- Liga BBVA
- Florian Poras
Une domination catalane
Le Barça entame ce 231e Clasico avec un seul et unique but : battre son rival de toujours afin de le distancer définitivement dans la course au titre et d’honorer la mémoire de sa légende Johan Cruyff, devenu éternel il y a dix jours. Pour le Real, l’objectif affiché est clair : s’imposer au Camp Nou pour reprendre espoir dans la course au titre. Dans un premier acte haché et marqué par les fautes (vingt au total, dont quatre sanctionnées par un carton jaune), les Catalans ont dans l’ensemble dominé leur sujet sans pour autant réussir à le faire céder. Parfois, 70% de possession ne suffisent pas à marquer. Le Barça a manqué de réalisme, comme en atteste l’énorme manqué de Suarez à la 10e minute de jeu : servi par Neymar, seul face au but, l’Uruguayen ne parvient pas à contrôler et sa tentative de reprise passe nettement à côté des cages de Keylor Navas. Le Camp Nou y avait cru. Un quart d’heure plus tard, les travées du stade ont de nouveau tremblé, mais Navas s’est distingué en se détendant bien pour empêcher Rakitic de marquer d’une frappe à ras de terre. Encore, cinq minutes plus tard, tout le Camp Nou se lève d'un seul homme lorsque Messi, fauché par Ramos, s'écroule à l’entrée de la surface. L'arbitre ne bronche pas, les images le font mentir : le Barça aurait dû bénéficier d'un penalty. Les Catalans font plier la défense du Real, qui ne rompt pas pour autant : à nouveau, à la 42e minute, Neymar centre de la gauche de la surface de réparation. Personne n'est à la réception mais Alves déboule à toute vitesse et frappe. Son boulet de canon passe de peu au-dessus des cages. Nettement supérieur à son adversaire dans tous les aspects du jeu, le Barça affiche une vraie maîtrise, mais n'est pas loin de déchanter peu avant le retour des vestiaires : servi par Bale au point de penalty, Karim Benzema manque complément sa reprise de volée, n'étant pas loin de surprendre un Barça dominateur de la tête et des épaules lors des quarante-cinq premières minutes.
Benzema puis Ronaldo mettent à terre le Barça
La seconde période reprend sur les mêmes bases que la première : un Barça conquérant face à un Real Madrid en repli défensif. Messi d'abord, pique un ballon de l'entrée de la surface. Navas doit réaliser une parade extraordinaire pour repousser la frappe du quintuple Ballon d’or (55e). Dans un temps-fort après cette grosse occasion, le Barça pousse et parvient enfin à trouver la faille : sur un corner de Rakitic, Piqué saute plus haut que tout le monde et claque une tête imparable (57e), permettant au Barça de prendre provisoirement treize points d’avance au classement sur son adversaire du jour. Mais le Real a de l'orgueil et ne tarde pas à réagir : cinq minutes plus tard, Marcelo sert Kroos à droite de la surface. Le centre dans l'axe du milieu allemand est dévié et profite à Benzema qui égalise d'un merveilleux ciseau acrobatique (62e). La rencontre est totalement relancée et les Madrilènes ont compris qu’ils ont une carte à jouer : Benzema, encore lui, sert Bale à l'entrée de la surface (68e). La frappe qui suit du Gallois est trop écrasée pour inquiéter Claudio Bravo. Pour la première fois depuis le début de la rencontre, le Barça cède du terrain au Real et sa supériorité est moins flagrante. La Maison Blanche en a conscience : les Catalans ne sont pas intouchables. Cristiano Ronaldo centre pour Bale, qui croit donner l'avantage aux siens en envoyant une tête puissante au fond des filets. Son but est refusé pour un hors-jeu... inexistant. Le Barça, qui sans cette erreur d’arbitrage serait mené au score, vacille et est mis en danger : à peine deux minutes après, Ronaldo enroule une frappe de l’angle de la surface qui vient taper le haut de la barre de Bravo. Il y a de la tension dans l'air... Ramos est expulsé pour un deuxième jaune sur une grosse faute sur Suarez. Malgré cette exclusion, le Real continue à être offensif et joue clairement le tout pour le tout. Et ça paye. Malheureux avec son tir sur la transversale, Ronaldo, servi par Bale, contrôle de la poitrine puis envoie le ballon à bout portant dans les cages de Bravo. Alors qu'ils étaient en infériorité numérique, le hold-up des Merengue est parfait. Malgré un dernier temps-fort dans la surface madrilène, on en restera là. Souvent dominé dans le jeu, en particulier durant toute la première heure, le Real a su réagir avec brio pour s'imposer et créer la surprise au Camp Nou, mettant fin à une série de 39 matches sans défaite à domicile pour le Barça, qui ne s’est pas vraiment rassuré à trois jours du choc qui l’attend face à l’Atlético Madrid en quarts de finale aller de la Ligue des Champions. L'ogre catalan est tombé : Zinédine Zidane a réussi son pari.