- Histoire
- Thomas Maitre
En 1964, l’Espagne remportait l’Euro chez elle, à Madrid. Lors du tournoi préliminaire, de nombreuses surprises avaient eu lieu avec notamment le Luxembourg qui s’était hissé jusqu’en quart de finale. L’Angleterre et l’Italie n’avait pas dépassé le stade des huitièmes de finale. En raison du nombre croissant de pays participants à la campagne qualificative et pour limiter les surprises, l’UEFA adopte une nouvelle formule. On met en place un tour préliminaire sous forme de poules qualificatives. Les 31 équipes participantes sont réparties en 7 poules de 4 équipes + 1 poule de 3. Les 8 vainqueurs de chaque poule s’affrontent en quart de finale (match aller-retour), puis les 4 équipes qualifiées participent à la phase finale de l’Euro qui sera organisée par l’un de ces pays. Cette année, c’est l’Italie qui sera désignée et devra affronter l’Union Soviétique pendant que l’Angleterre se mesurera à la Yougoslavie. La finale aura lieu à Rome.
La première satisfaction de cette édition est de constater qu’aucun souci majeur d’ordre politique n’est venu perturber le tour préliminaire. Toutes les grandes nations du football sont inscrites, y compris la République Fédérale Allemande, réfractaire à l’Europe par le passé. Ces rencontres de qualification rencontrent un franc succès et l’une d’elle restera dans les annales. La poule 8 a été rebaptisée par certains le championnat du Royaume-Uni puisqu’elle est composée de l’Angleterre, de l’Ecosse, du Pays de Galles et de l’Irlande du Nord. Le match entre l’Ecosse et l’Angleterre à Hampden Park (1-1) se jouera devant 130 711 spectateurs, un record d’affluence.
La nouvelle formule de qualification permet donc aux favoris de s’illustrer à l’image de l’Angleterre justement, qui sortira vainqueur de cette fameuse poule 8 et ira battre l’Espagne, tenante du titre, en quart de finale (1-0 ; 2-1). Malgré tout, certains cadors passeront à la trappe. C’est le cas de la RFA et du Portugal d’Eusebio. La France sera une nouvelle fois stopper en quart de Finale par la redoutable Yougoslavie (1-1 ; 1-5).
L’Italie de Dino Zoff accueille l’Union Soviétique dans la première demi-finale à Rome le 5 juin 1968. Les deux équipes font jeu égal et n’arrivent pas à se départager. Au bout du temps réglementaire et des prolongations, le score n’a pas évolué, 0-0. A l’époque, il n’y a pas de séance de tir au but prévue. Les capitaines des deux équipes se voient donc invités dans le vestiaire de l’arbitre, le sort de ce match se jouera à…pile ou face. Dans ce contexte, rien de surprenant à ce que cette scène engendre plusieurs versions plus ou moins flou. Certains diront que la pièce de monnaie utilisée ce jour-là avait deux faces identiques, d’autres affirmeront que le premier lancé a été annulé par l’arbitre car la pièce avait terminé sa course dans une fissure du sol… Bref, on voyait mal le capitaine de l’Union Soviétique revenir sur la pelouse du stade San Paolo de Naples en vainqueur.
C’est donc bien l’Italie qui ira en finale défier la Yougolavie, victorieuse de l’Angleterre dans l’autre demi-finale à Florence (1-0). Le déroulement de ce match sera là encore assez incroyable. Les Yougoslaves entament bien la partie et marque à la 39ème minute par Djazic. Les Italiens sont largement dominés et font preuve de beaucoup de réussite pour ne pas encaisser de deuxième but. Ils parviendront même à égaliser en fin de match grâce à Domenghini (80ème). Après la prolongation, les deux équipes en restent là, 1-1. Mais cette fois, pas de pile ou face, le match sera à rejouer. L’Italie parviendra à venir à bout de son adversaire deux jours plus tard avec deux buts de Riva et Anastasi, victoire 2-0.
Loin des polémiques liées aux caprices de Franco ou aux appartenances politiques de certaines nations, l’Euro 1968 aura été marqué par une controverse d’ordre technique cette fois. La qualification pour la finale de la Squadra Azzura à pile ou face n’aura pas manqué d’alimenter les suspicions. Malgré tout, cette troisième édition restera tout de même une franche réussite en ce qui concerne le tour préliminaire organisé en match de poule. Cette formule est d’ailleurs toujours d’actualité.