- Equipe de France
- Thomas Maitre
La tactique
C’est le changement principal. Le 10 juin, face à la Roumanie, Deschamps aligne son 4-3-3 fétiche pour entrer dans le tournoi. Une tactique bien rodée et utilisée depuis un certain temps par le sélectionneur. La liste des 23 joueurs retenus pour l’Euro s’est faite en fonction de ce schéma. Après une difficile victoire (2-1) sur les Roumains, il décide de bouleverser son organisation dès le deuxième match face à l’Albanie. Il opte pour un 4-2-3-1, avec Pogba et Griezmann remplaçants au coup d’envoi. Pas convaincu, il repasse en 4-3-3 dès la pause et la France s’impose (2-0) avec deux buts en fin de partie. On pense alors ne plus jamais revoir la tactique du début de rencontre. Contre la Suisse (0-0), Deschamps reste dans cette optique mais son équipe termine le premier tour sans convaincre, malgré une place de leader.
En huitième de finale face à l’Irlande, même scénario que contre l’Albanie, sauf que c’est le 4-3-3 qui disparaît à la pause pour un retour au 4-2-3-1. Un schéma qui s’apparente plutôt à un 4-4-2 à l’ancienne, avec un Antoine Griezmann en électron libre derrière l’attaquant Giroud. Lors des phases offensives, les lignes hautes nous donnent une impression de 4-2-4. Un style très offensif qui correspond à la qualité des joueurs présents dans ce secteur. On retrouve la même disposition que face à l’Albanie, mais avec finalement une équipe bien différente. C’est le tournant de cet Euro puisque les Bleus séduisent. Après 45 minutes de haute volée et un succès (2-1) sur l’Irlande, le sélectionneur reconduit cette formule face à l’Islande en quart de finale. Nouvelle victoire (5-2) des Français dans une ossature qui semble enfin convenir à tout le monde, les joueurs en tête. Nous ne connaissons pas encore la composition de ce soir mais la tactique devrait être la même.
Les joueurs
Le changement de schéma tactique ne bouleverse pas radicalement la composition d’équipe. Le passage en 4-2-3-1 peut faire une victime ce soir : N’Golo Kanté. Le milieu de Leicester est pourtant l’une des grandes satisfactions de cet Euro, avec des prestations de haut niveau au poste de sentinelle. Il est remplacé numériquement dans l’équipe par Moussa Sissoko, qui lui aussi étonne par son rendement. Sa puissance et sa polyvalence en font le titulaire au poste de milieu droit au profit du jeune Kingsley Coman, qui présente des caractéristiques plus offensives. Hormis ce changement, les dix autres joueurs ayant débuté en ouverture face à la Roumanie devraient être reconduit ce soir. Adil Rami va sans doute retrouver sa place de titulaire dans l’axe de la défense après sa suspension, sauf si le sélectionneur décide de faire confiance à Samuel Umtiti, qui a joué contre l’Islande. Quoi qu’il en soit, les éternelles interrogations qui concernent ce secteur sont toujours d’actualités. Patrice Evra enchaîne les rencontres sans saveurs et le pauvre Koscielny essaye de combler les manques à lui tout seul.
Les 5 matchs joués depuis le 10 juin n’ont apporté aucune garantie sur le plan défensif, sauf bien sur l’immense talent de notre portier Hugo Lloris, qui se montre décisif à chaque rencontre. Il brille par sa constance et sa régularité, ce qui n’est pas le cas de tous ses collègues. Paul Pogba par exemple alterne le bon et le moins bon depuis le début du tournoi. Un défaut qui agace son coach et qui lui a valu un petit passage sur le banc lors du premier tour. D’autres joueurs ont montré des signes inquiétants lors des premières rencontres avant de vite se reprendre et monter en puissance. Blaise Matuidi semble aujourd’hui enfin dans le rythme et que dire d’Antoine Griezmann, qui revit depuis son changement de positionnement. Il s’entend à merveille avec Giroud (très bon lui aussi) et réalise une immense deuxième partie de compétition. Dimitri Payet quant à lui baisse un peu le pied, mais ses performances font de lui un cadre de l’équipe. Des faiblesses défensives constantes comblées par la montée en puissance de notre secteur offensif, voilà un bref récapitulatif des prestations des joueurs de l’équipe de France dans cette compétition.
Didier Deschamps
On associe souvent le mot « pragmatique » au sélectionneur des Bleus. Le Basque est connu pour son intransigeance et n’est pas du genre à changer d’avis tous les jours. Mais il prouve depuis le début de la compétition qu’il est capable de s’adapter à la situation du moment et faire des choix forts. Ses différents changements de tactiques ont surpris beaucoup de monde, mais démontrent que le sélectionneur ne se satisfait pas du minimum. Même s’il répète dans la presse que seuls les résultats comptent, Deschamps cherche secrètement la formule qui permet de tirer le meilleur de son groupe et veut que son équipe gagne avec la manière. Serein et déterminé, Il semble être l’homme de la situation et il y a bien longtemps qu’un sélectionneur n’avait pas joui d’une telle cote de popularité auprès de l’opinion publique. Mais attention, tout peut aller très vite dans le football.