La Croatie peut-elle le faire ?

La Croatie peut-elle le faire ?
Modric aura-t-il la chance de pouvoir exulter le 15 juillet au soir?

Et si les futurs champions du monde étaient les Croates ? Ca peut sembler saugrenu au premier abord mais si on y réfléchit bien, ça le devient tout de suite beaucoup moins. Et comme c'est l'été, que vous êtes là pour vous détendre et pas trop réfléchir, on vous aide à vous faire votre propre idée en vous exposant nos arguments.

Si l'on vous parle d’une équipe composée de stars devant et de joueurs méconnus mais qui sont des cadres dans leurs clubs derrière. Une équipe qui pratique un jeu chatoyant, emmenée par un petit meneur technique et rapide, qui joue dans un des plus grands clubs d’Espagne et d’Europe. Vous nous dites…. ? Alors si vous avez dit « Argentine », et bien d’une part vous êtes tombé dans le panneau, et d’autre part, apprenez à...lire un titre.

Car oui, la Croatie s’est imposée au fur et à mesure de la compétition comme un candidat sérieux au trophée suprême. Impensable il y a quelques mois et pourtant pas si étonnant si on y regarde de plus près. Le parallèle avec l’Argentine n’est pas si mauvais : sur le papier (et sur le papier seulement, on l’a vu lors de Croatie-Argentine), la sélection des Balkans a tout d’une Albiceleste de contrefaçon. Modric est très bon mais n’a pas de Ballon d’Or, la densité offensive n’est pas la même entre Dybala-Higuain-Aguero et Mandzukic-Kramaric-Kalinic, Lovren et Vida font moins peur qu’Otamendi et Mascherano… Sauf que la Croatie est en quart de finale et maitrise plutôt bien son Mondial alors que l’Argentine s’est retrouvée en huitième un peu par miracle et s’est faite sortir brutalement par Kyl...par l'équipe de France. Qu’est ce qui fait que la bande à Modric a mieux réussi que la bande à Messi ? Plus d’envie, un meilleur jeu collectif, et un entraineur présent, essentiellement… Qu’est ce qui fait que la Croatie peut aller au bout de cette aventure ? On vous en parle tout de suite ! 

LA QUALITE DE JEU

Ça parait quand même être la base quand on vise un titre, quel que soit le sport. Même si on peut tout à fait gagner sans produire de jeu, le Portugal 2016 l’a prouvé, c’est quand même beaucoup plus simple de triompher en marquant des buts plutôt qu’en attendant que l’adversaire ou l’arbitre ne vous les offre. De ce côté-là on est gâtés puisque la Croatie n’a eu de cesse de nous impressionner durant ses matchs de poules. Après une courte mais précieuse victoire face au Nigeria (2-0) grâce à un but contre son camp et à un penalty de Modric, l’équipe au damier a ensuite mis à terre les vice-champions du monde en titre argentin lors du deuxième match. Que dit-on mis à à terre ? Balayés, les hommes de Sampaoli ! Au terme d’un match maîtrisé de bout en bout qui a davantage ressemblé à une séance de torture qu’à une opposition, les Croates s’imposent 3-0 et assurent leur qualification. Le troisième match fut moins facile mais tout aussi maitrisé, l’Islande devait s’imposer pour espérer voir les huitièmes, mais ça ne sera pas pour cette fois. Trois matchs, 8 buts inscrits et seulement 1 encaissé, c’est plutôt propre comme début de compétition. Et ne venez pas nous parler d’une quelconque chance du débutant ou d’un feu de paille. Cette équipe ne vient pas d’être créée et les Croates avaient déjà montré un début de feu d’artifice lors de l’Euro en France, vite éteint par le pragmatisme portugais. Ça tombe bien, connaissez-vous le deuxième surnom de l’équipe de Croatie ? Les Vatreni, ça signifie les Flamboyants…

