- Ligue des champions
- Antoine Corbelli
04 mai 2016. Il est 23h. Manchester City et son Kun Agüero viennent de se qualifier pour leur première finale européenne. Le Real Madrid a lâché au bout du temps additionnel. Match nul 1 partout. Les Citizens passent avec la règle du but à l’extérieur. Tous les Munichois se retournent vers leur coach avec un air amusé. Pep, lui, est horrifié à l’idée d’affronter sa prochaine équipe. « Il reste deux semaines de Premier League. Faites qu’ils soient déjà qualifiés pour l’année prochaine », se dit Guardiola.
Trois matchs: Southampton, Arsenal et Swansea. City se laisse aller et réalise trois incroyables faux pas. Arsenal récupère la troisième marche du podium. L’autre club de la ville, United, prend la 4ème place à son voisin. La pression et le stress ont pris le dessus. Mais alors que toute la partie Skyblue de Manchester ne prie que pour la victoire finale en Ligue des Champions, Munich est en liesse. Le Bayern vient de remporter son quatrième championnat consécutif. La fête est à l’honneur mais Guardiola est extrêmement pensif. Que faire ?
« Soit je gagne et je prouve que je ne suis pas que l’homme du Barca. Que mes méthodes marchent ailleurs. Soit je laisse gagner City et je ne jouerais pas l’Europa League », tel est le dilemme du coach espagnol. Le tacticien a deux semaines pour faire le choix. Il en discute même avec sa femme. Cette dernière lui conseille de ne pas se laisser abattre. De choisir la gagne et toujours la gagne.
28 mai 2016. Alors que le soleil couchant berce Milan et le stade Giuseppe Meazza, le trophée fait son apparition sur le socle. Les deux équipes entrent sur la pelouse. Le stade est en liesse. Manuel Pellegrini fait son entrée en premier, suivi par celui qui sera son successeur.
Les journalistes et leurs caméras sont braqués sur la poignée de main entre les deux entraîneurs. Souriants, le Chilien et l’Espagnol semblent plus concentrés par le match. Le coup d’envoi est donné. Que cela soit le club allemand ou anglais, il n’y a aucuns absents pour ce match de gala. La bataille fait rage. Le Bayern est en mode possession, City en contre-attaque.
Après une première période très acharnée au milieu, la seconde reprend de plus belle avec l’ouverture du score de Robert Lewandowski sur une offrande de Franck Ribéry. Guardiola célébre le but de façon réservé. Il sait que le match est loin d’être plié. Et sur une sortie hasardeuse en dehors de la surface de Manuel Neuer, Kevin de Bruyne égalise à 5 minutes du terme. Les deux équipes se jettent corps et âmes pour inscrire le but libérateur. Sur un contre favorable au milieu, Kingsley Coman, tout juste entré en jeu, s’élance. Fernandinho, Fernando et Gaël Clichy ne peuvent rien face à la vitesse du Français. Face-à-face avec Joe Hart mais l’ailier la joue malin, préfère assurer en servant Thomas Müller. L’Allemand se jette et inscrit le 2-1. Il fonce sur son entraîneur pour célébrer.
Coup de sifflet final. Que cela soit en tribune ou sur le terrain, tout un peuple bondit et hurle. La joie est démesurée. Pep a gagné son pari. Son égo est vainqueur dans l’histoire. L’honneur est sauf pour le clan Guardiola. Le technicien salut tous les joueurs adverses, en sachant qu’il les reverra bientôt.
Après des vacances bien méritées et un déménagement à Manchester, Pep arrive au camp d’entraînement des Citizens, avec toute la modestie qu’il se doit. Les supporters et les joueurs l’attendent. A sa surprise générale, il est applaudi et salué comme il se doit. Désormais, son nouveau chantier commence maintenant.