- Euro 2016
- Aurelien Renault
Le mois d’avril a beau se rapprocher à grands pas, Cardiff reste pluvieuse. Une météo presque caricaturale pour le rendez-vous amical 100% britannique qui mettait hier soir aux prises Gallois et Nord-Irlandais. Un « friendly » plus important qu’à l’accoutumée puisque les deux nations se retrouvent à préparer une compétition internationale pour la première fois depuis belle lurette (1958 pour les partenaires de Joe Allen, 1982 pour les hommes de Michael O’Neill). Plus encore, c’est la première fois que les deux équipes vont se présenter à un championnat d’Europe et rejoindre les habitués britanniques que sont l’Angleterre et l’Irlande. Si un souffle inédit envahira donc l’Euro 2016, reste à savoir si les deux adversaires du soir vont réellement apporter quelque chose au rendez-vous français.
Défenses de malade
Qu’on soit clair d'entrée de jeu : le match fut une déception et l’intensité loin d’être digne d’un duel entre deux qualifiés européens. Les spectateurs du Cardiff City Stadium ont eu droit à rien d'autre qu'un barbotage british bien boueux et n’ont pas vraiment eu à s’enthousiasmer devant un jeu bien léché. A croire qu’ils n’y sont de toute manière pas habitués. En réalité, alors que les Nord-Irlandais semblaient préparer leur permis de bus en vue d’aborder leurs matchs estivaux contre la Pologne, l’Allemagne et l’Ukraine, les Gallois ont tenté d’exister sans leurs joueurs phares que sont Aaron Ramsey (Arsenal) et surtout Gareth Bale (Real Madrid). Orpheline de ses stars, la sélection galloise s’est articulée autour de l’obscur George Williams (Gillingham, D3 anglaise) pour animer son secteur offensif. Pas folichon. Le seul joueur au niveau dans ce domaine aura été l’ailier gauche David Cotterill, joueur méconnu mais à la vision de jeu intéressante et qui fait les beaux jours de Birmingham en Championship. Si la nation au dragon rouge n’a pas forcément été inquiétée défensivement malgré un but encaissé suite à un corner, l’adversité n’était de toute manière pas au niveau d’une future équipe participant à un championnat d’Europe. Et c’est même avec un brin de chance que les Gallois sont revenus dans le match en fin de rencontre grâce à un pénalty du joueur d’Aberdeen Simon Church. Il ne vous dit rien ? C’est normal.
Cette Irlande-là ne perd pas facilement le nord
Rarement à l’aise pour ne pas dire complètement nulle lorsqu’il s’agit d’aller gagner hors de ses bases en match amical, l’Irlande du Nord pensait enfin tenir une victoire mais une faute de Gareth McAuley, joueur de West Brom, dans les dernières secondes a permis aux locaux de revenir de façon assez méritée. « Ça aurait été bien de l’emporter, a déclaré l’entraineur Michael O’Neill après la rencontre, mais nous avons pu donner du temps de jeu à 17 joueurs et leur faire expérimenter différents systèmes. » Les systèmes dont il est question, c’est d’abord un 5-4-1 mis en place en première période. Dans cette configuration ultra-défensive, on n’a pas vu le moindre espace dans l’arrière-garde de l’armée vert et blanc. Le problème, c’est qu’en dehors de contres maladroitement menés, on n’a pas vu grand chose d’autre. L’autre tactique dont parle O’Neill, c’est un 4-1-4-1 tenté au retour des vestiaires. Mais là encore, si son onze était (très légèrement) plus entreprenant, la vocation et l’identité même de l’Irlande du Nord reposait sur une volonté absolue de bien défendre. En d’autres termes, la Norn Iron viendra en France pour empoisonner la vie de Müller, Lewandoswki et de leurs copains. Et sûrement rien d’autre. Des craintes à avoir pour le spectacle ? Forcément.
Sans ses stars, le onze gallois est quelconque
Rencontre insipide, cet amical "printanier" aura vu les deux formations marquer sur coups de pieds arrêtés. Loin d’être un hasard dans la mesure où l’une comme l’autre maîtrisaient plutôt bien ces phases de jeu. « Il y a beaucoup de positif à retirer de ce match, a commenté l’entraîneur gallois Chris Coleman, il y en aurait même si on avait perdu 1-0. » La vitalité de ses hommes sur corner et coup-franc en fait peut-être partie. Mais la différence notable entre les deux équipes concerne les noms alignés sur la feuille de match. Alors que l'Irlande du Nord comptait globalement sur les hommes qu’elle enverra à l’Euro, le Pays de Galles était handicapé de lourdes absences. Bale et Ramsey mais également Paul Dummett (Newcastle), Andy King (Leicester) ou encore James Collins (West Ham). En sachant que le supposé meilleur joueur de la soirée, Joe Allen, est entré à vingt minutes du terme, le Pays de Galles semble mieux armé que son adversaire du soir pour aller titiller la Slovaquie, l’Angleterre puis la Russie lors de son Euro. Cette équipe s’est bâtie principalement autour de Gareth Bale et sans la star du Real pour être son phare guidant, elle n’est hélas plus aussi intéressante. Et en cela, elle a moins à apporter qu’une Bosnie, un Danemark ou évidemment des Pays-Bas qui eux manqueront l’événement français.
La conclusion a tout ceci, c’est qu’Irlande du Nord comme Pays de Galles apporteront non pas leur insouciance mais très probablement leur science très prononcée de la rigueur défensive. Avec ses stars pour la sublimer, l’équipe galloise pourrait être la plus séduisante. Mais sans elles, c’est du cinquante-cinquante. Et si vous craignez que le spectacle soit tristounet sur la pelouse, rassurez-vous néanmoins. Les nouveaux venus britanniques ont fêté hier soir chacun dans leur parcage leur arrivée prochaine sur le sol français. Les supporters viendront avec une joie immense d’enfin se frotter aux gros du continent dans une compétition internationale. Et si l’essentiel était finalement là ?
Aurélien Renault (depuis Cardiff)