LE TABLEAU

Il faut bien avouer que de ce côté-là les Croates sont plutôt en réussite. Même s'ils ne doivent leur première place et donc leur présence dans cette partie-là à personne, l’élimination conjointe de l’Allemagne et de l’Espagne a fortement contribué à éclaircir l’horizon vers la finale. Après avoir disposé du Danemark lors du tour précédent, les hommes de Zlatko Dalic iront affronter la Russie en quart de finale. Alors certes, les Russes ont éliminé l’Espagne. Ils sont aussi la nation hôte de cette Coupe du monde. Mais l’obstacle ne parait pas infranchissable, surtout quand on a montré de telles qualités. Si victoire il y a, alors les Croates devront se coltiner la Suède ou, plus vraisemblablement, l’Angleterre en demi-finale. Alors, oui, les Three Lions sont une bonne équipe et sont 12èmes au classement FIFA soit 8 places devant la Croatie, mais enfin bon… Disons que 1) Le classement FIFA n’est jamais révélateur de la véritable place d’une nation sur l’échiquier footballistique mondial (20ème ? derrière l’Italie, le Pays de Galle et les Pays Bas, même pas qualifiés et le Pérou éliminé en poule ? La Croatie vaut sûrement mieux que ça.) 2) Vaut-il mieux risquer d’affronter l’Angleterre ou de prendre le Brésil, la Belgique ou la France… ? Définitivement, les Croates ont bien joué leur coup !

MEME QUAND ÇA NE VA PAS, ÇA PASSE QUAND MEME

On vous entend déjà râler, vous dire « c’est bien gentil, il nous parle des poules mais pas un mot sur le huitième contre les Danois » ou « il nous avait promis de l’honnêteté et il oublie volontairement de parler du seul match où les Croates se sont fait marcher dessus ?! »… Allons allons, nous allons en parler de cette rencontre !

Alors certes, ceux qui avaient réservé leur dimanche soir pour voir Croatie-Danemark n’ont pas dû être déçus… Après dix minutes marquées par deux buts suite à deux erreurs défensives, les téléspectateurs ont pu assister à 110 minutes de vide intersidéral entrecoupées d’offensives éclair côté Danois. Les Croates ont en effet éprouvé les pires difficultés à déséquilibrer ce bloc extrêmement bas et dense. Pire, sans génie devant, ils se sont en plus exposé aux contres derrière frôlant l’élimination à de nombreuses reprises. Certains pourraient même penser qu’ils auraient mérité de se faire sortir tant le visage montré fût indigne de ce que les Croates avaient proposé durant la phase de poule. On pourrait même aller jusqu’à dire que leur niveau de jeu était indigne d’un huitième-de-finaliste. Et pas de chance pour les hommes de Zlatko Dalic : en quart de finale ça risque de recommencer ! Comme les Danois, les Russes sont apparus davantage concerné par le fait de préserver leur cage inviolée que apr celui d’aller mettre le ballon au fond des filets adverses. Un Danemark-bis en encore plus défensif et donc avec encore moins d’espaces entre les lignes et derrière les défenseurs, en somme. Et vu comment les Rouges et blancs ont réussi à faire déjouer les coéquipiers de Modric lors de la quasi-totalité de la rencontre, il n’y a strictement aucune raison pour que le sélectionneur russe, Stanislav Tchertchessov, décide de bouleverser ses plans et de changer de tactique. Et il se pourrait que ça fonctionne ! La seule échappatoire pour les Croates seraient alors de compter sur l’inefficacité offensive russe et espérer scorer en 90 voire 120 minutes. Mais attention à la séance des tirs au but, portée par son public et par son gardien Akinfeev, la Sbornaia partirait avec un net avantage psychologique.

