Plutôt qu’à 24, et si on jouait l’Euro à 32 ?

Plutôt qu’à 24, et si on jouait l’Euro à 32 ?
L’Euro à 32 n’est pas aussi farfelu qu’un Euro à 24

Pour la première fois de son histoire, le Championnat d’Europe des nations se jouera à 24 équipes, record absolu. Un système qui complexifie le format de la compétition et qui laisse à se demander si l’UEFA n’aurait pas mieux fait de passer à 32 qualifiés comme lors d’un Mondial. Explications.

Cet été, vous allez devoir faire des calculs, beaucoup de calculs. Vous étiez nul en maths à l’école ? C’est con pour vous. Dans une compétition élargie à 24 participants qui s'articulera autour de l’ankylosant principe des meilleurs troisièmes, il faudra sortir les calculettes. Eh oui, l’Euro 2016 ne vous invitera pas seulement à vous prendre pour un ressors sur votre canapé, non, il fera aussi tourner vos méninges à chaque fois que le tableau d’affichage évoluera. Et si l’on peut louer l’aspect ludique et didactique de la chose, on n’est pas franchement sûr que le format choisi soit véritablement positif pour la compétition.

Un merdier terrible

Avant toute chose, réexpliquons le principe. L’Euro 2016 se jouera entre 24 nations qualifiées réparties en six groupes de quatre équipes. Comme lors des derniers Euros, les deux premiers de chaque groupe se qualifient pour le tour suivant, cette fois-ci des huitièmes de finale et non pas des quarts. 2 qualifiés X 6 groupes = 12 rescapés. Pour atteindre 16 formations pour les huitièmes, vous l’aurez compris, il faut en repêcher 4. Ainsi, dès lors qu’en cours de compétition, une formation figurera en troisième position de son groupe, elle sera projetée dans un autre classement regroupant tous les troisièmes de chaque poule, les classant alors selon leur nombre de points puis selon leur différence de buts et leur nombre de pions inscrits en cas d’égalité. Complexe ? Oui puisque ce classement pourra être chamboulé par chaque but inscrit dans n’importe quelle rencontre. Le destin des qualifiés ne sera ainsi figé qu’au coup de sifflet final du dernier match de poules. Pour le suspense, c’est bien. Pour la lecture des tableaux, c’est une autre histoire.

La dernière compétition qui se soit jouée avec un tel format était la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis. Rapidement abandonné par la FIFA pour le concept bien ficelé à 32 en place depuis France 98, il fera son retour sur les terrains français en juin et on regrette que l’UEFA n’ait pas eu le cran de faire passer son nombre de participants de 16 à 32 directement. La compétition européenne, événement sportif le plus suivi sur la planète après la Coupe du monde, se serait alors rapprochée de sa rivale en terme de poids en épousant sa structure mais aussi la simplicité de son format où deux qualifiés par groupe sortent des poules pour rallier des huitièmes de finale où les premiers croisent le fer avec les deuxièmes. A l’Euro 2016, des vainqueurs de groupe joueront des deuxièmes ou des troisièmes, des deuxièmes d’autre deuxièmes ou des troisièmes... Une complexité digne de la ligne narrative d’un film de Christopher Nolan.

Pourquoi ne pas jouer à 32 ?

Alors, nous, on le martèle : jouer l’Euro à 24 est bien moins avantageux que jouer l’Euro à 32. L’un des points négatifs avancés par les détracteurs d’un Euro élargi était le manque d’intérêt dont allaient souffrir les phases éliminatoires. Sur ce point, ils n’ont pas eu tort même si la perdition du Danemark et de la Grèce et surtout la tragédie néerlandaise ont offert leur lot de péripéties. Pas sûr néanmoins que l’UEFA y trouve son compte à ne pas compter ces trois anciens vainqueurs dans son casting 2016. En fait, quitte à flinguer les éliminatoires, autant les flinguer pour de bon. Et offrir 32 strapontins pour le championnat d’Europe.

Qu’est-ce qu’on aurait à gagner en envoyant en phase finale 32 des 53 associations de l’UEFA ? Déjà, on s’éviterait définitivement le cataclysme de voir des grandes pointures quitter le navire avant le hissage des voiles. Reconnaissez qu’en Mondial comme en Euro, ce qu’on veut avant tout, c’est que les grosses nations soient présentes. Là, on serait normalement serein. Et on n’empêcherait pas des petites nations surprises de la cuvée 2016 type Albanie, Islande ou Irlande du Nord de faire surface. Histoire de vous démontrer notre bonne foi, nous avons ajouté deux groupes virtuels à cet Euro 2016 en y invitant de « bonnes » équipes restées sur le carreau.

Groupe A : France, Roumanie, Albanie, Suisse

Groupe B : Angleterre, Russie, Pays de Galles, Slovaquie

Groupe C : Allemagne, Ukraine, Pologne, Irlande du Nord

Groupe D : Espagne, République Tchèque, Turquie, Croatie

Groupe E : Belgique, Italie, Irlande, Suède

Groupe F : Portugal, Islande, Autriche, Hongrie

Groupe G : Pays-Bas, Norvège, Grèce, Serbie

Groupe H : Bosnie, Danemark, Slovénie, Ecosse

Franchement ? Ils ont pas de la gueule nos deux groupes ? Un petit Pays-Bas / Serbie au stade de Nice ou un bouillant Bosnie / Ecosse au stade Bollaert n’auraient-ils pas une allure acceptable comparés à un Islande / Autriche ou un Albanie / Roumanie ? Soyons honnêtes ! Le système proposé, basé sur celui du Mondial, éviterait tous les calculs complexes liés à la course pour être meilleur troisième. Il rendrait à la phase de poules sa fonction liée au brassage des nations en écartant d’emblée la moitié des postulants et offrirait des duels plus équitables entre premiers et deuxièmes de groupe lors du second tour.

Dans un format à 32, pour se sortir de la critique liée aux qualifs et rendre les éliminatoires passionnants, pourquoi ne pas les lier alors au tirage au sort de la phase finale ? Chaque équipe en tête de son groupe éliminatoire se retrouverait dans le chapeau des têtes de série, s’offrant au passage la quasi-assurance d’une phase de groupes abordable. Une équipe des Pays-Bas, indigente en éliminatoires de l’Euro 2016, se serait ainsi vue repêchée mais soumise à la dure loi d’une éventuelle poule ultra-complexe. Logique mais sécurisant. Et en terme de calendrier, une Coupe du monde rentre parfaitement dans un calendrier d'un mois. Par ailleurs, des stades modestes comme ceux de Toulouse, Nice ou Lens se verraient offrir une affiche supplémentaire (au moins). Pour des écrins qui ont coûté un bras, ce ne serait pas une mauvaise affaire que de s'offrir un rendez-vous populaire supplémentaire. Après tout, deux groupes en plus n’ajoutent que 12 matchs de plus au programme. Pas la mer à boire. Mais l’UEFA, dans son désir d’expansion, a sacrifié la simplicité pour limiter sa révolution. Au moins, les calculs imposés pendant l'Euro 2016 vous feront office de cahier de vacances.

Rassurez-vous, Euro-2016-France.net vous fera un point constant et en temps réel sur la course des meilleurs troisièmes.

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