- Finale Euro 2016
- Aurelien Renault
12 ans après, le Portugal tient sa revanche. Sans briller, dominé, poussé dans ses retranchements, le groupe de Fernando Santos aura tenu pour aller cueillir son premier Championnat d’Europe face à des Français déconfits. Le syndrome grec est donc effacé mais rien ne prédestinait un succès lusitanien dans ce duel final. Les Bleus prennent en effet les choses en main d’entrée de jeu face à des Portugais aux jambes flageolantes. Dimitri Payet, aussi précis qu’un procédé de moulage à la cire perdue, envoie une offrande pour Antoine Griezmann. La Van Persie qu’envoie le double-buteur de la demi-finale est en tout point parfaite. La claquette réflexe de Rui Patricio l’est malheureusement tout autant. Comme toute finale, cette édition 2016 aura écrit son histoire au détour d’un rebondissement inattendu. Difficilement sorti de sa chrysalide au cours des matchs précédents, le Portugal voit un drame s’abattre sur lui. Après un choc avec Patrice Evra et Dimitri Payet, Cristiano Ronaldo est victime d’une torsion du genou. D’abord téméraire, ne souhaitant renoncer pour rien au monde comme le grand chevalier qu’il est, le triple Ballon d’Or finit par abandonner ses partenaires après avoir tenté de straper sa jambe. L’image de la star du Real délaissant les vingt-deux acteurs, en larmes, allongé sur une civière et les yeux perdus dans le ciel déclinant du Stade de France restera comme une image de cette finale. De cet Euro 2016.
Coman ouragan
La première période, interrompue à trois reprises par la saga Ronaldo, va alors tout à coup perdre en rythme. Les Portugais, bien installés dans leur camp, contiennent les Français à leur guise au moyen d’un marquage de tous les instants. Mieux, ils temporisent à leur aise quand vient le moment de souffler. Le baisser de rideau intermédiaire vient alors clore un début de final très nettement fermé. Loin d’affiché sa forme du début de tournoi, Dimitri Payet cède rapidement sa place à Kinglsey Coman. Le joueur du Bayern se distingue dans un premier temps en envoyant Griezmann au duel mais le Colchonero écrase trop son tir. Dans la foulée, le numéro 7 tricolore croit délivrer les siens sur une nouvelle offrande de Coman mais ne cadre pas, au grand dam de Didier Deschamps. Le Portugal ne va, malgré le manque de réussite française, se procurer qu’une occasion de cambrioler le Stade de France. Un centre de Nani, vicieux, vient inquiéter Hugo Lloris qui repousse tant bien que mal. Ayant bien suivi, Ricardo Quaresma reprend d’un retourné acrobatique que le capitaine des Bleus capte sans ciller. Aussi étrange qu’un ornithorynque, ce match va basculer vers l’irréel. Alors que la force de tank de Moussa Sissoko contraint Rui Patricio à un superbe plongeon sur sa droite, c’est finalement dans le temps additionnel que les Bleus croient l’emporter. D’un superbe geste, André-Pierre Gignac, sorti du banc, décoche un tir vers le premier poteau mais le touche. Antoine Griezmann est trop court pour reprendre. Rageant, car le portier portugais était bel et bien battu. Lentement, le piège portugais s’est resserré et comme on pouvait le craindre, voilà les Bleus aspirés par la souffrance des prolongations. Comme en 2000.
Eder vole le rêve français
Sauf que contrairement à la nuit de Rotterdam, ce 10 juillet 2016 ne sourira pas aux Bleus. Pas du tout même. Arrivés en bout de course, les hommes de Didier Deschamps croulent physiquement et se laissent chahuter par la malice adverse. La sentence se rapproche au fil qu’on sent le match échapper aux Tricolores. Sur un coup-franc inexistant, Raphaël Guerreiro s’en va cogner la barre transversale. Le signe que quelque chose va de travers, que la chance française est passée. Un signe que va matérialiser le Lillois Eder. Au physique, le puissant attaquant portugais déboulonne la défense française. Et comble de l’ironie, c’est un joueur de Ligue 1 qui marque le but victorieux de l’Euro français. La frappe du buteur est pure et trompe Hugo Lloris sur sa droite. Une Charisteas. Qui va laisser des traces. Les Bleus sont passés tout prêt mais ce sont les papillons portugais qui s’envolent dans l’histoire. A leur manière.