- Panama
- Alan Bernigaud
C’était comment la dernière fois ?
La dernière fois ? Quelle dernière fois ? C'est tout simplement la première fois qu'on arrive en phase finale d'une Coupe du monde ! Nous allons marquer l'histoire de notre petit pays, nous n'avons peut-être pas d'expérience dans cette compétition, mais nous arrivons avec fierté.
La route a été bonne ?
Escarpée et épique. Escarpée, parce que notre parcours a été de longue haleine, on a pris la route le 9 novembre 2015, tu te rends compte ?! Pour une Coupe du monde qui commence en juin 2018. Mais nous avons tenu la distance, avec les tripes. D'abord en finissant second de notre poule lors du quatrième tour de qualification puis en se qualifiant directement pour le Mondial dès le cinquième tour ! Et c'est là que le terme épique entre en jeu ! Car notre qualif' l'a été, pour sûr ! Si l'on a bien su négocier ce mini-championnat, allant même jusqu'à accrocher le Mexique (0-0), le soir du dernier match, nous ne sommes pas maîtres de notre destin puisque nous sommes 4e et que seuls les trois premiers pouvaient se qualifier. Ce 11 octobre restera une date à jamais gravé dans nos cœurs. Ce soir-là, nous affrontions le Costa Rica, chez nous, dans l'espoir de décrocher notre ticket pour la Russie. Et l'inimaginable s'est produit ce soir-là. Si l'on a bien su négocier ce mini-championnat, allant même jusqu'à accrocher le Mexique (0-0), le soir du dernier match, nous ne sommes pas maîtres de notre destin puisque nous sommes 4e et que seuls les trois premiers pouvaient se qualifier. Et comme par hasard, c'est Román Torres, notre capitaine et défenseur central qui a envoyé une reprise de volée démente, à la Trézéguet, sous la barre. Cette victoire alliée à une défaite des États-Unis nous a offert une qualification incroyable pour la Coupe du monde ! Pour avoir une petite idée, le président de la République, Juan Carlos Varela a même transformé le lendemain en jour férié pour que tous les Panaméens puissent faire la fête, c'est dire !
Un p’tit gars à observer en particulier ?
Notre principale force, c'est notre collectif, on est ultra-solidaire entre nous, il y a une véritable cohésion d'équipe, c'est incroyable ! Mais si l'on doit faire ressortir un joueur, ça serait justement Román Torres, notre capitaine. Lui, il impose ! C'est même peu de le dire. Presque 1m90, 83 kilos de muscles, des dreadlocks, des tatouages de partout et un grand sourire toujours présent. Quand on le croise dans la rue, difficile de le rater. Et sur le terrain, c'est pareil. À 32 ans, il a beaucoup baroudé en Colombie, où il a appris à se servir de son physique, le championnat, là-bas, n'étant pas des plus tendres. C'est un vrai chien sur le terrain, toujours sur les talons de son adversaire et n'hésitant pas à mettre des coups quand il faut. Et en plus, il sait marquer, le plus souvent de la tête. C'est notre leader moral, notre sauveur, bref notre capitaine.
C’est quoi l’objectif cette année ?
Bah ça peut paraître bête à ce niveau, mais l'objectif premier, c'est de prendre du plaisir. On sait très bien que l'on ne gagnera pas cette Coupe du monde parce que l'on est l'une des équipes les plus faibles et la moins expérimentée. Mais en venant en Russie, nous ne serons pas là pour faire du tourisme, le but, c'est de savourer, oui, mais surtout de pratiquer notre football. On se connaît tous depuis des années, on a nos habitudes, nos automatismes et une force collective impressionnante. On le sait et on va en jouer. L'objectif va donc être de ne pas prendre de valise, de grappiller quelques points et, parce qu'il faut être ambitieux, de, pourquoi pas, se qualifier en huitième de finale. Ce ne sera pas la première fois qu'on créera la sensation, demande aux Américains ce qu'ils en pensent.
Un scénario idéal ?
Le scénario idéal va un peu relever du rêve, mais soyons fous ! La Belgique sera notre premier adversaire, un début de compétition, c'est toujours particulier, il suffit qu'ils aient du mal à rentrer dans le match pour laisser planer un doute dans leur tête. Voire même pour jeter un coup de froid en inscrivant un but de la tête sur un coup de pied arrêté. Bon, il ne faut pas abuser, la Belgique va égaliser, mais on glane notre premier point en Coupe du monde. Ensuite, on joue l'Angleterre. Il faut avouer quand même que l'on n'a pas un groupe facile avec ces deux monstres ... Allez, on va imaginer que, là également, on arrive à gratter un match nul 2-2 au bout du suspense ! Regarde les Islandais à l'Euro, personne n'aurait cru qu'ils élimineraient les Anglais. Et pourtant ... Ensuite, on joue la Tunisie en dernier match de poule. C'est l'adversaire qui est le plus à notre portée donc si on sort de deux matchs nuls face à la Belgique et l'Angleterre, ce ne serait pas forcément si aberrant que d'imaginer que l'on peut gagner face à la Tunisie ! Allez, on va dire 2-1 pour nous ! Là, on est qualifié pour les huitièmes de finale en finissant second de notre poule et on tombe sur le premier du groupe H. Alors certes, il s'agit de la poule la plus faible de la compétition et si on est capable d'aller en huitième on n'aura pas de complexe d'infériorité à avoir, mais il ne faut pas trop rêver. Si on tombe avec les honneurs face à la Pologne ou la Colombie ça sera déjà beau. Passer la phase de poules serait déjà plus qu'un scénario idéal, ça serait juste un rêve !
À l’inverse, un scénario catastrophe ?
Soyons honnête, il y a déjà plus de chances que ce soit ce scénario-là qui se déroule ... La Belgique et l'Angleterre vont être en guerre pour la première place du groupe et ils sont nos deux premiers matchs. La Belgique avec son armada offensive et nous, pétrifiés par l'ampleur de l'événement, ça pourrait vite devenir une correction avec un 4 ou 5 à 0. L'Angleterre devrait gagner, avec plus de difficulté toutefois, mais on va dire 2-1 et ensuite ne reste plus que le match face à la Tunisie. Vu qu'ils vont sûrement prendre le même tarif que nous, ça sera le match pour ne pas finir dernier donc il y a de l'enjeu quand même ! Mais la Tunisie est une bonne équipe et il ne serait pas impossible qu'ils se vengent sur nous des roustes reçues par la Belgique et l'Angleterre avec un 3-0 bien sec. Au final, on finirait dernier avec 0 point et un goalaverage à -8 ou -9 ... Là, clairement, c'est le pire scénario possible !
Tweeter, c’est bon pour la santé !
Name: Gabriel Victoria
— Adeshina Tobi (@TobiShina) 25 mai 2018
Occupation: Garbage collector
Side hustle: Ref (Panama league)
Called up by FIFA to ref at #Russia2018WorldCup
Moral: Keep working and you will be found out. pic.twitter.com/6c1C0X3Zjf
La stat’ inutile, mais qu’on vous donne quand même parce que ça nous fait plaisir !
6. Comme le nombre de joueurs évoluant en Europe parmi les 35 convoqués dans la pré-liste pour le Mondial !
Demandez l’programme !
Belgique-Panama, lundi 18 juin, 17h
Angleterre-Panama, dimanche 24 juin, 14h
Panama-Tunisie, jeudi 28 juin, 20h