Le résumé honnête de Brésil-Belgique

Le résumé honnête de Brésil-Belgique
Dans 9 mois, il y aura beaucoup de petits Kévin qui naitront en Belgique - Iconsport

Le Brésil n'est plus ! Non, vous ne rêvez pas ! L'équipe qui s'affichait depuis plusieurs jours - semaines, mois - comme la favorite ultime de ce Mondial ne verra même pas les demi-finales de la Coupe du monde 2018. La faute à une Belgique très rigoureuse en défense et très habile en contre qui a su jouer à Kazan le plus grand match de sa longue histoire. Ce sont donc les Diables Rouges qui défieront l'équipe de France mardi à Saint-Pétersbourg pour une place en finale. Franchement qui l'eut cru ? En tout cas, le trophée 2018 tombera désormais assurément entre des mains européennes. Voici notre nouveau résumé honnête : profitez-en bien, c'est l'un des tous derniers.

VOUS AVEZ LOUPÉ LE MATCH ? PAS DE PANIQUE ! 

Telles une pluie de météorites qui ravage tout sur son passage, sept étoiles sont tombées en Russie ce vendredi. Les deux titres de champion du monde de l’Uruguay et ce soir les cinq du Brésil ont cessé de briller dans le ciel de la Coupe du monde 2018 et leur disparition soudaine a fendu le firmament russe plus que quiconque osait le croire. Sur les six dernières équipes encore en lice, seules deux ont déjà accroché une étoile à leur maillot : la France qualifiée contre l’Uruguay dans l’après-midi (2-0) et l’Angleterre qui jouera demain contre la Suède (16h). Les nations historiques du Mondial ont sombré les unes après les autres depuis le 14 juin dernier et la disparition du Brésil, comme lors de chaque édition où c'est arrivé, a encore été un moment d’une portée sans pareille. Et dans cette histoire, la Belgique de Roberto Martinez a assurément réalisé sa plus grande performance de tous les temps.

Depuis 1986, les Diables Rouges couraient après de nouveaux frissons en demi-finale d’une Coupe du monde et il leur aura fallu patienter 32 TRÈS longues années. Mais la réalité est là : la génération dorée belge a réalisé le tour de force qu’il lui fallait pour rentrer au panthéon des grandes équipes. Il fallait un exploit, il fallait un moment marquant et les partenaires de l’intenable Romelu Lukaku l’ont accompli en terrassant un Brésil que beaucoup imaginaient le trophée entre les mains le 15 juillet prochain à Moscou. Ils auront eu tout faux car ce Brésil qu’on disait nettement plus serein dans son jeu et plus équilibré que celui qui fut terrassé 7-1 par l’Allemagne sur ses terres en 2014 n’aura même pas fait aussi bien que son aîné. Eliminée au stade des quarts de finale, comme en 2006, la Seleçao arrivera dans 4 ans au Qatar avec une disette longue de 20 ans. En termes de durée, c’est la deuxième période la plus infructueuse du Brésil après 1970-1994. Et comme en 2014, la nation aux cinq étoiles est tombée de très haut.

Tombée de très haut et tombée dans le piège audacieux tendu par la Belgique. Vincent Kompany avait annoncé que ce match ne pouvait que se gagner en confrontant les deux collectifs et que s’il devait basculer sur les performances individuelles, il reviendrait nécessairement au Brésil. Le défenseur de Manchester City avait certainement raison et il a dans tous les cas été entendu parce qu’après les Bleus contre l’Uruguay (2-0), on a assisté à une autre démonstration de solidarité collective ce vendredi soir à Kazan. Pour piéger le Brésil, Roberto Martinez avait renforcé et sa défense - en sortant Yannick Ferreira-Carrasco au profit de Nacer Chadli – et son milieu de terrain en plaçant Marouane Fellaini aux côtés d’Axel Witsel, reléguant Dries Mertens sur le banc. Surtout, il a imposé un travail phénoménal à ses joueurs offensifs (Lukaku-Hazard-De Bruyne) afin qu’ils opèrent des contre-éclairs sur les récupérations d’une défense très basse et très robuste. Sans jamais profiter d’un gros apport de leurs milieux, les trois de devants ont livré une splendide partition sur laquelle nous reviendrons dans les notes. Et si la réduction du score de Renato Augusto – seul bon choix tactique de Tite – a fait trembler toute la Belgique, cette dernière peut à présent contempler la pluie d’étoiles filantes qui plane sur le plat pays. En espérant en cueillir une le 15 juillet prochain.

LA NOTE DU MATCH (85/100)

Spectacle général (17/20) :    Comme Iron Man qui défie Captain America dans le film Civil War, la confrontation entre Belges et Brésiliens était extrêmement attendue dans le monde entier et elle n’a pas déçu, loin de là. Le match s’est joué sur un rythme extrêmement élevé de bout en bout. Comme Steve Rogers dans le dernier long-métrage de sa trilogie éponyme, les Brésiliens ont dû rendre leur bouclier en fin de partie. L’éviction de la Seleçao, toujours un moment à part dans un Mondial.

