- Décalé
- Justine Soignon
Ce petit guide va s'articuler en trois parties. D’abord, la typologie des blessures les plus fréquentes dans le football. Qu’on sache un peu de quoi on cause, c’est logique. Ensuite, on ira faire un tour du côté des maladroits et des malchanceux avec le top 9 des blessures les plus stupides (la numéro 10 se cache très certainement parmi vous). Enfin, on terminera avec l’équipe-type de l’infirmerie, ces joueurs qu’on est certain de croiser si on va y faire un tour (et ils n’y sont pas pour l’infirmière, eux).
Typologie des blessures les plus fréquentes
Les footballeurs étant humains (sauf Alexander Frei qui est un demi-dieu), il leur arrive parfois de se blesser. Sur un contact avec l’adversaire, tout seuls comme des grands ou en butant sur une taupe (mais ça, ça n’arrive qu’en Promotion de district). On les retrouve alors par terre, enchaînant les roulades et livrant une interprétation de la douleur digne du cours Florent (et on ne parle pas de Balmont). Si parfois ils en rajoutent et il ne leur faut que quelques minutes pour se remettre à gambader joyeusement, d’autres fois, c’est plus grave et ça les empêche de retourner sur le terrain immédiatement.
- 1. Les blessures musculo-tendineuses
Elles vont concerner, en premier lieu et comme leur nom l’indique, les muscles (plus simple y’a pas). Mal ou trop sollicités, ces derniers peuvent souffrir d’une élongation (un étirement trop important), d’un claquage ou d’une déchirure (rupture d’un groupe de fibres musculaires). Vont être principalement touchés : les ischio-jambiers (ces muscles que l’on trouve derrière la cuisse), les adducteurs (à l’intérieur de la cuisse) et les mollets. Allez-y tâtez-vous, c’est un article ludique.
Tout le monde situe tout ? On continue.
Vous ne le savez peut-être pas mais les muscles sont reliés à l’os grâce aux tendons. Ici, on ne juge pas, on l’a appris hier (oui, le programme de CM1 est loin). Il peut leur arriver de s’inflammer (et non de s’enflammer, un tendon ne s’immole pas) entraînant une tendinite. La plus connue est sans doute l’inflammation du tendon d’Achille, tendon qui se situe au-dessus de votre talon (même si vous ne vous appelez pas Achille). Mais le tendon rotulien (genou) et le tendon quadricipital (cuisse) peuvent également être touchés.
- 2. Les problèmes articulaires
Intéressons-nous maintenant aux articulations qui font la jonction entre deux os. Chez les footballeurs, le genou et la cheville sont particulièrement sujets aux problèmes (doigts et poignets chez les gardiens).
a) Les blessures ligamentaires
Les os sont connectés entre eux grâce aux ligaments à qui il peut aussi arriver des bricoles : entorse de gravité variable ou rupture partielle ou totale. Prenons l'exemple de l'articulation du genou, on va essayer de faire simple et imagé. Le fémur est relié au tibia et à la fibula (on ne parle plus de « péroné », c'est le corps médical qui l'a dit) par quatre ligaments : le ligament latéral externe (LLE), le ligament latéral interne (LLI), le ligament croisé antérieur (LCA) et le ligament croisé postérieur (LCP). Parfois, c'est le ligament latéral interne qui est touché. Parfois, c'est l'un des deux (ou les deux) croisés. Et quand il(s) pète(nt), on parle de rupture des ligaments croisés, le cauchemar de tout sportif (demandez à Costil ou Fékir).
Si la majorité des footballeurs passent par la case chirurgie et mettent en moyenne six mois avant de rechausser les crampons, d'irréductibles Gaulois comme Anthony Réveillère préfèrent faire sans. L'ancien Lyonnais, victime d'une rupture (mais pas totale) du ligament antéro-externe du genou gauche, a préféré opter pour du renforcement musculaire après sa blessure et a continué à jouer sept ans sans problème.
b) Les problèmes meniscaux (spécifiques aux genoux)
Le ménisque est un petit cartilage situé entre le fémur et le tibia qui agit comme un petit coussin amortisseur. Chaque genou en contient deux, un ménisque interne et un externe, qui peuvent, comme le reste, être abîmés. Mardi soir face à la Russie, Jérémy Mathieu, fraîchement entré en jeu, s'est déchiré le ménisque interne. Dilemme pour le défenseur barcelonais qui va devoir choisir entre l'ablation du ménisque (retour plus rapide mais risque d'arthrose) ou la suture (récupération de trois mois alors que l'Euro se profile à l'horizon).
