- Allemagne
- Julien Meyer
La peur. Vous connaissez tous ce sentiment particulier. Ce truc qui vous fait goutter les aisselles, vous donne chaud et vous procure quelques vertiges. Au soir de la victoire de l’Italie face à l’Espagne en huitièmes de finale de l’Euro lundi dernier (2-0), la populace d’Outre-Rhin est certainement passée par l’une de ces sensations. Le lendemain, la presse allemande balançait le mot qui allait être à la mode durant toute la semaine : « Angstgegner », littéralement « adversaire de la peur ». Car oui, les Allemands s’apprêtent à retrouver leur bête noire italienne. Une équipe qu’ils n’ont jamais battue en phase finale d’une grande compétition.
Le dernier affrontement entre ces deux mastodontes du football mondial remonte à l’Euro 2012. Après avoir disposé de la Grèce (4-2) en quarts de finale, les Allemands retrouvent les Italiens en demi-finale. Très vite, les Transalpins prennent le dessus sous l’impulsion de Mario Balotelli et ses pectoraux. A la pause, les hommes de Joachim Löw accusent deux buts de retard. Malgré une réduction du score tardive de Mesut Özil, les Allemands doivent logiquement s’incliner face à l’implacable réalisme des Azzurri (1-2).
La cicatrice de 2006
Mais la douleur la plus vivace remonte à la Coupe du monde 2006. A domicile, le peuple allemand n’imagine rien d’autre qu’un quatrième sacre mondial. Une nouvelle fois, la « Nationalmannschaft » a rendez-vous avec son ennemi héréditaire italien au stade des demi-finales. Après un parcours sans éclat jusque-là, les Italiens s’avancent sans trop de certitudes tandis que les Allemands viennent de faire tomber les Argentins au tour précédent (1-1 a.p. 4-2 tab). L’affrontement est tendu et les deux équipes ont besoin de la prolongation pour se départager. Au terme d’une incroyable débauche d’énergie et à une minute de la fin de la rencontre, le défenseur Fabio Grosso vient battre Jens Lehmann pour donner l’avantage aux Italiens. Et dans les arrêts de jeu, Alessandro Del Piero adresse un coup de poignard en plein cœur de l’équipe allemande et de tout un peuple. L’Italie ira en finale et deviendra quelques jours plus tard championne du monde aux dépens de la France.
Alors, comment faire pour enfin vaincre le signe italien ? En conférence de presse, le boss de l’arrière garde allemande, Jérôme Boateng, s’agaçait : « Je pense qu’il y a des choses plus graves que de penser jour et nuit à l’Italie… » Andreas Köpke, l’entraîneur des gardiens de la Mannschaft semblait lui aussi plus que déterminé. « Je suis plus que prêt pour réécrire l’histoire. » Et on ne va pas contredire l’ancien portier de l’Olympique de Marseille. Après un premier tour au petit trot, l’Allemagne a concassé la Slovaquie en huitièmes de finale (3-0) en donnant une violente impression de suprématie. En plus d’être impeccable dans les tâches défensives, Jérôme Boateng a ouvert son compteur but et Julian Draxler a enfin prouvé tout le bien qu’on pensait de lui. On en oublierait presque que Manuel Neuer n’a toujours pas encaissé le moindre but en quatre parties. L’Allemagne championne du monde a donc toutes les armes pour mettre fin à cette maudite série. Et comme l’affirme si bien Joachim Löw : « Cette histoire de bête noire… C’est du café froid… Je préfère un bon expresso et on va tout faire pour qu’il soit à notre goût samedi (NDLR : ce soir). » Espérons que les Italiens ne ramènent pas leur grain d’amertume.