- UEFA
- Thomas Maitre
« L’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage… ». Cette citation du film « La haine » est bien de circonstance pour Michel Platini. L’atterrissage a eu lieu hier. Pourtant, rien ne semblait pouvoir résister au président de l’UEFA dans le passé. Lui que certains surnommaient « l’incorruptible » était promis à un avenir radieux et bénéficiait d’une popularité énorme. En Mars 2015, il était réélu pour un troisième mandat à la tête de l’UEFA. La succession de son meilleur ennemi Sepp Blatter à la présidence de la FIFA lui semblait promise. Il annonce d’ailleurs sa candidature le 29 juillet 2015. C’est à partir de cette annonce que l’avenir de Michel Platini va quelque peu s’assombrir.
La vengeance de Blatter
Une succession de révélations vont alors surgir comme par magie, tout aussi compromettantes les unes que les autres. On apprend tout d’abord que Platini était un fervent défenseur de la candidature des Etats-Unis pour la coupe du monde 2022 avant de se rétracter brusquement. Il s’était ensuite tourné vers le Qatar après un obscur déjeuner en compagnie de certains militants de cette candidature et Nicolas Sarkozy, le président de la république de l’époque et grand artisan de l’entrée du Qatar dans le paysage du football Français. Beaucoup de journalistes évoqueront également quelques « cadeaux » de toutes sortes de la part des dirigeants Qataris envers Michel Platini (montre, etc…). Plus tard, on apprendra que le fils de Platini était embauché chez QSI (Qatar Sport Investissement) sans avoir de précisions sur les dates. Bien que ces révélations ne soient pas forcément en mesure d’inquiéter le président de l’UEFA qui balaye ces informations d’un revers de main, celle du 25 septembre 2015 lui sera fatale. On apprend que Platini aurait reçu environ 2 millions d’Euros de la part de la FIFA (Blatter) en 2011 pour solder une créance vieille de neuf ans. Une poignée de main en guise de signature entre les deux hommes et une somme qui n’apparaît pas sur les comptes de la FIFA, la défense de Platini s’annonce compliquée. Le 8 octobre 2015, les deux hommes sont suspendus provisoirement 90 jours par le comité d’éthique de la FIFA et le 24 Novembre 2015, la commission d’enquête va plus loin en demandant une radiation à vie. Rien ne semble pouvoir inverser la tendance pour Platini qui refuse de venir s’expliquer devant la justice interne de la FIFA le 18 décembre 2015, se considérant déjà condamné. Le 21 décembre 2015, il est suspendu pour 8 ans de toute activité liée au football. Il décide de faire appel de cette sanction et semble décidé à se défendre par tous les moyens. Il dénonce un complot orchestré par Blatter qui chercherait à lui faire payer ses prises de positions. En effet, l’ex président de la FIFA, fraichement réélu, avait démissionné de son poste au mois de juin en raison des accusations de détournements d’argents le concernant. Poursuivi par la justice, il avait jeté l’éponge et Platini, qui visait sa place, s’était publiquement dressé contre le Suisse en réclamant son départ quelques jours auparavant. Une trahison pour Blatter qui avait été le mentor de Platini dans le passé.
Ces explications ne suffisent pas a innocenté le président de l’UEFA (il est suspendu mais reste président de l’UEFA tant que l’affaire est en cours) qui voit sa suspension réduite à 6 ans par la commission de recours de la FIFA le 24 Février 2016. Un premier coup dur pour Platini qui réclame l’annulation de sa suspension. Il décide de porter l’affaire devant le tribunal arbitral du sport. L’Euro 2016 en France arrivant à grand pas, le président cherche à conserver son fauteuil mais la FIFA semble décidée à ne pas perdre de temps et va même jusqu’à perquisitionner le siège de la Fédération Française de Football le 9 Mars 2016. Un désaveu de plus dans cette affaire qui s’est donc terminée hier, le 9 Mai 2016, avec une réduction de peine de 6 à 4 ans par le TAS (Tribunal Arbitral du Sport).
Fin de carrière ?
Michel Platini regardera donc l’Euro depuis son canapé et a démissionné de son poste de président de l’UEFA. Sa carrière de dirigeant politique dans le football semble désormais bien compromise. Son ultime but est de prouver son innocence devant la justice. Sepp Blatter, lui est bien discret ces dernières semaines. Si le Suisse avait décidé de ne pas tomber seul, on peut dire que c’est réussi.