- Quarts de finale Euro
- José Letaillandier
Une large victoire était-elle attendue ?
Certains avaient peur, d’autres étaient confiants. Les Bleus étaient prudents et disaient tous, à l’instar de Patrice Evra en conférence de presse, que le match serait compliqué. Après 12 minutes de jeu serrées, l’ouverture de score de Giroud a changé la rencontre et on a vite compris que les Bleus ne s’arrêteraient pas là. Malgré leurs exploits, notamment face à l’Angleterre en huitième, les Islandais n’ont jamais eu les ressources mentales, tactiques et techniques pour continuer l’aventure. Dommage pour eux, tant mieux pour nous.
La France a-t-elle gagné grâce au 4-2-3-1 (et Griezmann dans l’axe) ?
Avec l’absence de N’golo Kanté, suspendu après deux cartons jaunes, Didier Deschamps a choisi de remanier son système. Prenant le risque de quitter son 4-3-3 habituel, DD a préféré aligner Sissoko au milieu côté droit pour son aspect physique, décalant ainsi Griezmann dans l’axe, derrière Giroud. Ce dispositif en 4-2-3-1, le sélectionneur l’avait déjà essayé contre l’Albanie, avant de repasser en 4-3-3 au retour des vestiaires. Il avait fait le changement inverse, cette fois avec succès, lors du premier match contre la Roumanie. Aujourd’hui, la solidité des deux récupérateurs Pogba et Matuidi a permis au trio offensif de se montrer sous son meilleur jour.
Est-ce bon signe pour battre l’Allemagne ?
Entre la suspension de Mats Hummels, les forfaits sur blessure de Sami Khedira et Mario Gomez, et la participation très incertaine de Bastian Schweinsteiger, l’Allemagne pourrait se voir amputée d’excellents joueurs. En outre, si les Bleus ont eu droit à un match-type, cela n’a pas été le cas pour la Mannschaft qui a dû combattre de féroces Italiens, et surtout qui a 120 minutes de jeu dans les jambes. Avec une sélection allemande affaiblie sur le papier, les Bleus pourraient en profiter. D’autant plus que l’équipe de France retrouvera Adil Rami et N’Golo Kanté, ce qui soulagera très certainement la défense française. Car véritablement, le duo Umtiti-Mangala n’a pas séduit. Si lorsqu’il jouait aux côtés de Laurent Koscielny, Samuel Umtiti a limité la casse, lorsque Mangala a fait son entrée, la défense française paraissait aussi trouée qu’un morceau de gruyère.
Les Bleus peuvent-ils aller au bout ?
Cette victoire contre l’Islande fait du bien, surtout au mental. Mais si elle a mis en exergue la qualité offensive de l’équipe de France, elle a aussi souligné sa faiblesse majeure : la défense. Les coups de pied arrêtés, notamment les corners, sont souvent des aubaines pour la France, qui peut compter sur les têtes d’Olivier Giroud et d’Antoine Griezmann. Malheureusement, c’est aussi une problématique majeure lorsqu’ils sont concédés. La défense centrale française fonctionne bien avec Koscielny et Rami, mais même avec ces deux joueurs elle a encaissé des buts, face à des équipes bien plus faibles que l’Allemagne (1 but face à la Roumanie, 1 but face à la République d’Irlande). On ne le répétera jamais assez, si la France veut soulever le trophée le 10 Juillet, ce n’est pas sur la qualité offensive qu’il va falloir mettre le paquet, mais bien sur la défense.
L’Islande avait-elle le niveau d’un quart de finaliste de l’Euro ?
Evidemment, non. Mais ça, on le savait plus ou moins avant. La qualification des Scandinaves pour les quarts trouvait à la fois sa source dans les qualités de ses joueurs – forcément – mais aussi à la faiblesse de l’opposition anglaise, proche du néant. Car il ne faudrait pas occulter que les partenaires de Gylfi Sigurdsson avaient été mis sur le reculoir par le Portugal (1-1) lors de leur entrée en lice avant de souffrir contre la modeste Hongrie (1-1) et de prendre à revers une Autriche mal en point (2-1). Dans un Euro à 16, on n’aurait assurément pas vu les vikings à ce niveau de compétition. Assurément, rien n’enlèvera aux Islandais leur allant offensif et leur courage. Mais ils avaient évidemment trop de manquement dans le jeu, une manque de maîtrise flagrante. Il ne manquait qu’une équipe réaliste pour mettre les limites islandaises en évidence. Les Bleus s’en seront chargés mais auront vaincu un groupe de footballeurs qui forcent le respect. Et qui restera dans l’Histoire.