- Huitièmes de finale Euro
- Aurelien Renault
L’action de la rencontre
Le chronomètre défile, la Pologne est devant d’une unité au tableau d’affichage et semble se contenter de son 1-0. La Suisse pousse mais à l’image de son Euro, elle peine à exister devant. Quand tout à coup, sur un centre venu de la gauche, alors que la Pologne se dégage maladroitement, le ballon ricoche au-dessus de Xherdan Shaqiri, présent à l’entrée de la surface. Le lutin suisse ne se pose alors aucune question, s’élève dans les airs et cogne le ballon en retourné acrobatique. Son ciseau – parfait – s’écrase sur l’intérieur du montant de Fabianski, impuissant, et offre l’égalisation aux Helvètes. Malheureusement pour lui, cela ne sera pas suffisant pour rejoindre les quarts.
Au cœur du match
Le saut dans l’Histoire est polonais mais il aurait pu être suisse tant les Helvètes ont appuyé lors de la première prolongation de cet Euro. Mais au final, courageux et retranchés dans leur camp, les hommes d'Adam Nawalka sont allés chercher leur qualif en marquant leur cinq tirs eu but, profitant de l'unique erreur de Granit Xhaka dans cet exercice pour rallier les quarts.
Pour comprendre les intentions de la nation à l’Aigle blanc, il suffit de contempler la première minute de jeu. Très pressants, Arkadiusz Milik et Robert Lewandowski poussent Johan Djourou à la faute. La perte de balle profite à l’attaquant du Bayern qui butte sur Yann Sommer. Le second ballon, entre les pieds de Milik, finit hélas entre les perches. Mise en alerte, la Nati calme le jeu en faisant ce qu’elle sait faire de mieux : faire tourner le ballon, à l’Espagnole. Les situations en moins. La première période est moyenne quoi que plaisante. Et il faut attendre les dernières encablures pour que ça se décante. Alors que la Suisse se fait pressante sur les cages de Fabianski, la Pologne s’offre un contre-éclair. Resté aux avant-postes, Johan Djourou laisse une brèche béante dans sa défense que vont exploiter les Polonais. Lancé en trombe dans son couloir, Kamil Grosicki, très en vue cet après-midi, laisse ses vis-à-vis sur place. Son centre traverse la surface suisse où Milik et Lewandowski ont aimanté toute la défense. Oublié sur la droite, Jakub Blaszczykowski, servi, a tout le loisir de fixer Sommer et de lui glisser le ballon entre les guiboles pour le 1-0.
Shaqiri n'a pas suffi
Au retour des vestiaires, Vladimir Petkovic a dû faire trembler les murs puisque la Nati entame tambour battant. Le débordement de Xherdan Shaqiri côté droit, offre enfin une bonne situation aux Rouges mais le centre du joueur de Stoke ne trouve pas preneur. En face, la Pologne a foi en ses valeurs défensives et décide de se la jouer gestionnaire face à une Suisse conquérante. Les occasions du second acte sont ainsi presque toutes à l’actif des Helvètes. Sur un coup-franc bien frappé, Ricardo Rodriguez oblige Fabianski à aller claquer le ballon hors de sa lucarne. Dans la foulée, sur un bon mouvement, Haris Seferovic balance une mine du gauche en plein sur la barre alors que le portier de Swansea était battu. Les situations se multiplient pour les hommes de Petkovic mais l’issue, la sortie de route en huitièmes, se profile indéniablement. Jusqu’à l’éclair venu d’ailleurs de Xherdan Shaqiri. Au four et au moulin, le milieu de Stoke City guidera les siens jusqu’au bout de la prolongations. La Suisse, plus incisive, aura tout tenté. Lors de la séance de tirs au but, impeccables, les Polonais frustrent Yann Sommer, souvent proche de sauver sa patrie. Mais avec cinq tirs au but sur cinq mis au fond et devant l'erreur fatale du futur Gunner Granit Xhaka, c'est bien la Pologne qui reste en vie dans cet Euro.
L’homme phare de la rencontre : Xherdan Shaqiri
En défense, en attaque, du droit ou du gauche : Xherdan Shaqiri sait tout faire et a tout fait pour la Nati cet après-midi. L’ancien joueur de l’Inter a cependant mis une grosse heure avant de sortir de sa léthargie. Comme en 2014 et son triplé contre le Honduras, son réveil a tout renversé. Hélas pour les Suisses, sa vivacité et sa vision de jeu retrouvées n'ont pas suffi pour l'emporter en prolongations.
Le taux de régalade : 7/10
Puisque ce n’est jamais simple de lancer le bal des huitièmes de finale, ne soyons pas trop durs avec les vingt-deux acteurs. De l’avis général, les phases de poules ont vu les équipes ne pas vraiment se lâcher. Après tout, le schéma à 24 offre la possibilité de se reposer sur des calculs. En huitièmes, il faut abandonner la calculette et lâcher les chevaux. Ce que les deux équipes ont fait, sans toutefois proposer un jeu complètement enthousiasmant. La Suisse à la maîtrise, la Pologne globalement gestionnaire et une merveille de Shaqiri auront quand même accouché d’un match agréable. Au final, la victoire polonaise, contre le cours des prolongations, aura apporté un lot de dramaturgie qu'on accueille à bras ouverts mais dont les Suisses se seraient certainement bien passés.