- Ligue 1
- Aurelien Renault
La première mi-temps de Toulouse à Angers, c’est un peu comme la conquête de Winterfell par Stannis Baratheon dans Game of Thrones. Ca fanfaronne, ça met toutes les chances de son côté mais au final ça se prend les pieds dans le tapis. Entre les déserteurs Wissam Ben Yedder et Adrien Régattin qui ne respectent pas le plan de bataille et le traitre de Martin Braithwaite qui expédie une « Sergio Ramos » au-dessus de la barre sur penalty alors qu’il a l’occasion d’égaliser, les hommes de Dupraz déjouent. Vifs dans un premier temps, ils se font rapidement bouger par la puissance physique angevine et se font malmener par Billy Ketkéophomphone. L’ancien Tourangeau est même à la conclusion d’un mouvement un peu étrange de la part des siens. Profitant de défenseurs toulousains patauds, le joueur aux origines laotiennes fusille Alban Lafont et poignarde tout un peuple. Angers mène 1-0 et ne lâche pas son avance jusqu’à la pause. C’est la catastrophe pour les Violets.
Car dans le même temps, alors que le Gazélec affiche toutes ses limites à Lorient en concédant l’ouverture du score par Benjamin Moukandjo, Reims fait le travail devant son public. Battus à Marseille la semaine passée (1-0), les Champenois mettent les bouchées doubles. Leur adversaire lyonnais a atteint ses objectifs de Ligue des champions en étrillant Monaco la semaine passée (6-1) et joue à Delaune les doigts de pieds en éventails. Diego Rigonato, qui rêve qu’on le surnomme prochainement le Toulougicide, fait le travail. Il sert d’abord le mort de faim Aïssa Mandi qui crucifie Anthony Lopes au quart d’heure de jeu. S’en suit ensuite un excellent travail de la part de Gaëtan Charbonnier qui envoie le latéral brésilien au charbon. Diego contrôle, Diego prend son temps au milieu d’une défense lyonnaise aux abonnés absents et Diego trompe Lopes pour le 2-0. Voilà le peuple rémois libre dans sa tête et à la mi-temps, l’exceptionnalité champenoise, combinée à l’impuissance ajaccienne et à l’effet Braithwaite donne le Stade de Reims sauvé et le TFC et le Gaz’ en Ligue 2. Mais ce n’est évidemment que la mi-temps.
Et Toulouse renverse le monde !
Qui aura vu le multiplex de Ligue 2 hier soir saura que les clubs français ont une propension évidente à savoir lâcher les chevaux en fin de parcours et à offrir des finishs monumentaux. Coucou Le Havre. Les Rémois, plus chauds que les flammes de Ghost Rider, font couler Lyon et tuent le game dès le début du second acte. Atila Turan fait crisser les pneus et envoie une frappe monstrueuse des 35 mètres dans le filet de Lopes. Dans la foulée, la défense lyonnaise a la tête dans le guidon et concède un penalty que transforme Kyei. A 4-0, si vous êtes perdus, sachez que Reims a validé sa victoire, qu’importe la réduction du score de Maxwell Cornet. Des nouvelles du Gazélec à Lorient ? Aucune ? Rien ? Alors on file à Toulouse où secoués par un Pascal qui a eu Dupraz sur la planche à la mi-temps, les Pitchounes égalisent grâce à l’inévitable Ben Yedder. A Delaune, De Préville tira la gueule en tribune. Alors pour faire péter le foliomètre général du championnat, le jeune Saïd Benrhama sorti du banc claque un superbe but improbable pour remettre Angers devant (2-1) et rend le sourire à Nico’ en tribune. Pas de respect pour les nerfs les Angevins. Ni pour les journalistes en charge de raconter le déroulement de la soirée.
Dans notre récit de cette soirée assez improbable, il reste désormais un peu moins de trente minutes. Avant que vous lisiez la suite, vous avez le choix entre trois scénarios pour le final de la lutte au maintien : 1) Toulouse renverse Angers, abat Reims en plein vol et se lance dans la fête la plus endiablée de son histoire. Ou bien 2) Reims maintient son avantage et ne voit pas ses adversaires se rebeller et s’en va célébrer un maintien improbable. Ou bien encore, dernière option à ne pas négliger, 3) le Gaz’ claque deux buts à Lorient en toute discrétion et envoie Violets et Champenois rejoindre Le Havre en Ligue 2. Et le screenplay vainqueur est...le numéro 1 ! La Ligue 1, moribonde toute la saison, a sorti le grand jeu pour son finish. En deux minutes, les Toulousains renversent tout et font s’écrouler le rêve rémois. Alors que Braithwaite remet Toulouse à hauteur - et prouve par la même occasion qu’il est capable de toucher un ballon - Yann Bodiger, 21 ans, sorti du banc, expédie un coup-franc splendide en pleine lucarne. 3-2 ! Raz-de-marée à Jean-Bouin, tremblement de terre à Delaune. Toulouse se maintient en Ligue 1, Reims, héroïque, fait une Havraise et file rejoindre les Normands en Ligue 2. Ils sont accompagnés par d’admirables joueurs du Gazélec Ajaccio et par Troyes. Pascal Dupraz, lui, va bientôt avoir sa statue devant le Stadium.
A l’année prochaine les Pitchounes !
Quelle soirée...