Mais peut-être que tout est simplement une question de point de vue : et s’il fallait simplement retenir de ce huitième que même quand la Croatie souffre le martyr, elle s’en sort quand même ? Schmeichel a eu beau sortir le match de sa vie, les Danois ont eu beau renier tous leurs principes et faire le siège du but de Subasic pendant plus d’une heure, les Croates ont eu beau faire 120 minutes de football pauvre et sans aucune folie, à la fin ce sont bien les coéquipiers de Modric qui sont passés au tour suivant. C’est quelque fois la marque des futurs champions : s’en sortir même quand c’est dur. France 98 a peiné face au Paraguay, l’Italie a eu beaucoup de mal à sortir l’Australie en 2006, l’Allemagne n’est pas passée loin de la sortie de route face à l’Algérie en 2014, et toutes ces équipes étaient alors face à un adversaire a priori plus faible mais qui a joué crânement sa chance. On vous le dit : galérer mais passer, c’est la marque des grands !

LE SCENARIO IDEAL :

A la fin du match face au Danemark le coach Zlatko Dalic félicite ses hommes mais les avertit : la prochaine fois ça ne passera pas. La Croatie attaque donc son quart de finale remontée à bloc, et ça se voit, en une demi-heure elle fait plier deux fois la friable défense russe. Un penalty de Modric en fin de match vient clore la rencontre encore une fois maitrisée par les Vatreni. L’Angleterre ayant fait respecter la logique face à la Suède, ce sera donc du lion au menu des Croates en demie. Le match est disputé comme prévu et aucune des deux équipes n’arrive à marquer.  On en arrive donc à la séance de tirs au but, comme face au Danemark. Sauf que cette fois, l’équipe à damier l’attaque avec assurance et une confiance totale en son gardien Subasic. Les Anglais ont eu beau chasser le signe indien face à la Colombie en huitième, ils perdent à nouveau pied lors de la fatidique séance de tirs au but et n’arrivent même pas à en cadrer un seul. De leur côté les Croates font le plein et filent en finale, la première de leur histoire. Face au Brésil qui a vaincu la France aux portes de la finale, ils ne font aucun complexe d’infériorité malgré la différence d’expérience et les cinq étoiles brodées sur le maillot adverse. Ils en font voir de toutes les couleurs à la Seleçao mais le match se finit sur le score de 1-1. On joue la 116ème minute quand Miranda dégage la balle de la tête sur corner, Rakitic contrôle et ne se pose aucune question. Le milieu du Barça envoie une frappe pure qui file dans le petit filet droit d’Alisson. Les Croates sont sur le toit du monde, Neymar ne s’en remettra jamais et Thiago Silva est obligé d’arrêter momentanément le football, victime d’une sévère déshydratation, officiellement suite à la chaleur étouffante lors de la finale. « Je n’ai jamais vu quelqu’un pleurer autant » s’étonnera de son côté Lovren, le défenseur central croate, qui finit alors de nettoyer ses crampons tâchés du sang de ses adversaires, avec un maillot brésilien, quelle insolence ! 

Même le génial attaquant coréen Son est d'accord avec nous, on pue le foot les gars! (toutes nos félicitations pour son français impeccable au passage) 

LE SCENARIO CATASTROPHE

Dans un stade de Sotchi chauffé à blanc la Croatie débute son match avec encore une foule d’interrogations liées au huitième de dimanche. Comme prévu, les Russes restent très organisés et en se livrent pas, se contentant de défendre et de relancer plus ou moins proprement. En face les Croates ne parviennent pas à trouver Mandzukic au cœur de la surface adverse et Rebic et Perisic sont complètement bloqués sur les côtés. Les centres n’arrivent pas, l’attaquant de pointe croate est obligé de dézoner pour espérer enfin toucher un ballon, et les Akinfeev n’est donc jamais mis en danger, se contentant de quelques sorties aériennes bien senties. La deuxieme mi-temps est identique et sur une erreur défensive Croate Cherishev part en contre et sert en retrait Golovin qui n’a plus qu’à conclure. Un avantage parfaitement conservé ensuite par la Sbornaia qui s’offre une demi-finale chaude bouillante face aux Anglais. Et voilà comment en 90 minutes on ruine toute une compétition et les espoirs d’une grande partie des fans de football.

 

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