- Euro - Groupe D
- Aurelien Renault
L’action de la rencontre
Mais à quoi a donc joué l’Espagne contre la Croatie ? Il reste cinq minutes de jeu et alors que les Espagnols tiennent le nul (1-1) à leur guise en dominant les Damiers, ils perdent le ballon sur une offensive. En deux passes, les partenaires d’Ivan Rakitic remontent tout le terrain et, lancé sur sa gauche, l’autre Ivan, Perisic, pénètre dans la surface et allume une frappe qui trompe David De Gea. La Croatie, désormais devant au score, remporte le match, le groupe D et fait passer l’Euro 2016 dans une dimension invraisemblable. France, Angleterre, Allemagne, Italie et désormais Espagne sont désormais dans la partie basse du tableau final. La Roja jouera l’Italie lundi au Stade de France. Qui l’eut cru ?
Au cœur du match
L’Espagne s’est sabordée et tombera sur l’Italie lundi soir en huitièmes de finale. Comment en est-elle arrivée là ? Car ce match final contre la Croatie, elle le démarre tambours battants : hors de question de voir cette première place être menacée. Après sept minutes, sur le côté droit, David Silva donne astucieusement dans l’intervalle à Cesc Fabregas lancé en profondeur au cœur de la défense des Damiers. Le joueur de Chelsea centre instantanément pour Alvaro Morata qui prolonge le ballon dans les cages de Danijel Subasic pour rejoindre Gareth Bale en tête du classement des buteurs avec 3 pions. La Croatie est secouée par le jeu express espagnol, incapable de mettre le pied sur le ballon. Ivan Rakitic s’essaie bien à une frappe de loin que seul un génie de son acabit peut faire surgir de son pied mais il voit la barre transversale repousser sa tentative. La Croatie peine alors. Il faut dire que sans Luka Modric et Mario Mandzukic – notamment – les Damiers impressionnent moins. Heureusement pour eux, ils peuvent compter sur l’indéfectible duo Corluka-Srna pour repousser les offensives incessantes de Sergio Busquets et de ses potes, lesquels, comme à l’habitude, font une Espagne. Ils dominent territorialement, multiplient les passes mais ne se procurent pas pléthore d’occasions.
L’Espagne trébuche
Si la première demi-heure laisse à penser que la Roja va signer un nouveau récital, Ivan Rakitic et son sergent d’un soir Milan Badelj relèvent la tête petit à petit. Alors que l’Espagne régale moins dans le jeu et propose moins de mouvement sur ses offensives, les Croates sortent peu à peu la tête de l’eau. Et au crépuscule du premier acte, l’Intériste Ivan Perisic se joue de Juanfran dans le couloir gauche et balance un centre que reprend Nikola Kalinic devant Sergio Ramos. D’un petit coup de chaussure, l’attaquant de la Fiorentina désarçonne David De Gea et permet aux Croates de recoller. Grâce à Perisic, incessant travailleur, et en usant de la clairvoyance de Rakitic au cœur du jeu, les joueurs Croates rivalisent avec l’Espagne au cœur d’une seconde période plus quelconque. Jusqu’au premier tournant du match. Lancé dans la surface, David Silva s’effondre au contact très léger de Sime Vrsaljko. L’arbitre siffle penalty au grand dam des Damiers. Sauf que Sergio Ramos, chargé de transformer, tombe sur un grand Subasic qui repousse. La suite, vous la connaissez. Lancé en contre face à une Roja trop facile, Perisic dégage le destin croate et assombrit celui des Espagnols. Après une ultime tentative de Silva dans les dernières secondes, ces derniers prennent conscience qu’ils joueront l’Italie pour accéder aux quarts où les attendront éventuellement les Allemands. Incroyable Euro.
L’homme phare de la rencontre : Ivan Perisic
Déjà buteur contre la République Tchèque, Ivan Perisic a idéalement fait oublier Luka Modric et Mario Mandzukic. Travailleur incessant, l'ancien joueur de Wolfsbourg n'a jamais laissé Juanfran en paix et a mené la vie dure aux Espagnols. Son but dans les dernières minutes est lourd de conséquence puisqu'il transforme à lui tout seul la phase à élimination directe de la compétition. L'homme de cet Euro, c'est peut-être lui en fait.
Le taux de régalade : 7,5/10
L'Angleterre boutée hors de sa première place avait déjà constitué une surprise en soit. La mésaventure espagnole du soir est un séisme et avoir assisté à cet événement rend évidemment cette rencontre contre la Croatie particulière. Si la Roja avait animé la première période par un jeu léché tout en maitrise et qu'on ne donnait pas cher de la peau des Croates, la rébellion des Damiers a été exceptionnelle même sans cinq de ses titulaires habituels. Le penalty arrêté et évidemment le but ultime de Perisic auront ajouté une dose de dramaturgie qui font de ce duel entre Espagnols et Croates l'un des musts de cet Euro 2016. Miam.