- Euro 2008
- Thomas Maitre
L’équipe de France entame l’Euro 2008 dans un contexte particulier. Le sélectionneur Raymond Domenech est très contesté. En poste depuis 2004, ses choix sont critiqués et le personnage divise. Pourtant, l’équipe de France a réussi l’exploit d’atteindre la finale du Mondial deux ans plus tôt, une finale perdue aux tirs aux but face à l’Italie (1-1, 5 tab 3). Pour beaucoup, la raison principale de cette réussite porte un nom : Zinédine Zidane. Sans lui, le parcours aurait sans doute été différent. Domenech ne faisait déjà pas l’unanimité en 2006 et il profite alors des exploits de son numéro 10. Mais le meneur de jeu prend sa retraite dès la fin de la compétition et l’équipe est à reconstruire.
Des prestations décevantes
Les Bleus débutent alors une campagne de qualification pour l’Euro 2008 par deux victoires, dont une face à nos amis italiens (3-1), qui sont également en plein renouveau. Mais un mois plus tard, l’équipe de France s’incline 0-1 en Ecosse. Une première contre-performance qui rend la qualification compliquée. Pendant deux ans, la sélection française produit des matchs en dessous des attentes. Deux défaites à domicile (0-1 face à l’Argentine en amical puis le retour en Ecosse 0-1), des matchs nuls (2-2 à domicile face au Maroc et 2-2 en Ukraine) et quelques victoires peu convaincantes (1-0 face à l’Autriche, en Géorgie et en Slovaquie). Des matchs sans saveurs où seul le talent individuel de quelques joueurs comme Thierry Henry, Patrick Vieira ou Frank Ribéry sauvent les apparences. Ces quelques succès permettent tout de même aux Bleus d’accrocher une deuxième place synonyme de qualification pour l’Euro 2008 en Suisse et en Autriche.
Une communication désastreuse
En 2008, en plus des prestations sur le terrain, la communication laisse aussi à désirer. Le manque de proximité des joueurs et de l’entraîneur avec la presse commence à provoquer un désamour profond de l’opinion publique pour cette équipe. L’épisode de la liste des 23 va encore un peu plus assombrir le tableau. Au mois de mai, Domenech convoque 30 joueurs pour un stage de préparation en vue du championnat d'Europe à Tignes. Le 28 mai, 7 doivent quitter le groupe. La mise en scène de ces départs ainsi que les surprises réservées par le sélectionneur vont définitivement excéder les observateurs. Mickael Landreau et Djibril Cissé font partie des joueurs invités à quitter le groupe, des choix qui déplaisent. Les 7 membres partent de Tignes en hélicoptère après un entretien individuel avec le coach dans les chambres. Cet épisode reste pour beaucoup d’entre eux l’un des pires moments de leur carrière. Dans la presse, on parle d’exclusion. Le départ des joueurs est surmédiatisé et engendre un mini-psychodrame. Domenech devient la cible prioritaire des médias et est même contesté par certains de ses propres joueurs.
C’est dans ce contexte que la France entame l’Euro face à la Roumanie le 9 juin 2008 à Zurich. Sur le papier, l’équipe a fière allure. Un mélange d’anciens (Thuram, Makélélé, Coupet) et de petits nouveaux (Benzema, Toulalan…). Mais la mayonnaise ne prend pas et les Bleus n’arrivent pas à se procurer d’occasions. Même s’ils dominent les débats, l’équipe est sans imagination, statique et manque cruellement de percussion face à une modeste équipe de Roumanie qui se contente volontiers de ce résultat. Benzema et Anelka sont transparents. La rencontre s’achève sur un triste mais logique 0-0. Le lendemain, la presse se déchaîne. Certains journalistes titrent : « Vraiment Nul ». Ils s’en donnent à cœur joie et le sélectionneur en prend évidemment pour son grade.
Et puis Knysna…
Ce match marque un véritable tournant dans la relation entre les Bleus et le public français. Le climat de défiance atteint son apogée après cette rencontre. La suite de l’Euro est catastrophique. La France s’incline face aux Pays-Bas (4-1) puis contre l’Italie (2-0) et quitte la compétition la tête basse. Après cette ultime défaite, Domenech conclut cette compétition par…une demande en mariage en direct à la télévision. A la surprise générale, il est maintenu à son poste après le tournoi. Il dirige la sélection jusqu’au Mondial 2010 avec la suite que l’on connaît. L’équipe de France va alors traverser la plus grave crise de son histoire. Le scandale de Knysna sera le résultat de deux (voir quatre) ans de cohabitation maladroite entre les différents acteurs du football français. Pour beaucoup, le France-Roumanie de 2008 est à la base de « la chute des Bleus » dans le cœur des Français. Espérons que celui de 2016 ait l'effet inverse demain soir.