Tour des Nations : Pologne

Tour des Nations : Pologne
La Pologne devra compter sur son artilleur Lewandowski pour performer cet été - Iconsport

Pendant 18 jours, l'équipe de la rédaction vous propose de (re)découvrir quotidiennement les 32 équipes qui disputeront la Coupe du monde 2018. Au programme d’aujourd’hui, la Pologne. Les coéquipiers de Lewandowski arrivent en outsiders en Russie, l'autre pays de la vodka.

C’était comment la dernière fois ?

La dernière fois ? Ouhlà… ça fait 12 ans, déjà ! Nous faisons partie des sélections qui ne reviennent sur le devant de la scène que récemment : aucune participation à un Euro avant 2008, et ce sera seulement notre 3ème Coupe du monde en 32 ans.

Nous restons en plus sur une déconvenue : en 2006 lors de notre dernière participation à un Mondial nous étions fortement pressentis pour sortir des poules. On était, certes, dans le même groupe que l’Allemagne mais aussi que le Costa Rica et l’Equateur, deux nations largement à notre portée. La deuxième place et les huitièmes de finale nous tendaient donc les bras. Surtout que nous avions fait sensation en rivalisant avec l’Angleterre en qualification.

Malheureusement tout ne s’est pas passé comme prévu. Le premier match face à l’Equateur s’annonçait déjà décisif : en cas de défaite, le perdant aurait fait une mauvaise opération en vue de la qualification. Et devinez qui a été le dindon de la farce (même si on se compare davantage à des aigles, notre emblème national) ? Si on est positif on se dira qu’on a au moins offert du spectacle au public du stade de Gelsenkirchen. C’est un match très ouvert mais on concède l’ouverture du score par Tenorio au bout de 24 minutes. Un but qui nous fait mal, et malgré tous nos efforts pour revenir, Delgado clôt le suspense dix minutes avant la fin.

Finalement nous voilà donc dos au mur avant d’aller défier l’Allemagne, une victoire est impérative pour continuer d’espérer. Un constat qui nous donne des ailes puisque nous attaquons le match pied au plancher, déterminés à créer l’exploit. Rapidement, au gré des attaques éclairs des Allemands nous réalisons qu’il nous sera bien difficile d’espérer mieux que le point du match nul. Surtout qu’après l’expulsion de Sobolewski suite à un deuxième carton jaune, nous devons jouer le dernier quart d’heure à dix. Mais notre gardien Arthur Boruc nous permet de nous accrocher à ce point synonyme de survie. Klose, Podolski, Ballack et les autres trouvent par deux fois la transversale, mais pas la faille dans notre défense. C’est finalement Oliver Neuville, remplaçant au coup d’envoi qui fait chavirer le Signal-Iduna Park à la 90+1 et réduit à néant tous nos efforts défensifs durant le match.

Une mauvaise nouvelle ne venant jamais seul, la victoire de l’Equateur face au Costa-Rica nous élimine définitivement de la course aux huitièmes.

Ce troisième match contre le Costa Rica, éliminé lui aussi, compte donc pour du beurre. Un beurre rance tant cette désillusion a un goût amer pour nous. Les deux buts de notre défenseur Bosacki (nos deux premiers dans ce Mondial) nous permettent de finir la compétition avec une victoire, malgré l’ouverture du score de Gomez. Troisième c’est pas suffisant pour voir la suite de la compétition, ce n’est donc pas un bon souvenir pour nous.

La route a été bonne ?

Franchement, oui. C’est vrai que quand vous avez Robert Lewandowski comme attaquant vedette, ça aide forcément pour réussir. Surtout quand celui-ci plante 16 buts en 10 matchs de qualification soit plus de la moitié des buts de l’équipe. La sélection polonaise lui doit beaucoup et ce n’est pas une nouvelle. Une performance qui nous a tranquillement permis de nous hisser à la première place de notre groupe de qualification, cinq points devant le Danemark, nos dauphins. Des danois qui sont d’ailleurs les responsables de notre seule défaite lors des éliminatoires. Sacré défaite d’ailleurs puisqu’ils nous ont infligé un 4-0 sec et qui ne souffre d’aucune contestation possible. A part ça, que des victoires et un petit nul lors du premier match face au Kazakhstan. Un parcours facile avec le recul, même si nous avons étrangement dû attendre la dernière journée et une victoire face au Monténégro pour entériner notre qualification.

Un p’tit gars à observer en particulier ?

