- Euro - Groupe F
- Aurelien Renault
L’action de la rencontre
Les Islandais peuvent s’en mordre les doigts. Il aura manqué quelques minutes à leur incroyable solidité pour les faire basculer vers les huitièmes de finale. A quelques instants du terme, le nouvel entrant Nemanja Nikolic s’infiltre dans la surface par la droite après une belle ouverture et centre à raz-terre. C’est la panique dans les rangs scandinaves pour la première fois du match et Birkir Saeversson a le malheur de pousser le but dans sa cage et offrir l’égalisation à la Hongrie. La position de qualifié presqu’assuré revient alors finalement aux Hongrois qui auront eu le mérite de ne pas cesser d'y croire. Incroyable football.
Au cœur du match
Dans la grandeur du Vélodrome, on craignait que cette rencontre de petits poucets fasse tâche mais c’était sans compter la ferveur des fans hongrois et la fierté sonore des Islandais. C’était aussi oublier que les deux formations ont écrit deux des plus belles histoires de la première semaine de l’Euro. Le début de partie voit ainsi la Hongrie dompter les Scandinaves à la Portugaise, les occasions en moins. Dans l’étau islandais, les partenaires d’Adam Szalai font tourner à leur guise sans trouver la moindre ouverture. Les Magyar passent ainsi l’essentiel du premier acte à flirter avec les 70% de possession mais n’enthousiasment leurs nombreux supporters qu’à la 35ème minute quand le Scholes hongrois Laszlo Kleinheisler balance un enroulé du gauche au raz du poteau opposé d’Hannes Halldorsson. Alors qu’elle a la tête dans le sac depuis le début du match, l’Islande s’en remet à une poussée de dix minutes pour faire trembler la Hongrie. Sur une sortie aérienne, Gabor Kiraly se troue et relâche dans sa surface. Dans la foulée, Tamas Kadar heurte (très légèrement) Aron Gunnarsson. La sentence ? Penalty ! Le penalty ? Transformé par l’inévitable joueur de Swansea, Gylfi Sigurdsson.
Nordik Impact
Piqués au vif par une première période des plus frustrantes, les partenaires de Balazs Dzsudzsak connaissent une reprise délicate. Un retourné acrobatique – très osé, admettons-le – de Birkir Bjanarson vient les secouer dans leur surface. Plus significatif, après un contre parfaitement mené, les joueurs venus du Nord de l’Europe manquent le break quand la tête du Nantais Sigthorsson s’en vient frôler l’équerre droite du but gardé par Kiraly. Et pendant ce temps-là côté hongrois ? Le néant d’une possession stérile, des nez qui s’aplatissent incessamment sur un mur de glace et pour léger frisson, un coup franc signé Dzsudzsak qui vient s’empaler sur Halldorsson dans l’axe de la cage islandaise. Puis un autre, enroulé par-dessus le mur, pas vraiment plus concluant. On croit alors que c’est peine perdue, que la hype hongroise n’aura duré qu’un match jusqu’au but contre-son-camp miraculeux de la fin de partie. Avec quatre points et avant de rencontrer le Portugal, les Hongrois sont en route pour les huitièmes de finale alors que l’Islande, presque perdante au final, devra batailler encore.
L’homme de la rencontre : N’importe quel joueur islandais
On vit ensemble, on meurt ensemble. Voilà quel pourrait être le slogan d’une équipe d’Islande plus proche de la lumière que des ténèbres mais assommée en fin de partie. Les Scandinaves sont l’exemple parfait d’un collectif au sein duquel aucune individualité ne se dégage. Les erreurs comme les différences se font à onze. Si les attaques hongroises échappaient cet après-midi aux pieds d’un Islandais, elles venaient s’empaler dans la foulée sur le genou d’un autre. Plus porté sur la tactique que sur la technique, le onze venu du froid est un exemple de solidarité qui a failli renvoyer la Hongrie sur terre. Cependant, il va finalement devoir aller battre l’Autriche mercredi au Stade de France pour atteindre des huitièmes de finale qui lui tendaient pourtant grands les bras.
Le taux de régalade : 5/10
Si vous étiez venus voir du jeu et des gestes techniques en pagaille, vous avez certainement mal choisi votre match. La Hongrie avait battu l’Autriche sans offrir un football pétillant quand l’Islande avait répondu au Portugal par un courage sans faille. Tout l’enjeu de la rencontre aura été de savoir si l’Islande allait tenir ou non. Si la tenaille nordique était efficace, on regrettera d’avoir assisté aux limites de la Hongrie qui n’avait pas grand chose en réserve pour faire fondre la glace islandaise. La preuve : elle s’en est remise à un but contre-son-camp pour revenir à hauteur. On ne s’est finalement pas ennuyé mais on ne s’est pas non plus régalé, loin s’en faut.