L'Euro 2016 : entre événement majeur et anonymat

L'Euro 2016 : entre événement majeur et anonymat
Trophée Henri Delaunay

L’Euro approche, l’engouement grandit. Le 10 juin prochain, la France lancera le coup d’envoi de l’un des événements sportifs les plus attendu de l’année. Attendu oui, mais par qui ? Chez Rue du Football on a décidé d’enquêter sur la place du Championnat d'Europe 2016 dans le paysage sportif mondial.

Vous n’y manquerez pas. Que vous aimiez le foot ou que vous ne sous sentiez pas concerné par le monde du ballon rond, autours de vous les discussions tourneront immanquablement autours du dernier coup franc de Payet ou des gestes géniaux d’Iniesta. En France, l’événement devrait à n’en pas manquer pulvériser quelques records d’audience et maintenir en éveil la plupart des médias français. Au delà de cet aspect purement passionnel, l’événement devrait être particulièrement suivi pour son aspect économique. Autant le dire tout de suite, il est complexe de déterminer les retombées financière d’un tel événement. Tout d’abord parce que les sources en notre possession disent à peu près tout et son contraire. Ainsi, le Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de Limoges a présenté en janvier dernier un rapport estimant que la compétition qui se tiendra du 10 juin au 10 juillet pourrait rapporter 1,266 milliard d’euros à la France. Parallèlement, les économistes Bastien Drut et Richard Duhautois, dans leur livre Sciences sociales football club, ont montré que si une telle compétition pouvait avoir un impact sur l’économie à un instant T, globalement et sur le long terme les effets vertueux sont minimes voir inexistants. Quoi qu’il en soit, il est indéniable que l’Euro 2016 sera un événement central pour le pays qui l’organise, en l’occurence la France.

Au niveau européen, la compétition s’annonce tout aussi suivie. Si l’on prend en considération les chiffres du dernier Euro organisé conjointement par la Pologne et l’Ukraine, on se rend compte que l’événement fut largement relayé dans le reste de l’Europe. Eurodata TV Worldwide estime par exemple que la finale de l’Euro 2012 a permis à la chaîne Tele5 (Espagne) de réaliser «la meilleure audience de tous les temps avec près de 15,5 millions de téléspectateurs, pour une part de marché de 83,3%». Certes, la victoire finale de l’Espagne a largement contribué à booster les audiences. Pour autant, la tendance est globalement la même dans les autres pays européens. En Allemagne, la demi-finale face à l’Italie a réuni pas moins de 27,8 millions de téléspectateurs, soit «une performance proche de celle de la demi-finale de la Coupe du Monde 2010 entre l’Espagne et l’Allemagne, qui avait réuni plus de 31,1 millions de téléspectateurs». En Ukraine, le match de l’équipe nationale face à l’Angleterre a réalisé la deuxième audience sportive la plus importante de l’année. Les cas comme celui-ci ne manquent pas et ils témoignent à leur échelle de la place importante qu’occupe le championnat d’Europe au sein du paysage médiatique (et donc économique) européen.

Reste à savoir quelle place notre cher Euro 2016 pourrait occuper à l’échelle mondiale. L’événement qui dans le monde mobilise le plus de personne est bien entendu les Jeux Olympiques d’été. On estime en effet que près de 50% de la population mondiale suit les Olympiades. La Coupe du monde de football et le Tour de France. Pas de trace de la plus prestigieuse des compétitions européennes. Pire, l’Euro ne figure même pas dans le top 10 des compétitions sportives les plus regardées à la télévision. A titre d’exemple, l’Euro 2012 avait été suivi sur ESPN aux Etats-Unis par une moyenne d’un millions de téléspectateurs. Un chiffre relativement faible qui tend à prouver que l’Euro peine à s’exporter et à se faire une place au delà de l’Atlantique au sein du panthéon des compétitions sportives. A noter malgré tout que le championnat d’Europe est dans une bonne dynamique puisque les audiences durant le dernier Euro ont augmenté de 80% par rapport à celui de 2008. Reste qu’en Asie, premier bassin de population au monde, l’événement reste largement confidentiel et malgré un net essor du football sur ce continent, la prochaine compétition internationale de football devrait se dérouler dans un relatif anonymat.

 

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