Alban Lafont, toujours plus vite

Alban Lafont, toujours plus vite
Alban Lafont au Stade Vélodrome, ici face à Steven Fletcher / DR

C'est les vacances scolaires du côté de Toulouse. Cet après-midi, le TFC va recevoir l'OL et beaucoup d'adolescents seront dans les tribunes pour soutenir la bande à Dupraz dans son opération maintien. Mais s'il y a bien un minot dans la Ville Rose pour qui ce match ne sera pas juste regardé depuis les travées du Stadium ou devant sa télé, c'est bien Alban Lafont. Car lui, du haut de ses 17 ans, sera sur le pré et affrontera Alexandre Lacazette et consort sans pression, comme à son habitude.

Une première remarquée et remarquable

Nous sommes le 28 novembre 2015, le Téfécé, au plus mal, reçoit un OGC Nice en bourre et pis, les gardiens Mauro Goicoechea et Ali Ahamada font plus peur à leurs coéquipiers qu'aux adversaires. L'heure d'Alban Lafont a alors sonné. Face aux Niçois, l'adolescent réalise le match parfait, sortant dès la 7ème une claquette impressionnante face à un Jérémy Pied médusé avant de remporter par deux fois ses duels face à Hatem Ben Arfa puis Valère Germain. Médusés, les attaquants se sont d'ailleurs pas les seuls. En effet, ce soir-là, c'est toute la Ligue 1 qui découvre ce jeune homme de 16 ans et 10 mois et qui vient de devenir le plus jeune gardien titulaire de l'histoire du football professionnel français. Les supporters des Violets eux-mêmes sont très peu à avoir entendu parler de ce portier qui n'était au début de la saison que le 5e gardien dans la hiérarchie de Dominique Arribagé. « Ce n’était pas prévu, il n’était pas programmé pour débuter chez les pros aussi rapidement », raconte Teddy Richert le responsable de la formation des gardiens au TFC à nos confrères de Football365. Mais les performances des titulaires naturels sont telles que le coach toulousain décide de titulariser ce gamin au parcours si atypique.

D'attaquant à gardien

Né à Ouagadougou au Burkina-Faso, le 23 janvier 1999, d'un père français et d'une mère Burkinabaise, le jeune Alban est dès sa naissance plongé dans le bain du sport professionnel grâce à une famille de sportifs confirmés. Sa tante a été vice-championne d'Afrique d'heptathlon, sa mère (aujourd'hui députée du Burkina-Faso) a joué de longues années avec l'équipe nationale de handball tandis que son père pouvait se targuer d'un excellent niveau au tennis. Tout de suite pris de passion pour le football, le minot voit ses parents divorcer en 2008 alors qu'il n'a que neuf ans et il doit alors suivre son père qui part s'installer dans le sud de la France. Jouant alors attaquant, Alban Lafont prend une licence à l'AS Lattoise dans la banlieue de Montpellier avant de se repositionner dans les buts. Repéré par le Pôle espoir de Castelmaurou en 2014, le Franco-burkinabais y signe un premier contrat avant d'être recruté par le Toulouse Football Club la saison suivante. Le longiligne gardien tape même dans l'œil de Bernard Diomède, le sélectionneur des U17 de l'Équipe de France U17 qui dira pour RTL: « C'est un garçon équilibré qui dégage surtout une grande sérénité, une force tranquille. Il est sérieux, travailleur, compétiteur et assez introverti, mais, sur un terrain, il est sûr de lui et il se lâche. À cet âge, c'est exceptionnel ». Jeune international et lycéen en première STMG au lycée Bellevue de Toulouse, le n°40 des Violets signe en octobre 2015 son tout premier contrat professionnel avant de jouer trois semaines plus tard son premier match avec le groupe pro, en amical face aux Espagnols d'Eibar.

La Ligue 1 et un record de précocité

Malgré la défaite et trois buts encaissés (3-1), le gamin brille et reçoit les compliments de son coach, Dominique Arribagé qui dira en conférence de presse : « Il va s’épaissir et s’étoffer à tous les niveaux, car à son âge, on ne peut pas être un produit fini. Il est très explosif et armé d’un jeu au pied plutôt bon. Sa panoplie est déjà bien complète ». La suite, on la connaît, une titularisation face à Nice pour sa première en L1 et toutes les caméras de télévision braquées sur lui. Une première qui d'ailleurs en fait momentanément oublier une autre, celle de Mickaël Landreau, le 2 octobre 1996 avec le FC Nantes alors qu'il n'a que 17 ans et 5 mois. En espérant la même carrière ? Même s'il est évidemment trop tôt pour l'affirmer, c'est tout ce que l'on peut souhaiter à ce gamin. La semaine suivante, ce minot d'1 mètre 93 (!) va jusqu'à sortir pas moins de huit parades face à l'ESTAC pour finir ce match une nouvelle fois sans encaisser de but et permettre à son équipe d'aligner une seconde victoire d'affilée (0-3).
Aujourd'hui, et avec 22 titularisations en Ligue 1, Alban Lafont ne compte pas lâcher sa place de numéro 1, lui qui est l'une des plus grosses révélations de l'année et surtout la probable seule satisfaction de cette saison bien terne du côté de la Ville Rose. Et tout à l'heure, ce sera bien lui, le gamin d'Ouagadougou, qui ira affronter le deuxième meilleur buteur de L1 et sa clique de stars pour tenter de hisser son club hors de la zone rouge à grand renfort de parades.

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