- 3. Les fractures
Les fractures concernent les os et uniquement les os. D’ailleurs, vous saurez qu’un os, ça peut saigner. C'est quand même dingue le corps humain. Le tibia, la fibula (ex « péroné » si vous suivez bien) et les 26 os du pied sont les plus exposés. Et quand on se fracture le tibia plus la fibula, on ne parle pas de fracture tibia-fibula comme on parlait de tibia-péroné mais de fracture de jambe. Parce que vous comme nous, quand on parle de jambe, on désigne le truc qui nous fait marcher, de la hanche jusqu'au pied. Sauf que non. La jambe, médicalement parlant, ce n'est que la partie entre le genou et la cheville. Pour parler de l'ensemble cuisse - jambe - pied, on utilisera le terme "membre inférieur". Mettons donc tous à jour notre vocabulaire.
- 4. Les blessures inflammatoires
La pubalgie est propre aux sportifs et principalement aux footballeurs. Il s'agit de l'inflammation de l'articulation qui unit les deux os du pubis : la symphyse pubienne. Elle peut se développer lorsqu'il y a un surmenage sportif entraînant des microtraumatismes répétés. Pour plus de renseignements, écrivez à Marco Verratti (ou surfez sur le web).
Voilà pour les principales blessures qui peuvent écarter les footballeurs des terrains pendant un court (ou long) moment. Si, souvent, elles surviennent sur la pelouse, d'autres, tout de suite moins glorieuses, peuvent arriver dans la vie de tous les jours. Attention, florilège de Pierre Richard.
Top 9 des blessures les plus stupides
9 - Appelé par Jacques Santini pour disputer l'Euro 2004, Steve Marlet arbore avec fierté le saint-Graal, l'accréditation qui lui donne accès au terrain d'entraînement. Sauf qu'à trop tirer sur l'élastique, il finit par se mettre le plastique dans l'oeil : déchirure de la cornée et un Euro avorté.
8 - Le portier Espagnol Santiago Canizares tente d’amortir avec son pied la chute de son flacon de parfum. Contrôle et but ? Non, flacon qui se brise et tendon sectionné, adios la Coupe du monde 2002.
7 - Le rêve de tout footballeur ? Conduire une Ferrari. Alan Wright, pourtant ravi de son acquisition, est obligé de changer de voiture suite à des douleurs au genou. La cause ? L'ancien joueur d'Aston Villa est trop petit pour atteindre convenablement les pédales (vous saurez qu’en dessous d’1,63m, mieux vaut conduire une Clio).
6 - En février 2012, Ever Banega se fracture la jambe (tibia et fibula, donc) et est out six mois. Taclé par un boucher ? Juste écrasé par sa propre voiture. Le milieu argentin faisait le plein en ayant oublié de mettre le frein à main.
5 - Blessé par une étagère qu'il essayait de confectionner dans son garage, Grégory Coupet, piètre bricoleur, doit déclarer forfait avant un OL-ASSE en octobre 2006. L'histoire ne dit pas si, aujourd'hui, il consomme suédois.
4 - Un an plus tard, l'ancien gardien lyonnais a arrêté le bricolage mais il se prend les pieds dans son filet à l’entraînement. Résultat, rupture du ligament latéral interne du genou gauche et quatre mois d'indisponibilité.
3 - Dans la famille « J’aurais plutôt dû opter pour un poisson rouge », on demande les Français Julien Escudé et Yoann Gourcuff. Escudé s'est blessé en trébuchant sur son chien, Gourcuff, lui, en le promenant (son chien, hein, pas Julien).
2 - Philippe Mexès, loin d’être nature comme un yaourt dans la forêt, est hospitalisé en novembre 2013 pour une inflammation de l’œil après avoir abusé des UV. La coquetterie, ce fléau.
1 - Parce qu'un footballeur, ça aime aussi se servir de ses méninges, Lionel Letizi aime jouer au Scrabble. Mais le gardien niçois a oublié l'échauffement : dos bloqué en ramassant une lettre.
L’équipe-type de l’infirmerie
Yohann Pelé – Holger Badstuber, Dejan Lovren, Nemanja Vidic, Thomas Vermaelen – Clément Grenier, Yoann Gourcuff, Abou Diaby (cap.) – Arjen Robben, Djibril Cissé, Franck Ribéry
Avec, dans la salle d’attente : Stephan El Shaarawy, Alexandre Pato et Théo Walcott.