Occasions et buts (18/20) :     Une pluie de situations, un torrent de courses et de dribbles en tout genre et trois buts dans la musette au final. Si le CSC de Fernandinho est aussi hideux que la prestation du joueur, la frappe sèche de Kevin De Bruyne sur le but du break est un bijou alors que la tête de Renato Augusto est l’aboutissement d’un centre délicieux de Philippe Coutinho. Pour le reste, les Brésiliens se sont heurtés aux montants belges et à la main gigantesque d’un Thibaut Courtois des grands soirs. Il sort une ultime frappe de Neymar dans le temps additionnel au prix d’une claquette somptueuse sous sa barre. Hugo Lloris a trouvé un nouveau copain.

Qualité technique (17/20) :     Les stars étaient légion sur la pelouse mais les Brésiliens jouaient en rouge et dans son duel direct avec Neymar, Eden Hazard a remporté la partie en se montrant extrêmement précieux dans ses changements de rythme, ses accélérations et ses prises balle. On a globalement vu un match auréolé d’une très bonne qualité technique. Même Lukaku, parfois gauche dans ses conduites de balle, s’est montré précieux dans ses remontées. Du grand football. 

Scénario et suspense (18/20) :  « Ne me quitte pas » chantait le plus célèbre Belge de l’hexagone, Jacques Brel (brêle comme…Fernandinho) et c’est un peu ce que devaient chantonner les Belges à l’égard de leur équipe tout au long de la rencontre. S’ils ont su se mettre à l’abri avant la pause, menant 2-0 lors du retour au vestiaire, les Belges ont constamment donné l’impression que les Brésiliens pouvaient vite les rejoindre. C’est eux qui ont écrit le scénario de Belgique-Japon alors les remontadas dans ce Mondial 2018, ils connaissent. Du coup, on a vibré, on a tremblé, on a cru que le Brésil allait réussir son pari fou mais Renato Augusto – sur sa deuxième tentative – n’a pas trouvé le cadre. Neymar, lui, a trouvé Courtois.

Bonus/Malus du jury (15/20) : Pour cette catégorie, on vous explique, on part de 10/20 à chaque coup d'envoi et on fait gonfler ou baisser la note selon nos propres critères subjectifs (on est le jury, on fait ce qu'on veut.) :

  • -2 pour Fernandinho. Si vous êtes avec nous depuis le début de cet article, vous le sentiez forcément venir. Casemiro suspendu, le joueur de Manchester City a été propulsé sur le devant de la scène et on avait de sérieux doutes sur sa capacité à jouer les chefs d’orchestre au milieu de terrain. Et sans son métronome, le Brésil a en effet joué faux toute la partie. En plus de marquer un but contre son camp malheureux, qu’on lui pardonne, Fernandinho a quasiment tout manqué et souffert de la comparaison face aux milieux de terrain belges plus robustes. Comme les dinosaures il y a des millions d’années, le Brésil a donc disparu des radars et le milieu des Citizens a une grande part de responsabilité. Fernandino.
  • +4 pour Roberto Martinez. Alors que la Belgique a dû beaucoup crier dans cette nuit de juillet, il y a malgré tout beaucoup de bouches qui ont dû se fermer au plat pays. Très critiqué et facilement remis en question à la moindre petite turbulence depuis sa nomination, le sélectionneur espagnol a réussi un coup tactique parfait en muselant le Brésil et en le mitraillant à coups de contres foudroyants. « C’est incroyable, ils l’ont fait ! » s’est-il exprimé juste après le match. Mais toi aussi Roro, tu l’as fait ! Et on est ravi pour toi !
  • -2 pour les leaders brésiliens. Mais où étaient les joueurs de caractère brésiliens ? Sans l’apport d’un milieu décidément très faible, le Brésil aurait pu s’en sortir si ses fers de lance avaient joué à leur niveau. Mais ni Neymar (surtout lui !), ni Philippe Coutinho, ni Marcelo n’ont su donner l’impulsion. Et que dire de Willian ? Etincelant contre le Mexique en huitièmes, le joueur de Chelsea a disparu au profit de Roberto Firmino passée la pause. Ah, on vous apprend sûrement que l’un et l’autre ont joué ce soir à Kazan.
  • +5 pour le trio Lukaku-Hazard-De Bruyne ! Comme la grande ciguë dans l’organisme de l’immense Socrate, les trois têtes de gondole belges se sont faufilées dans le système brésilien en vrais poisons. Puissants, justes et techniques, ils ont su prendre à revers quand il le fallait une défense brésilienne jusque-là impressionnante en Russie. S’ils jouent au même niveau mardi contre la France, les Bleus peuvent commencer à trembler.

5 TWEETS QUI EN DISENT LONG

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