- Espagne
- Edouard Mesnildrey
Julen Lopetegui n’aura donc pas connu la moindre minute d’une Coupe du monde sur le banc de la Roja. A la suite de sa décision de s’engager avec le Real Madrid, comme nous vous l’annoncions plus tôt, l’entraineur espagnol s’est attiré les foudres de sa fédération. Ce que l’on pouvait aisément comprendre tant le timing répondait plus à un besoin du club madrilène que d’une nécessité côté Lopetegui, qui pouvait attendre patiemment la fin du Mondial pour annoncer sa décision. Mais l’avenir des cadres du Real – Ronaldo en proue – en doute après la décision de Zinedine Zidane de quitter la Maison Blanche, Florentino Pérez se devait d’agir vite et bien pour rassurer tout son monde. Voilà qui est fait, mais au détriment d’une équipe espagnole laissée à l’abandon deux jours avant son match d’ouverture face au Portugal d’un certain… Cristiano Ronaldo.
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— Nothing to lose (@AurelienPedro) 13 juin 2018
Officialisée mardi 12 juin, la signature de Julen Lopetegui a donc secoué la fédération espagnole. Son sélectionneur avait en effet un contrat qui courrait jusqu’en 2020, et au vu de la réaction engendrée, sa décision a été prise unilatéralement. Décidément, le Real Madrid aime créer la surprise avec ses entraineurs… Toujours est-il que le président de la fédération espagnole, Luis Rubiales, trahi par la décision de l’homme fort de la Roja, a aussitôt songé à limoger Lopetegui avant de revenir sur sa décision. Son avenir ne tenant « qu’à un fil », la situation était tendue du côté de Krasnodar où plusieurs membres de la fédération auraient du intervenir pour calmer leur président et l’empêcher de virer tout bonnement Lopetegui sur le champ ! « Ce n’est pas le moment de parler, mais nous prendrons la décision qui convient le mieux à la sélection, nous ferons les choses de manière responsable » a finalement annoncé hier Rubiales, convoquant une conférence de presse ce mercredi matin pour régler la crise.
« C’est un jour très compliqué. »
La sentence ne s’est alors pas faite attendre – en fait si, puisque la conférence a été décalée d’une heure et demi… Julen Lopetegui est relevé de ses fonctions par la fédération. « Nous sommes obligés de nous séparer du sélectionneur » annonce alors Luis Rubiales, qui s’était entretenu plus tôt dans la matinée avec le coach espagnol.
Coup de tonnerre en Espagne! Julen Lopetegui est viré de son poste d’entraîneur de la Roja! #ESP? ? #CDM2018 pic.twitter.com/PotXAyVuNM
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« C’est un jour très compliqué. On a une série de décisions à prendre. » La première aura donc été de se séparer de Lopetegui. La seconde sera de trouver dans la foulée son digne remplaçant. « Pour son remplaçant, on travaille dessus. On vous le communiquera plus tard » a annoncé Rubiales lors de la conférence de presse. Un timing serré alors que l’Espagne entre dans son Mondial dans seulement deux jours, dans le groupe B, face au Portugal. Le second de Lopetegui, Albert Celades, est évidemment en position préférentielle pour lui succéder afin de parer au plus urgent et de s’inscrire dans une certaine continuité.
Les joueurs espagnols auront malgré tout tenté de faire fléchir le Président de la fédération en apportant leur soutien à Lopetegui, notamment par le capitaine Sergio Ramos. Rubiales s’est par ailleurs entretenu avec les joueurs, qui « feront tout pour aller le plus loin possible. »
Un secret mais pas de trahison
«Je ne me sens pas trahi » a également annoncé Rubiales, qui n’a pas tenu à ajouter de l’huile sur le feu. La situation étant déjà suffisamment complexe et, on l’imagine, grave, le président de la fédération espagnole a même tenu à remercier son désormais ex-sélectionneur : « Julen Lopetegui a réalisé un travail impeccable. »
Là où le bas blesse, et ce qui a certainement déclenché la colère de Rubiales, c’est que Lopetegui n’a apparemment jamais informé sa fédération des démarches du Real Madrid. « Les négociations avec le Real ont été faites sans communication avec la Fédération. La forme est importante. […] Le Real Madrid cherchait un entraîneur et cherchait le meilleur. La sélection est l'équipe de tous les Espagnols, et le sélectionneur travaille pour la Fédération. Il ne peut pas faire les choses de cette manière et m'avertir si tard [...] La Fédération espagnole ne peut pas être mise au courant 5 minutes avant la sortie d'un communiqué. »
Une position clairement compréhensible de la part du président de la fédération espagnole, qui rêvait sûrement plus à un nouveau sacre mondial qu’au remplacement de son sélectionneur il y a deux jours. Il ne reste désormais plus qu’à l’Espagne de se montrer solidaire dans la crise.
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