Très marrant, très spirituel vraiment… On vient d’en parler! Robert Lewandowski fait partie des stars à suivre impérativement à ce Mondial. Outre le fait que ce soit l’attaquant phare du Bayern Munich, et le meilleur buteur du championnat allemand cette saison, c’est aussi notre atout numéro un dans la compétition. On l'a déja dit, il a marqué 16 buts lors des éliminatoires, ce qui fait de lui le meilleur buteur tout groupe confondu d’ailleurs, mais saviez-vous qu’il est aussi le meilleur buteur des éliminatoires de l’Euro 2016 ? Et le meilleur buteur de la sélection polonaise depuis octobre dernier (avec 52 buts en 99 sélections) ? C’est vous dire comme il nous porte depuis plusieurs années  Son influence sur la sélection ne se limite pas à ces buts, c’est aussi notre capitaine depuis 2014.

Les défenseurs adverses sont prévenus, et Robert risque de subir un marquage très serré lors du Mondial, mais il est parfaitement au courant et ça lui va : « Nous devons être prêts à profiter des failles des équipes adverses qui ne seront concentrées que sur moi. Ils vont se concentrer sur moi pour m’arrêter, mais quand je serai devant un ou deux joueurs, je vais tenter de créer des opportunités pour mes coéquipiers afin qu’ils marquent ».

Seul souci, il n’a jamais joué une seule minute en Coupe du monde, mais comme tous ses partenaires. Il a en revanche joué deux fois l’Euro avec les Biale Orly (les Aigles Blancs, c’est notre petit surnom) et a amené pour la première fois de son histoire la Pologne en quart de finale d’un Euro.

C’est vrai, il a une grosse pression sur les épaules en tant que star de la Coupe du monde et joueur phare de la sélection, surtout qu’il a globalement raté son dernier Euro en France. Mais nous sommes certains que le seul joueur de l’histoire à avoir marqué un quadruplé en demi-finale de C1 en 2013, sait gérer cette pression.

C’est quoi l’objectif cette année ?

Sortir des poules, avant tout ! Le tirage au sort a été relativement clément avec nous puisque nous sommes dans le même groupe que le Sénégal, le Japon et la Colombie, trois adversaires à notre portée. Un tirage qui nous permet de croire en la qualification voire la première place. Après, tout est possible mais il faudra d’abord se concentrer sur la phase de poule où on est légèrement favoris avec la Colombie.  

Un scénario idéal ?

On est une équipe talentueuse avec quelques très bonnes individualités (dont au moins une par ligne)  comme Grosicky ou Krychowiak (même s’il n’a pas laissé un souvenir impérissable au PSG). Donc il y a moyen que ça se passe très bien. On a appris de nos erreurs, ce qui nous a perdu en 2006 c’est notre entame de compétition. Dès le premier match face au Sénégal on attaque plein gaz, bien décidés à ne pas laisser passer notre chance. Les Lions nous posent quelques soucis mais on finit par trouver la faille à l’heure de jeu par Lewandowski qui en profite pour rentrer parfaitement dans sa Coupe du monde. Kamil Grosicky en profite même pour mettre un deuxième but et parfaire le score. Engaillardi par ce succès inaugural, nous abordons le match face à la Colombie pleins de confiance et sûr de nos forces. Les Colombiens mettent un peu de temps à rentrer dans la partie et nous en profitons pour planter dans les dix premières minutes par l’inévitable Robert. Un avantage qui tiendra une heure avant que la Colombie ne revienne au score grâce à Radamel Falcao. Qu’importe, il nous suffit d’une victoire ou d’un nul lors du prochain match et nous voilà qualifiés pour le second tour. Ça tombe bien, le Japon, après deux défaites, est d’ores et déjà éliminé. Les Samouraï n’opposent donc que peu de résistance et les buts s’enchainent : et 1 et 2 et 3 et 4-0, le triomphe est total. Les Japonais réduiront quand même le score sur penalty après un tacle un peu kamikaze de Kamil Glik mais qu’importe. Ce succès nous offre la première place du groupe et nous ouvre les portes des huitièmes.

Un second tour qui s’annonce compliqué puisque nous affrontons les Belges, deuxièmes de leur groupe derrière l’Angleterre. Heureusement pour nous Roberto Martinez n’a toujours pas réussi à gérer son effectif de stars et la Belgique peine à montrer du jeu dans cette compétition malgré ses artistes De Bruyne et Hazard notamment. Comme face au Pays de Galles il y a deux ans, la Belgique tombe face à une équipe moins forte individuellement mais bien plus organisée collectivement et tactiquement. Et cette fois-ci, pas de Nainggolan pour mettre une mine des 25 mètres sous la barre, Martinez a tout simplement décidé de s’en passer pour le Mondial. Lewandowski se charge de porter la sélection vers les quarts de finale d’un doublé, 2-0, on va en quart, et eux rentrent en avion.

