- Quarts de finale
- Aurelien Renault
Comme c’est cruel le football. Dans un stade Ficht de Sotchi chauffé à blanc, la Sbornaya a longtemps résisté comme depuis le début du Mondial avant de craquer finalement aux tirs au but contre la Croatie. Qu’ont donc à présent en commun le Mondial 1998 et la Coupe du monde 2018 ? Deux de leurs demi-finalistes ! Après la France hier, l’équipe de Croatie reprend place dans le dernier carré, comme avaient su le faire Suker, Prosinecki ou encore Vlaovic lors de leur épopée il y a 20 ans. Bousculée par le Danemark en huitièmes de finale (1-1, 4-3 tab), la nation au damier savait que ce serait difficile face à des Russes solides, tombeurs eux de l’épouvantail espagnol au tour précédent (1-1, 5-4 tab). Et pour retrouver l’Angleterre en demi-finale mercredi à Moscou, les Vatreni auront dû en passer par les prolongations et les tirs au but. Encore !
Avant cela, la première période n’aura été illuminée que par deux éclairs dont un bijou et rien d’autre. Comme il fallait s’y attendre, malgré les apparences de sa défense repassée à quatre éléments, la Russie s’attèle à bien défendre dès les premières secondes. La possession est nettement en faveur de la Croatie et si la nation au damier propose plus de verticalité au pays hôte que l’Espagne lors du tour précédent, la Sbornaya résiste habilement. C’est d’ailleurs elle qui va piquer la première à la surprise générale. Alors que la Croatie a jusque-là manqué de précision et dans ses centres et dans ses tirs, Denis Cherishev prend les choses en main à la demi-heure de jeu. La machine à beaux buts de Villarreal prend appui sur le géant Artem Dzyuba avant de récupérer la gonfle, de résister à Modric et Vida et d’envoyer finalement de sa patte gauche l’une des plus belles frappes de ce Mondial 2018 dans la lucarne droite d’un Danijel Subasic resté pantois. 1-0, on se dit alors que la Russie va encore faire déjouer les pronostics. Son ouverture du score a toutefois un effet revigorant sur les Vatreni qui égalisent neuf minutes plus tard. Mandzukic adresse un centre court de la gauche et trouve Andrej Kramaric qui place simplement sa tête en opposition pour tromper Igor Akinfeev.
La deuxième période voit la Russie passer en mode espagnol. Malgré des changements opérés en faveur d’une attaque solidifiée, la Sbornaya reste coriace défensivement sans proposer de véritable impulsion sur ses contre-attaques. Baladée par les Croates, elle est même à deux doigts du drame lorsque le très – trop – discret Ivan Perisic envoie une reprise sur le montant droit d’Akinfeev. Le poteau rentrant le plus sortant de toute l’histoire du football. La chance de la Croatie dans le temps règlementaire est passée. Comme lors des huitièmes de finale, les deux nations doivent en passer par les prolongations. Et à ce petit jeu-là, ce sont les joueurs au damier qui vont avoir le sourire. Un seul but suffit en effet au bonheur des hommes de Zlatko Dalic pour croire en la qualification. Sur un corner de Luka Modric, le défenseur Domagoj Vida reprend dans le bon tempo de la tête pour remettre les Damiers devant au score. Mais contrairement à ce que pensaient les bookmakers, cette Russie a une âme et sur un coup-franc « Varanesque », Mario Fernandes expédie les deux nations dans une irrespirable séance de tirs au but. Une séance au cours de laquelle il devient alors le héros déchu, manquant très nettement sa tentative alors que Subasic et Akinfeev se seront chacun répondus. C’est au final Ivan Rakitic qui envoie la Croatie au paradis pour le tir final.
Devenant la toute première nation de l’histoire à remporter successivement son huitième de finale et son quart de finale aux tirs au but, la Croatie retrouvera mercredi au stade Loujniki de Moscou une équipe d’Angleterre pour une place en finale du Mondial 2018. On a déjà hâte. Bravo aux Russes pour s’être montrés plus qu’à la hauteur de cet énorme événement qu’est la Coupe du monde de football.