Newcastle : la décadence

Newcastle : la décadence
Moussa Sissoko, milieu de terrain à Newcastle United (Icon Sport)

Ce soir, une victoire de Sunderland face à Everton suffirait à envoyer Newcastle United en Championship. Ironie du sort que de voir le destin des Magpies dépendre de celui de son ennemi juré. Comment l’un des clubs phares des années 90 a pu se retrouver dans une telle situation ? Retour sur le parcours du club depuis l’arrivée de Mike Ashley, le messie devenu paria.

Malgré la venue de Rafael Benitez au mois de mars (en remplacement de Steve McClaren), le Newcastle United FC est toujours en bien mauvaise posture et à moins d’un miracle, devrait rejoindre l’échelon inférieur l’année prochaine après une saison ratée. Avec un budget pourtant conséquent et un gros effort au rayon transfert cet hiver (Townsend pour 15 millions d’euros, Shelvey pour 16, Saivet pour 6 et Doumbia en prêt), les résultats du club ne se sont pas améliorés. Ce changement d’entraîneur est-il arrivé trop tard ? Benitez était-il l’homme de la situation ? Beaucoup s’interrogent légitimement quant à la gestion du club. Ces interrogations ne datent d’ailleurs pas d’hier.

En effet, le club vacille depuis déjà quelques années. Mike Ashley en est devenu le propriétaire en juin 2007. Ce milliardaire est un personnage qui sort de l’ordinaire. Dès son arrivée, il détonne en regardant les matchs en compagnie des supporters et en buvant des litres de bières avec eux. Cette proximité plaît beaucoup et rend Ashley très populaire. En 2008, il remplace Sam Allardyce par Kevin Keegan au poste de manager général. Keegan, légende vivante du club, avait déjà entraîné le club dans le passé. Au milieu des années 90, Newcastle United luttait régulièrement pour le titre avec le grand Manchester United de Ferguson. Ce choix de faire revenir Keegan enchante les fans, d’autant que le club réalise un parcours honorable en championnat avec une 12ème place synonyme de maintien. Seulement, en interne, le manager général n’est pas en très bons termes avec son président et surtout avec D. Wise, le responsable du recrutement. Mécontent de la situation, Keegan démissionne 6 mois après son arrivée, le 4 septembre 2008. Un premier coup dur pour Ashley qui subit alors les contestations des fans. Echaudé par la situation, Ashley décide tout simplement de mettre en vente le club une semaine après le départ de Keegan. Cette annonce, qui dans un premier temps n’est pas prise au sérieux, fait l’effet d’une bombe. Pour prouver sa détermination, Ashley prend contact avec différents éventuels repreneurs, dont certains font beaucoup parler (on évoque le demi-frère de Ben Laden). Finalement, le 28 décembre 2008, le propriétaire annonce que le club n’est plus à vendre.

En 2009, Joe Kinnear est le manager du club. Pour des raisons de santé (problèmes cardiaques), il doit laisser sa place. Ashley décide une nouvelle fois de faire appel à une ancienne légende, Alan Shearer. Bien qu’adulé et respecté par les fans pour son parcours de joueur, la saison du club tourne au vinaigre. Newcastle sera relégué en fin de saison, un séisme dans le nord de l’Angleterre. Cependant, les supporters restent mobilisés derrière leur équipe. Shearer est inattaquable. Suite à cette relégation, Ashley remettra le club en vente et fera plusieurs fois son mea culpa. Il déclare avoir racheté le club par amour mais constate qu’il n’a pas forcément les qualités requises pour diriger le club. Faute de repreneur sérieux, il reste en place.

Le club remonte en Premier League dès l’année suivante sous la houlette de Chris Hughton. Après avoir maintenu le club dans l’élite, Hughton est tout de même remplacé par Alan Pardew qui réalise un super début de saison 2011-2012. Toujours propriétaire du club, Ashley s’emballe et souhaiterait engagé Pardew… à vie. Le manager décline et le club finit la saison 5ème. Content de ses recrues françaises (Cabaye, Debuchy, Ben Arfa avant sa blessure), Pardew continue son marché en Ligue 1 et on parle de French Connection dans le nord de l’Angleterre. Mais les futures recrues ne donneront pas satisfaction. Hormis Sissoko, les recrutements successifs de Gouffran, Yanga Mbiwa, Haidara, Rivière pour ne citer qu’eux n’ont pas l’effet escompté. Pour certains, l’aventure tourne même au fiasco et les résultats de Newcastle s’en ressentent. 16ème puis 15ème, Alan Pardew va finalement quitter le club. Ashley annonce alors qu’il ne quittera pas le club sans avoir gagné de trophée et engage Steve McClaren en ce début d’année 2015 pour mener à bien ce projet. Relégable début mars malgré de gros investissements financiers, McClaren est débarqué et Ashley appelle donc Benitez à la rescousse pour une mission maintien délicate mais loin d’être impossible. Le club est alors 19ème à un point du premier non relégable le 12 Mars. Avec des choix surprenants (Wijnaldum souvent remplaçant tout comme Shelvey et Saivet, deux recrues hivernales), le coach espagnol n’a pas réussi à redresser la situation. Une victoire de Sunderland ce soir et la descente sera officielle.

Qu’il est triste de constater que certains joueurs préfèrent s’occuper plus de leur contrat plutôt que de l’avenir d’un club mythique comme Newcastle. Qu’il sera triste de voir un si beau stade et un si beau public quitter la Premier League. La responsabilité du fantasque Mike Ashley est engagée dans la chute du club, c'est certain, mais il est loin d’être le seul responsable.

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