En quart de finale se dressent les Allemands, qui nous ont déjà éliminé 1-0 en 2006 (en poule) et en 1974 (au deuxième tour). Adam Nawalka, notre sélectionneur prévient : il faudra être solide et jouer tous les bons coups à fond. C’est un match très compliqué, les Allemands multiplient les attaques placées qui nous font très mal. Mais juste avant la mi-temps, sur corner, Neuer se troue sur sa sortie et Lewandowski saute plus haut que Boateng pour catapulter le ballon au fond. Nous rentrons donc au vestiaire avec un but d’avance et une certitude : une défaite 1-0 est maintenant définitivement impossible. Forts d’avoir enfin vaincu le signe indien, nous redoublons d’ardeur en défense tout en utilisant la vitesse de Grosicky et de Blaszczykowski pour mener à bien nos contres. Et c’est justeemnt sur une de ces phases de jeu qu’on se met à l’abri grâce à… Krychowiak de la tête, Robert ne peut pas tout le temps marquer, il faut bien que d’autres s’en occupent aussi. Werner aura beau relancer son équipe dans le temps additionnel, la demi est pour nous, les Allemands pourront, eux, noyer leur déception dans la bière, avec des demis sûrement…

Après avoir fini premiers du groupe et tapé les Belges et les Allemands, autant vous dire que les Espagnols en demi-finale, on les attend de pied ferme ! Mais tout Lewandowski qu’il est, notre capitaine n’est pas Superman et face à une équipe au collectif parfaitement huilé et avec des joueurs comme Iniesta, Asensio ou David Silva, nous prenons l’eau. Surtout que notre parcours jusqu’ici empêche les Espagnols de nous sous-estimer. Trois buts en vingt minutes et l’affaire est pliée, les Espagnols s’en vont perdre en finale face aux Français. Pendant ce temps-là, nous affrontons le Brésil, encore une fois sorti aux portes de la finale.

L’histoire est un éternel recommencement, comme en 1974 nous nous arrêtons juste avant la finale, comme en 1974 nous affrontons le Brésil pour le match de la 3ème place, et comme en 1974 nous les battons 1-0 avec un but du meilleur buteur de la compétition : allez tous ensemble avec moi Robeeeeeert… LEWANDOWSKI !

On rentre au pays avec une troisième place inespérée en Coupe du monde et le soulier d’or de la compétition dans nos rangs, que demander de plus ?

A l’inverse, un scénario catastrophe ?

Il faut bien se l’avouer on a un petit point faible : on n’a pas vraiment de grand gardien : Szcz?sny n’est que n°2 à la Juve, ce qui peut être un handicap à l’heure d’attaquer une grande compétition, et Fabianski est certes titulaire à Swansea mais… Bon bah, Swansea est pas vraiment réputé pour sa défense imperméable cette saison, et puis ce n’est pas ce qu’on pourrait appeler un cador européen… Dans des matchs accrochés ça peut nous faire défaut. Au premier match on est complètement inefficaces devant et on se doit donc de conserver au moins le match nul face à des Sénégalais qui poussent de plus en plus. A vingt minutes de la fin, Sadio Mané sert Keita Baldé qui lui remise dans notre surface, le Sénégal ouvre le score à bout portant, notre gardien n’a rien pu faire. Puis quelques minutes plus tard, Baldé-Mané acte 2 : cette fois-ci c’est Mané qui lance Baldé sur le côté gauche de notre surface. Le centre tendu du Monégasque trouve Diafra Sakho de la tête qui ne se fait pas prier pour mettre son équipe à l’abri.

Cette défaite nous met un gros coup sur la tête, comme en 2006 nos leaders n’ont pas répondu présent et face à un adversaire intraitable, on a eu les pires difficultés à créer du jeu. On attaque le deuxième match face à la Colombie avec la volonté de se rattraper. Mais toutes les bonnes intentions du monde ne suffisent pas quand vos leaders ont toutes les peines du monde à faire le travail. Robert Lewandowski est fantomatique et en face Falcao virevolte. C’est finalement James qui se charge d’offrir les 3 points bien mérités au Cafeteros. Nous voilà donc éliminé avant le troisième match de poule, comme il y a 12 ans. Et nous retrouvons donc des Japonais abattus eux aussi par leur élimination. Un match des perdants qui se soldera sur un triste 0-0. Eliminés, les Aigles rentrent au nid, piteux.

Tweeter, c’est bon pour la santé !

Un concurrent pour notre Robert national ?

La stat’ inutile mais qu’on vous donne quand même parce que ça nous fait plaisir !

5 : soit le nombre de but que la Pologne a marqué face au Brésil en 1938. Insuffisant pour se qualifier puisque la Seleçao l’a finalement emporté 6-5. Problèmes défensifs quand tu nous tiens…

Demandez l’programme !

  • Pologne - Sénégal, mardi 19 juin, 15h
  • Pologne - Colombie, dimanche 24 juin, 18h
  • Pologne - Japon, jeudi 28 juin, 14h
Ça peut vous intéresser