- Huitièmes de finale
- Aurelien Renault
VOUS AVEZ LOUPE LE MATCH ? PAS DE PANIQUE !
La Suède est en quarts de finale de la Coupe du monde. Non vous ne rêvez pas ! La sélection scandinave que l’on croyait affaiblie par le départ à la retraite de Zlatan Ibrahimovic surprend son monde et est en train de poursuivre une histoire qu’elle avait commencé sur le twist le plus incroyable de l’avant-Mondial avec l’élimination surprise de la grande Italie en barrages. Beaucoup s’étaient alors soulevés contre cette sélection tueuse de jeu, robuste, dure sur l’homme, sans talent individuel de renom et pas forcément agréable à voir évoluer. Avec le parcours qu'ils réalisent, les Blagult ont fermé quelques bouches depuis le début du Mondial. Pas à pas, les partenaires du capitaine Andreas Granqvist grandissent et cultivent leur idée du jeu et ce précieux sens tactique de leur entraineur Janne Anderson qui a failli faire chuter l’Allemagne (défaite 1-2 au final) mais qui a abattu en plein vol la Corée du Sud (1-2), le Mexique (0-3) et maintenant la Suisse (0-1).
Regardez jouer cette équipe de Suède à la volée, jetez quelques coups d’œil non-attentifs sur ses matchs sans prêter attention aux détails et vous la verrez dominée, bringuebalée, parfois secouée mais jamais à terre. Peut-être même la trouverez-vous sans génie voire insipide. Pas impressionnante au premier regard, la Suède a donné depuis plusieurs mois à une ribambelle d’adversaires vaincus l’occasion de s’exclamer « Bordel, elle était prenable cette Suède ! » Une faiseuse de regrets ! Et le constat est toujours le même pour nombrbe des adversaires des Suédois : la défaite est au rendez-vous face à la discipline de son bloc et au bon jeu de transition de ses milieux relayeurs. Et quand dans un jour comme aujourd’hui, ça ne fonctionne pas devant et que les attaquants vendangent, il reste quelques génies pour sortir du bois à l’image de l’opportuniste Emil Forsberg, joueur de talent et unique buteur de l'après-midi contre la Suisse.
Oui, comme l’Italie, le Mexique ou la France avant elle, la Nati a dominé. Elle a parfois donné le sentiment d’être aisément au-dessus techniquement et dans la vivacité. Mais le constat au final restait le même : l’équipe scandinave est une machine à faire déjouer et à punir par des séquences de pressing efficaces qu’elle alterne avec de la défense regroupée. Ajoutez à cela un manque de mordant dans le jeu de Suisses qui n’y arrivent décidément pas en phase à élimination directe de la Coupe du monde (Selon Opta, la Suisse n’a plus marqué le moindre but en phase à élimination directe de la Coupe du Monde depuis le 26 juin 1954, ne transformant aucun de ses 68 tirs en 8es de finale depuis) et vous obtenez LA surprise de ce Mondial. Les Suédois sont en quarts de finale de la Coupe du monde. Les Italiens qui s’en étaient pris au talent de leurs joueurs commencent peut-être enfin à comprendre qu’ils n’étaient pas tombés sur une bande de rigolos.
LA NOTE DU MATCH (71/100) :
Spectacle général (11/20) : Il fallait être un fin connaisseur de la science tactique du sélectionneur suédois Jann Anderson pour apprécier vraiment cette partie. Equilibrée, elle a accouché de nombreuses situations mais s’est aussi jouée sans grande saveur. Le duel de deux équipes de seconde zone sur la carte du football européen a été un vrai match de Ligue 2 à la sauce Coupe du monde. Et quelque part, on s’y attendait.
Occasions et buts (8/20) : Jouer aux paris sportifs et s’avancer sur un match produisant moins de 2,5 buts dans le temps réglementaire, c’était tout sauf une connerie. La maladresse suisse couplée à la rigueur suédoise a accouché d’un bébé difforme, à l’image du but absolu infâme de Forsberg : frappe écrasée déviée dans son propre but par Akanji. Les centres au 5ème poteau de Xherdan Shaqiri n’ont pas non plus aidé à créer des occasions non plus. Les ramasseurs de balle, eux, ont fini rincé.
Qualité technique (7/20) : Vu comme il s’est montré à l’aise avec le déchet, Granit Xhaka pourra aisément se reconvertir dans le ramassage des ordures ménagères lorsqu’il en aura terminé avec le football. Le leader technique du milieu de terrain suisse a raté quasiment tout ce qu’il a entrepris. L’imprévisible Shaqiri a tenté le même centre 36 fois. 36 fois sans succès. Pas forcément le plus doué balle au pied, le Hambourgeois Albin Ekdal a sorti de meilleurs gestes, c’est dire. Emil Forsberg et son toucher de balle délicieux sauvent un peu la note.
Scénario et suspense (14/20) : On n’a pas eu un duel affublé d’autant de rebondissements qu’un match de ping-pong (sans jeu de mot) puisqu’on a eu qu’un seul but tout moche. Mais quand même. La Suède qui revient en quarts de finale du Mondial après 24 ans de disette et qui le fait au nez et à la barbe d’une Suisse qui ne progresse définitivement pas, c’est quand même l’une des plus belles lignes de cette Coupe du monde.
Bonus/Malus du jury (5/20) : Pour cette catégorie, on vous explique, on part de 10/20 à chaque coup d'envoi et on fait gonfler ou baisser la note selon nos propres critères subjectifs (on est le jury, on fait ce qu'on veut) :
- -2 pour Josip Drmic. L’attaquant suisse a réussi à se montrer encore plus invisible qu’Haris Seferovic qu’il remplaçait pourtant à la pointe de l’attaque. Les buteurs suisses (si on peut dire buteur) étaient-ils les plus faibles du plateau ? On n’est pas loin de le penser…
- -3 pour les deux attaques. Des ratés en pagaille dans ce match. On aurait cru voir sur le terrain un rassemblement comprenant Charlie Chaplin, Sid de l’Âge de Glace, Le Schtroumpf Maladroit et Gaston Lagaffe. L’effet comique en moins.
- +2 pour Janne Andersson. En réclamant un pressing très haut par séquences, il a contrecarré la qualité de relance des joueurs défensifs suisses et forcé la Nati à un combat en haute altitude au milieu de terrain souvent bien géré par ses hommes. Lors des phases de regroupement devant la surface d’Olsen, la hargne de ses hommes a pu compléter ses choix.
- -2 pour la Suisse dans sa globalité. Après avoir tenu tête au Brésil (1-1) et vaincu la Serbie (2-1), la Nati avait connu un relâchement contre le Costa Rica (2-2) qui était finalement plus que ça. Incapable de passer un cap dans les matchs couperets, la sélection helvétique s’apprête à voir disparaître la génération Lichtsteiner, Behrami, Dzemaili sans avoir réussi le moindre progrès sur la scène mondiale. Les lendemains pourraient être moins chantants après une décennie lumineuse.
5 GIFS QUI EN DISENT LONG
Une attaque suisse coordonnée entre et Drmic et Seferovic !!!
Quand tu regardes Emil Forsberg conduire son ballon
Quand on explique à un Suisse qui ne pouvait pas voir le match que son équipe a été éliminée par la Suède
L’équipe de France dans sa partie de tableau
L’Angleterre (si elle bat la Colombie bien sûr) dans SA partie de tableau