- Ligue Europa
- Aurelien Renault
Trois victoires de suite en C3, ce serait du jamais vu. Ce soir, au Parc Saint-Jacques de Bâle en Suisse, le FC Séville a l’occasion de marquer un petit peu plus l’histoire de la Ligue Europa en devenant le premier club à la rafler trois saisons de suite. Vainqueur de Benfica il y a deux ans aux tirs au but (0-0, 4 tab 2) puis plus « sereinement » du surprenant Dnipro Dniepropetrovsk la saison passée (3-2), le club andalou va cette fois-ci se frotter à l’une des équipes les plus prestigieuses et les plus titrées d’Europe. Liverpool, ce sera donc un Everest pour les partenaires de Kévin Gameiro et leur coach Unai Emery qui ont bien conscience de ne pas être les favoris cette fois-ci malgré leur statut de double tenant du titre. « Liverpool fait partie des dix meilleures équipes dans le monde, a ainsi déclaré l’entraineur espagnol au point presse d’avant-match. Ils ont une superbe histoire, ont remporté de nombreux trophées. C'est vrai que l'équipe a changé un peu avec ce nouveau coach et ils ont des joueurs magnifiques. » Reste que le technicien connaît la recette pour l’emporter dans ce genre de match puisqu’il était déjà sur le banc lors des deux dernières épopées victorieuses. Contre une équipe de Benfica qui jouait des coudes en 2014, l’entraineur avait su maîtriser ses troupes et les débats pour planter sa banderille lors de la séance fatidique des tirs au but. Il n’entend ainsi pas se laisser impressionner par l’armada anglaise. « On a l'opportunité de gagner cette compétition pour la troisième fois, d'écrire l'histoire, de laisser notre nom pour toujours dans l'histoire de ce club. Je ne pense pas qu'il y ait besoin d'autre chose pour les motiver (ndlr : les joueurs). Nous devons rester maîtres de nos émotions, et ce sera possible en étant concentré à 100% sur notre match. »
Liverpool doit sauver sa saison
L’une des difficultés à laquelle les Sévillans vont devoir se frotter, plus que la qualité des joueurs adverses, reste la ferveur unique qui accompagne les supporters de Liverpool. On les annonce ainsi largement majoritaire en Suisse ce soir. « Nous savons que Liverpool a de nombreux supporters, mais nous aussi, a précisé Emery interrogé à ce sujet mais nullement impressionné. Nous savons que la plupart des Sévillans considèrent ce club comme leur deuxième femme ou leur deuxième petite amie. » Outre leurs supporters, les joueurs de la Mersey vont aussi avoir pour eux le flegme et la fougue légendaires de leur entraîneur Jürgen Klopp. Resté à quai lors de la finale de Ligue des champions 2013 avec Dortmund contre le Bayern (2-1), l’Allemand a l’opportunité d’aller enfin décrocher un titre européen. Au point qu’il avoue à demi-mot avoir laissé de côté une saison de Premier League qui ne souriait pas vraiment à son club (8ème au final). « Les circonstances sont spéciales, c'est clair, a déclaré le natif de Stuttgart. On a beaucoup plus de sollicitations, depuis deux semaines tout le monde ne nous parle plus d'aucun match de Premier League mais uniquement de celui-là. » Et la pression est logiquement sur les épaules du tacticien allemand puisqu’en plus d’offrir un neuvième titre européen à Liverpool - largement plus qu’aucun autre club anglais – il va à Bâle pour sauver la saison des Reds. Car une défaite signifierait ni plus ni moins l’absence de compétition européenne la saison prochaine pour le rival de Manchester United. Ca ferait mal et c'est tout simplement inenvisageable. D'autant qu'un triomphe en Ligue Europa propulse désormais directement en phase de poules de la prochaine Ligue des champions.
L'Espagne est-elle vraiment hors d'atteinte ?
Mais on est encore loin d’envisager scénario qui priverait Liverpool de compétition européenne la saison prochaine, d’autant plus que les partenaires d’Emre Can ont pour eux d'avoir déjà marqué la compétition de leur empreinte. D’abord timides en poules où ils ont notamment croisé la route des Girondins de Bordeaux, les Reds sont peu à peu montés en puissance. Alors que Manchester United n’a jamais su faire le poids en huitièmes de finale (2-0, 1-1), ce que tout le monde retient évidemment, c’est le renversement de situation ahurissant contre Dortmund en quarts lors d’une finale avant l’heure. Menés 3-1 sur leur pelouse, les joueurs de la Mersey allaient finalement triompher 4-3 pour aller ensuite nettement plus sereinement bouter Villarreal hors des demies (0-1, 3-0). Malgré ce tableau de chasse impressionnant, Klopp est resté très prudent en conférence : « On aimerait vraiment être l'équipe qui permettra à ce rêve de victoire de devenir réalité, mais c'est le football... Tout ce que je peux promettre, c'est qu'on fera tout, tout ce qu'on peut, mais ce sera un match ouvert. » Contre le FC Séville, ça ne pourra de toute façon être autrement. Si elle n’affiche ni le talent ni la longueur de banc anglais, l’équipe espagnole regorge de talents – évidemment – et dispose de ce supplément d’âme qui l’a notamment aidé à bouter l’Athletic Bilbao hors des quarts de finale aux tirs au but alors que ces derniers venaient de s’imposer (2-1) à Sánchez Pizjuán. Séville l'Espagnole se retrouve donc en finale, tout comme le Real et l’Atlético Madrid à l’échelon supérieur. « L'Espagne est le meilleur pays de football en ce moment [...], a concédé Klopp. J'espère que demain (mercredi) ça ne se verra pas trop. » Les Anglais pour reprendre du poil de la bête, les Espagnols pour assommer un peu plus la concurrence sur la scène européenne : cette finale en Suisse, croyez-nous, ça va être de la balle !