- Allemagne
- Julien Meyer
L’Allemagne se pointe à nouveau dans le dernier carré d’une compétition d’envergure. Rien d’étonnant. Ce qui l’est davantage par contre, c’est de voir le compteur but de Thomas Müller désespérément bloqué à 0. Une vilaine statistique qui ferait douter plus d’une pointure mondiale. Sauf l’attaquant du Bayern qui prend la chose avec philosophie et bonne humeur. Comme d’habitude.
Car oui, le gamin originaire de Pähl en Bavière est du genre farceur et voit toujours le verre à moitié plein. Après la qualification de l’Allemagne face à l’Italie aux tirs aux buts (1-1 a.p. 6-5 tab), l’attaquant bavarois s’est fendu d'une réponse originale, après une question d’un journaliste lui demandant si la Mannschaft voulait désormais décrocher le titre européen : « Non, pas du tout. Notre objectif a toujours été de sortir en demi-finale. » Hier en conférence de presse, Thomas Müller arborait une nouvelle fois son sourire taquin, quand le sujet le plus chaud arrivait sur la table : son inefficacité. « L’opportunité de marquer n’est pas arrivée, et si elle était là, je n’ai pas fait le nécessaire pour marquer un but. Mais je ne vais pas en mourir. En 2010, j’étais le meilleur buteur de la Coupe du Monde en Afrique du Sud et on s’est fait sortir en demi-finale… »
Allergique à l'Euro ?
Il est vrai que lors des Coupes du Monde, le fer de lance du Bayern Munich se révèle très efficace. Sur le continent africain, il a donc terminé meilleur buteur de la compétition avec 5 buts marqués en 6 rencontres dont un doublé lors du 8e de finale face à l’Angleterre (4-1). Quatre ans plus tard au Brésil, il marque à nouveau à cinq reprises dont un triplé face au Portugal (4-0) lors du premier match de poule. A contrario, lors de l’Euro 2012 où la Mannschaft s’incline en demi-finale face à l’Italie, Thomas Müller reste muet durant toute la compétition. Lors du premier match face au Portugal (1-0), le bihebdomadaire allemand Kicker le crédite de la très mauvaise note de 4 (sur 5). Lors des deux matches à élimination directe, il s’assoira sur le banc des remplaçants et ne jouera que 42 minutes (23 face à la Grèce en ¼ puis 19 face à l’Italie en ½). Thomas Müller ferait-il une allergie à la grand-messe continentale ? « Un but me donnerait de la tranquillité, mais je n’aurais plus à répondre aux questions. Je ne suis pas ici pour recevoir vos compliments (en direction des journalistes), même si je sais que vous aimez bien en faire. Mais je me sens bien. L’équipe fait que je me sente bien. »
Bonne nouvelle peut-être pour l’homme aux 32 buts en 76 sélections, la blessure de Mario Gomez. Tantôt en soutien de l’attaquant de pointe, tantôt sur l’aile droite, Thomas Müller a pas mal vagabondé depuis le début de l’Euro, bien qu’il soit habitué à cet état de fait. Contre la France ce soir, il devrait selon toute vraisemblance endosser le costume d’avant-centre. Avec plus de réussite ? Pour Jan Pienta, scout du Bayern qui l’a repéré alors qu’il évoluait au TSV Pähl, rien n’est moins sûr. « Quand je le vois encore aujourd’hui, je ne comprends pas ce qu’il fait sur un terrain. A mon avis, Thomas Müller ne le sait pas lui-même. » Peut-être. En tout cas, il s’amuse bien sur le rectangle vert comme le démontre son ratio en sélection nationale. Puis même s’il devait encore briller par son mutisme face à la France, une chose est sûre, c’est que Thomas Müller cavalera comme un dératé. Gaëtan Bussmann, joueur de Mayence en Bundesliga, confirme dans le magazine So Foot. « Le problème, c’est qu’il court beaucoup et qu’il est toujours en mouvement. Pour aller à l’endroit où il n’y a personne, mais où il faut être. » Pourvu qu’il ne soit pas en finale de l’Euro sous les coups de 23h ou plus pour l’Equipe de France…