- Equipe de France
- Aurelien Renault
Contre l’Uruguay ce vendredi après-midi (16h), l’équipe de France de Didier Deschamps va devoir faire plus que battre un adversaire pour atteindre les demi-finales. Ce qui attend les Bleus est nettement plus problématique - et inquiétant - que l’équation argentine du tour précédent. La Céleste menée par le sélectionneur Oscar Tabarez n’a en effet plus perdu depuis le 14 novembre 2017 en amical à l’occasion d’un déplacement en Autriche (2-1). Cette défaite est par ailleurs la seule concédée par l’Uruguay depuis un an. Un tout petit revers en treize sorties. Autant dire que les partenaires de Diego Godín ont perdu le goût de la défaite. Si les Bleus ont pour eux d’être sur une série en tout point similaire (un revers concédé depuis un an contre la Colombie (2-3) sur un total de 16 matchs), cela ne retire en rien les qualités immenses dont dispose la Céleste et entre lesquelles il va falloir subtilement slalomer pour rester en vie dans ce Mondial. Heureusement, les Bleus ont largement ce qu’il faut en magasin pour contrer les plans des Sud-Américains.
La grande question côté français pour aborder cette rencontre, c’est qui pour remplacer côté gauche un Blaise Matuidi suspendu. Tellement essentiel défensivement contre l’Argentine pour se partager avec N’Golo le cas Lionel Messi aligné en 9, le joueur de la Juventus avait apporté beaucoup de consistance au jeu des Bleus dans l’entrejeu. Pressant à tous les instants en phase défensive, il offrait constamment une solution et un point d’appui dans la construction dans des offensives où il prenait moins le couloir que le suggérait son poste. Beaucoup sont de ceux à penser que cette disposition tactique était propre à l’Argentine mais l’absence très certaine d’Edinson Cavani et la présence de l’unique Luis Suarez en pointe pourrait mener à reconduire la même tactique. Un pressing de tous les instants sur la pointe uruguayenne lorsqu’elle vient picorer des ballons dans l’entrejeu pourrait porter ses fruits. Et dans ce type de configuration, personne d’autre que Corentin Tolisso ne semble taillé pour le rôle de suppléant. Reste que cette possibilité aurait une vocation plutôt défensive. En muselant l’attaque sud-américaine sans envoyer Tolisso se projeter, les Français fermeraient à coup sûr le jeu plus que de raison. Le spectacle risquerait sérieusement d’en pâtir.
Déstabiliser puis contenir
Alors pour aller chercher un peu cette Uruguay ultra-défensive, pourquoi ne pas tenter le pari Nabil Fékir ? Depuis le début du Mondial, Didier Deschamps n’a pas aligné Fékir et Griezmann ensemble une seule minute, le premier cédant généralement sa place au second. Le joueur lyonnais a des qualités proches de celles du joueur madrilène, capable de casser des lignes grâce à une conduite de balle hors-normes. Avec Fékir aligné à la place de Matuidi à gauche de Griezmann, la France gagnerait en percussion ce qu’elle perdrait en contrôle du milieu de terrain et en harcèlement défensif des joueurs adverses. Gaucher, Nabil Fékir constituerait une arme redoutable pour venir servir les joueurs axiaux. Surtout, face aux deux lignes de quatre très proche de l’Uruguay en position défensive, le Lyonnais serait un atout non-négligeable à l’heure de combiner entre les lignes sud-américaines. Le choix serait extrêmement audacieux de la part de Didier Deschamps. Le schéma aurait en tout cas une allure offensive très inédite.
L’autre option, à la croisée des chemins, serait celle conduisant à Thomas Lemar. Mais la fin de saison en club décevante du nouveau Colchonero conjuguée à sa piètre prestation contre le Danemark face à un autre bloc verrouillé ne plaident pas en sa faveur. Les Bleus, pour battre l’Uruguay, semblent voués à choisir entre une tactique menant à une maitrise de tous les instants au milieu de terrain (l’option Tolisso donc) et une autre plus risquée qui lui permettrait d’aller semer la zizanie en plaçant constamment des joueurs entre les lignes (l’option Fékir ici). Si l’on ne souhaite évidemment pas voir la Céleste trop dangereuse en supporters tricolores que nous sommes, l’appât d’un spectacle plus débridé que verrouillé nous apparaît comme plus alléchant et la titularisation de Nabil Fékir aurait nos faveurs. Comme l’a rappelé Guy Stéphan, l’adjoint de Didier Deschamps, en préambule du match, l’Uruguay va mettre ses ingrédients classiques dans ce match : « Gros volume de jeu, grosse intensité, grosse solidarité, des lignes très proches les unes des autres […] avec un bloc compact. » Par ailleurs, contre l’Autriche lors de son dernier revers ou sur l’unique but qu’elle a concédé dans ce Mondial (face au Portugal, but de Pépé), la Céleste s’est systématiquement inclinée sur phase arrêtée. Et entre Fékir et Tolisso, niveau provocateur de fautes et superbe frappe de balle sur coup-franc, il n’y a pas photo en faveur du Lyonnais.
Notre suggestion pour ce match : Fékir pour débuter et faire sauter la défense. Tolisso pour le suppléer et verrouiller l’éventuelle avance au score jusqu’au coup de sifflet final libérateur. Vous êtes d’accord avec nous ?
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