il fait l’objet d’un vif intérêt de Marseille. Le joueur est séduit à l’idée de disputer la Ligue des Champions et de rejoindre le club de son cœur. Or, Michel Seydoux, le président lillois, ne l’entend pas de cette oreille. Ce dernier compte bien garder le jeune prodige. S’ensuit alors un bras de fer, Thauvin allant jusqu’à boycotter l’entraînement pour manifester son désir de partir. Au final, son souhait sera exaucé dans les tout derniers instants du mercato estival. Seydoux, fatigué du comportement du joueur et convaincu par la somme proposée par l’OM (on parle de 12M d’euros), donne son aval. Le transfert est concrétisé et Thauvin affiche son bonheur. Cependant, cette affaire créé une véritable rupture entre lui et le public français, qui ne lui a jusqu’à maintenant jamais pardonné.
Titulaire indiscutable sous Marcelo Bielsa
L’histoire de Thauvin à Marseille débute mal. Auteur de prestations moyennes, il voit les exigeants supporters phocéens s’impatienter de plus en plus face aux difficultés qu’il rencontre. Au cœur d’une saison compliquée pour son équipe (6e en championnat, 0 point glané en Ligue des Champions), il n’est pas épargné par les critiques malgré des statistiques somme toute correctes (8 buts et 3 passes décisive en 31 matches). Son jeune âge (21 ans) et le fait d’avoir disputé sa première saison chez les champions d’Europe 1993 le protègent malgré tout par rapport à d’autres coéquipiers, comme Mathieu Valbuena ou Dimitri Payet, sous le feu des critiques. À l’intersaison, il voit « El Loco » Marcelo Bielsa débarquer sur la Canebière. L’Argentin décèle immédiatement son potentiel et lui accorde une confiance totale. De fait, il est considéré par son entraîneur comme un titulaire indéboulonnable. Celui-ci n’hésite d’ailleurs pas à déclarer à son sujet, lors d’une conférence de presse en début de saison, qu’il est « l’un des joueurs qu[il a] dirigés qui [l]’a le plus impressionné durant toute [sa] carrière ». Thauvin va disputer la quasi-totalité des rencontres (36 matches) lors de cette saison. Mais malgré le soutien de Bielsa, l’ailier ne parvient pas à décoller et réalise une nouvelle saison difficile. Sur le terrain, sa nonchalance lui est vivement reprochée, ce qui écorne encore un peu plus son image. Les supporters marseillais ne cachent pas leur déception et n’hésitent plus à le siffler copieusement à chaque sortie. Au final, l’ancien Bastiais termine l’année avec seulement 5 buts et 3 passes décisives à son actif. Un total jugé insuffisant compte tenu de son potentiel. Il est aux premières loges pour assister à l’exode massif des cadres du club (Gignac, Ayew, Payet, Imbula, Morel etc.) et est appelé à devenir le meneur offensif de l’OM 2015-2016. Thauvin se permet même d’arborer fièrement le numéro 10, laissé libre par André Ayew. Pourtant, une offre en provenance de Newcastle avoisinant les 17M d’euros vient changer les plans des dirigeants marseillais. La perspective de réaliser une belle plus-value sur un élément peu en vue depuis son arrivée convainc définitivement Vincent Labrune de laisser filer son chouchou. À contrecœur, « Flo » doit se résoudre à plier bagage et rejoint les pensionnaires de St James Park.
De grand espoir à flop retentissant
En Angleterre, l’ailier réalise des débuts tonitruants. Pour sa première titularisation, en League Cup contre Northampton, il inscrit un superbe ciseau et délivre trois passes décisives. Pour ses premiers pas en championnat, à Old Trafford, il passe tout près d’inscrire le but de la victoire pour son équipe face à Manchester United. Pourtant, l’expérience tourne vite au vinaigre. Ses prestations sont de plus en plus insipides et Steve McClaren finit par l’installer sur le banc. Le Français doit alors se contenter de bouts de matches, quand il a la possibilité de rentrer en jeu. Les médias anglais s’empressent de le critiquer. L’ancienne gloire du club, Alan Shearer, le prend lui aussi à partie. « Il débarque en costard. Mais c’est sérieux ici ! […] Tu peux peut-être jouer comme ça en Ligue 1, mais pas en Premier League. Il faut revenir, faire les efforts » déclare-t-il au Chronicle. Les supporters des Magpies s’en donnent également à cœur joie. Une situation intenable qui le rend nostalgique de son passé marseillais. Sur les réseaux sociaux, Thauvin reste en contact avec les fans marseillais et ne cesse de retweeter des vidéos à sa gloire sous le maillot Ciel et blanc. C’est alors qu’une opportunité inespérée se présente à lui : Vincent Labrune, qui ne l’a pas oublié, tente d’obtenir son prêt pour les six derniers mois de la saison. Même si les discussions avec Newcastle sont compliquées, le club anglais donne finalement son feu vert dans les dernières heures du mercato. Thauvin, ivre de bonheur, promet de donner le meilleur de lui-même. « Je viens avec une envie de faire le mieux possible, d’apporter le maximum à cette équipe. Je suis très motivé » affirme-t-il sur le site officiel de l’OM. Son premier match, à Montpellier, est contrasté. Malgré une entrée en jeu intéressante, il obtient un carton rouge dix minutes plus tard pour un tacle dangereux sur Vitorino Hilton. Une sanction qui le prive du Classico face au PSG. Mais, encore une fois, l’idylle tourne mal. L’ailier déçoit encore et irrite le Stade Vélodrome. Après un match face à Saint-Étienne (1-1) lors duquel il fut transparent, l’ancien Bastiais est chahuté à sa sortie du stade par ses propres supporters. Vendredi dernier, lors du naufrage face à Rennes (2-5), il est copieusement sifflé par le public phocéen après avoir pourtant inscrit un superbe but, son premier après son retour. Passé en trois ans du statut de grand espoir du football européen à celui de flop retentissant, Florian Thauvin a déjà vécu une carrière bien mouvementée. Tout cela à seulement 23 ans !