- Premier League
- Aurelien Renault
Leicester devra attendre et ne sera pas titré à Manchester. Old Trafford s’appelle en effet le Théâtre des Rêves, pas l’Antre des Songes qui deviennent réalité. Si les Foxes rêvaient bien évidemment très fort de se faire couronner rois d’Angleterre sur les terres mancuniennes, ils savaient évidemment que faire tomber les Red Devils chez eux ne serait pas une mince affaire malgré leur saison mitigée. Qu’à cela ne tienne, le match nul (1-1) obtenu chez Rooney and co rapproche fatalement un peu plus les leaders inattendus de la Premier League du premier titre de leur histoire. Jusqu’à l’exclusion très sévère de Danny Drinkwater à cinq minutes du terme, les Foxes ont même donné l’impression de pouvoir réussir l’exploit. Mais résignés, ils ont dû rendre les armes et se contenter d’un partage des points qui place l’espace de vingt-quatre heures leur destin entre les pieds de Tottenham. Si les Spurs ne s’imposent pas à Chelsea demain soir, Leicester sera champion. Si les Blues tombent à la maison, les coéquipiers de Ngolo Kanté pourront retenter leur chance contre d’autres Blues, ceux d’Everton, le week-end prochain.
La furia roja
Quand vous êtes une équipe d’irréductibles footballeurs à un succès du bonheur suprême, avoir les jambes qui flageolent à l’heure de pénétrer dans l’antre de Manchester United est un phénomène qui se veut assez compréhensible. En cela, les premières minutes de cette finale inattendue sont très largement à l’avantage des jeunes pousses de Louis van Gaal. La pression globale a raison de l’allant des Foxes qui se font littéralement bouffer par leurs opposants. A la huitième minute, Anthony Martial, que Claudio Ranieri avait lancé dans le bain professionnel lors de leur époque commune à Monaco, assène un coup terrible à son ex-entraineur. A la réception d’un superbe travail et d’un extérieur du droit parfait signé Valencia, l’international français reprend avec sang-froid de l’intérieur du pied au second poteau et offre le leadership à Manchester United (0-1, 8ème). Cette ouverture du score a pour mérite de rappeler au leader de la Premier League que la couronne n’est pas encore vissée sur son crâne. Comme à l’image de sa merveilleuse saison, le onze de Ranieri fait immédiatement preuve de caractère. Sur un coup-franc frappé par Drinkwater, le soldat Wes Morgan et son élasticité font la différence. Le défenseur devance Marcus Rashford et trompe David De Gea (1-1, 16ème).
Le coeur n'a pas suffi
70-30. C’est le rapport de force en terme de possession entre les deux équipes à la pause. Une stat’ qui illustre que l’égalisation de Leicester est bien payée dans une première période où Manchester aura été ô combien impressionnant de maitrise et où Jesse Lingard aurait pu profiter d’une erreur monumentale de Danny Simpson en partant seul défier Kasper Schmeichel mais en se faisant finalement reprendre. La seconde période, consécutive à un discours de Ranieri qui restera dans le secret des vestiaires mais qu’on imagine fort en émotions, place Leicester à quarante cinq minutes et un petit but de son rêve suprême. Délaissée la peur, les Foxes lâchent à présent les chevaux. Ulloa, Okazaki : chacun a son occasion de donner l’avantage aux visiteurs en début de second acte mais Manchester est dans un bon jour. Reste que face à l’enthousiasme de Leicester, les Red Devils ont nettement reculé et la pression intense subie par leurs hôtes lors du premier acte est maintenant sur leurs épaules. Sur un contre éclair à vingt minutes du terme, Riyad Mahrez illustre ce changement de cap en martyrisant l’arrière-garde mancunienne mais envoie sa lourde frappe droit sur De Gea. Dix minutes plus tard, c’est une tête de Chris Smalling resté aux avant-postes qui inquiète les 3000 fans de Leicester terrés dans un parcage visiteur en folie. La fin de match, marquée par l’expulsion de Drinkwater, voit les locaux insister mais se heurter au courageux Schmeichel. L’incroyable histoire des Renards va donc continuer. Pour au moins 24 heures.