- Equipe de France
- Thomas Maitre
Certains cadres des Bleus (sous l’ère Deschamps) semblent bien loin de leur meilleur niveau en ce début d’Euro. Même si Griezmann a réussi son entrée face à l’Albanie, on s’interroge toujours sur l’état physique du joueur de l’Atlético Madrid qui sort d’une éprouvante saison avec son club. Blaise Matuidi est également loin de montrer ce dont il est capable, lui qui est devenu indispensable au PSG. Leurs statuts de titulaires en Equipe de France ne sont cependant pas remis en cause et on est en droit de penser qu’ils peuvent vite réagir. Pour Anthony Martial, le problème est différent. Le jeune joueur n’a pas profité du temps de jeu accordé par Deschamps contre l’Albanie pour briller. Comme lors de ses précédentes entrées en jeu, l’attaquant est resté discret et a donné beaucoup moins de garanties que son homologue Kingsley Coman, qui lui apporte toujours quelque chose quand il joue. Mais à 20 ans, Anthony Martial représente l’avenir. Son talent est indéniable et l’avenir est à lui. Pour Patrice Evra en revanche, les belles années sont plutôt derrière. A 35 ans, le latéral de la Juve est en souffrance. Logiquement moins percutant offensivement, les carences défensives du joueur inquiètent. Très important dans le groupe France notamment pour son poids dans le vestiaire, ses performances sportives deviennent tout de même inquiétantes et au contraire de ses jeunes collègues, il ne semble pas en mesure de relever son niveau lors des prochains matchs. Puisse-t-il nous faire mentir !
Le problème Pogba ?
La plus grande déception de ce début de tournoi pour les Bleus reste Paul Pogba. Au-delà de cette fatigante polémique « du bras d’honneur » (le joueur aurait soi-disant adressé ce geste à la tribune de presse lors du match face à l’Albanie), intéressons-nous plutôt à son rendement sur le terrain. A trop vouloir briller, le milieu de terrain bafouille son football. Doué techniquement, Pogba privilégie bien souvent l’exploit individuel au collectif, le dribble à la passe etc…Lui qui évoque le ballon d’or se rend parfois coupable de péché d’orgueil et à 23 ans, l’excuse de la jeunesse ne tient plus. C’est un problème de maturité. Il doit prendre conscience que son immense talent doit avant tout servir le collectif. Egalement accusé de nonchalance par certains de ses entraîneurs, il a raté son match d’ouverture contre la Roumanie. Deschamps souhaite alors recadrer son milieu, à qui il reproche ses prises de risques inutiles qui pénalisent bien souvent le collectif. Difficile pour le sélectionneur de faire comprendre à son joueur qu’il compte sur lui tout en le mettant sur le banc des remplaçants face à l’Albanie. Et pourtant, c’est bien le message. Il entre en jeu dès la reprise et réalise une entrée en jeu contrasté. Plein de bonne volonté, Pogba retombe vite dans ses travers et gâche une belle occasion en fin de match en voulant « se la jouer perso. ». Cependant convaincant dans l’état d’esprit et auteur de la transversale qui amène le second but Français, il suscite donc beaucoup d’interrogations. Il est capable de faire basculer un match à lui tout seul, mais dans les deux sens (ses exploits individuels peuvent faire gagner, mais ses erreurs peuvent coûter cher). Conscient de ses capacités et de son immense talent, Deschamps peut-il se passer de lui ?
Le 4-2-3-1 en début de match, plus jamais ?
Contre la Suisse, Pogba devrait cependant retrouver une place de titulaire dans l’entrejeu grâce au schéma tactique. En effet, le 4-2-3-1 utilisé en début de match face à l’Albanie est loin d’avoir donné satisfaction. Cette solution semble pouvoir être bénéfique seulement en fin de match, lorsque les Bleus sont en difficulté offensivement. Il y a plusieurs raisons pour privilégier le 4-3-3. N’golo Kanté, impérial depuis le début de la compétition, est beaucoup plus à l’aise lorsqu’il évolue seul en sentinelle. Son association avec Matuidi contre l’Albanie l’a plus perturbé qu’autre chose. Devant, Payet est devenu tellement précieux sur son côté gauche qu’il est dommage de le faire évoluer dans l’axe. L’équipe a même semblé en déséquilibre avec un meneur de jeu, manquant de profondeur. Deschamps devrait donc maintenir son 4-3-3 face à la Suisse et pour le reste de la compétition. Une certitude qui arrive un peu tard. En effet, il est inquiétant pour beaucoup d’observateurs de faire des essais à ce stade de la compétition. Le « test » du 4-2-3-1 de mercredi prouve que Deschamps se pose encore des questions, et ça n’a rien de rassurant.
Et la défense ?
La charnière centrale Rami-Koscielny, appelée aussi charnière par défaut, en est à 4 rencontres (3 buts encaissés pour 2 matchs amicaux et 2 officiels). Sans manquer de respect à tous ces adversaires, il est difficile de se faire une idée sur le réel niveau de notre défense, puisque les Bleus ne se sont pas encore mesurés à des références offensives majeures. Malgré tout, les attaquants Roumains ont posé quelques problèmes à nos centraux, notamment grâce à un pressing intense. Adil Rami s’est parfois montré fébrile et maladroit, certainement crispé par la pression de ce match d’ouverture. Il est apparu plus serein lors du deuxième match. Laurent Koscielny lui tient son rang. Evoluant axe gauche, seules les erreurs de son latéral (Evra) l’obligent parfois à dézoner et le mettent en difficulté, comme contre les Roumains. Mais il se montre solide dans les duels et fait son boulot. Pas sûr que la rencontre de ce soir contre la Suisse nous donne beaucoup plus de garanties sur ce secteur. Notre capitaine et dernier rempart Hugo Loris est lui bien entré dans sa compétition. Décisif en début de tournoi, c’est la valeur sûre de notre défense.
L’essentiel est là !!!
Quoiqu’il en soit, les Bleus ont gagné leurs 2 premiers matchs et sont qualifiés pour la suite de la compétition. Et c’est bien le plus important. Un match nul contre les Suisses suffit pour conserver la première place du groupe A et prétendre à un huitième de finale « abordable ». C’est une réelle performance car on ne peut pas dire que les polémiques et les blessures épargnent les hommes de Didier Deschamps depuis quelques semaines. En faisant l’inventaire, on se rend compte que dans ce contexte, la pression est énorme. A chaque fois, l’équipe de France répond de la meilleure des manières, en gagnant. Cet état d’esprit est la grande satisfaction de ce début d’Euro. La capacité des joueurs à faire face à tous ces événements prouve qu’un groupe est né et les résultats sont là. Donc malgré toutes ces interrogations sur cette équipe, le bilan est positif. Pour conclure, citons les grands penseurs de notre pays. En 2002, un certain Johnny Halliday disait : « Allez les Bleus, on est tous ensemble etc… ». Restons sur ces belles paroles et souhaitons le meilleur à notre équipe de France.