Déjà cadre dans son équipe du FC Nantes, Didier Deschamps connaît sa première cape en sélection nationale le 29 avril 1989 face à la Yougoslave (0-0), à seulement vingt ans. Ses débuts en sélections ne vont toutefois pas être de tout repos puisque le jeune joueur tombe dans une des périodes noirs de l’Équipe de France avec les qualifications manquées pour les Coupes du Monde 1990 et 1994 ainsi que l’élimination précoce dès le premier tour au Championnat d’Europe 1992. Mais à cette époque-là, le Nantais ne s’est pas encore imposé comme un titulaire indiscutable et le séisme provoqué par le France-Bulgarie de 1993 va placer le milieu de l’OM comme la pierre angulaire de l’EDF pour le futur.
Suite à l’éviction d’Eric Cantona du groupe France en 1995, Aimé Jacquet teste plusieurs de ses joueurs en tant que capitaine, mais au final, c'est DD la Gagne, récent vainqueur de la Ligue des Champions avec la Juve, qui devient le capitaine définitif de l'EDF à partir du 1er juin 1996 lors d'un match contre l'Allemagne. Brassard au bras, le numéro 7 des Bleus va être le relais parfait sur la pelouse pour Aimé Jacquet qui façonne son groupe en vue de la Coupe du Monde 98 à la maison. Véritable leader moral de l'équipe, le joueur Turinois, par son expérience, parvient à canaliser ses coéquipiers à l'approche du tournoi, n'hésitant pas à en recadrer ou au contraire à les transcender, toujours dans le but de la victoire finale et durant toute la compétition, le capitaine harangue ses coéquipiers jusqu’à remporter son premier trophée officiel avec les Bleus.
Hésitant à mettre un terme à sa carrière internationale sur ce titre, DD fini par être convaincu de pousser au moins jusqu’à l’Euro 2000. Et de nouveau, c’est une décision lourde de conséquence puisque bien que sur le déclin, le Basque apporte à son équipe ce qu’il sait faire de mieux: sa rage de vaincre. Au final, la France remporte le Championnat d’Europe en battant l’Italie au cours d’un match fou avec le but de l'égalisation dans les toutes dernières minutes du match. Et nul doute que l’état d’esprit de la Desch a contribué à ce retournement de situation, lui qui jamais n’a lâché, houspillant ses troupes pour qu’elles poursuivent leurs efforts même quand la victoire italienne semblait acquise.
Un vrai moral de guerrier en somme que depuis quatre années tout rond, l’ancien capitaine essaie d’inculquer à ses joueurs lorsqu’il les convoque dans sa deuxième maison, Clairefontaine. Après les échecs de Domenech et - dans une moindre mesure - Laurent Blanc, Didier Deschamps a trouvé une Équipe de France au plus bas, que ce soit moralement, tactiquement, techniquement ou même dans sa relation avec ses supporters. À ce moment-là, l’objectif annoncé par la FFF est à court terme puisque l’on demande au nouveau sélectionneur tricolore de qualifier son équipe pour la Coupe du Monde 2014 puis lorsque ça sera fait, d’aller le plus loin possible. Mais le but véritable n’est pas la compétition brésilienne, c’est l’Euro 2016 qui se profile à l’horizon et la France qui reçoit ne peut se permettre de faire mauvaise figure. En juillet 2012, à sa nomination, DD a alors un peu moins de quatre ans pour forger un groupe capable de remporter l’Euro et écrire l’histoire.
Pour cela, le duo Didier Deschamps-Guy Stephan, son fidèle adjoint, va tester pas moins de 57 joueurs et faire face à l’éclosion soudaine de jeunes joueurs et de nombreux troubles internes. Mais pas de quoi leur faire peur, la Desche sait comment gagner et mener un groupe dans la bataille. Le meilleur exemple en est ce match de barrage pour la Coupe du Monde, en novembre 2013. Ce soir-là, les Bleus vont se montrer à l’image de leur coach en renversant tout sur leur passage à la seule force de volonté. Défait 2-0 en Ukraine au match aller, les Français doivent s’imposer 3-0 pour se qualifier pour le Brésil. Improbable. Et pourtant, au terme d’un match de folie, durant lequel l’engagement est total, l’EDF parvient à réaliser l’exploit avec notamment un doublé de Mamadou Sakho. La folie. Au Brésil, l’aventure se terminera en quart de finale, battue 1-0 par le futur champion du monde allemand, la France a toutefois trouvé une ossature jeune et brillante qui promet pour l’avenir avec Varane, Pogba et Griezmann notamment.
Au sortir de la CDM, deux longues années de matchs amicaux, mais pourtant DD parvient, globalement, à conserver l’envie de gagner de ses joueurs, les poussant de plus en plus à l’approche de l’Euro et n’hésitant pas à s’appuyer sur des novices. Après une phase de poule digne de son coach, pas forcément spectaculaire ou beau mais rudement efficace, la France fait preuve d’un énorme caractère pour renverser la vapeur face à l’Irlande en 8e (2-1) avant de dérouler en quart face à l’Islande (5-2). La demi-finale en guise de revanche face à l’Allemagne est là aussi un modèle de combativité et de mental, les Français reculant beaucoup, mais ne cédant jamais. Un match digne de DD en attendant l’apothéose demain en finale face au Portugal pour que ce soit toute la compétition qui ressemble au sélectionneur avec une volonté à toute épreuve pour renverser des montagnes et ramener des trophées. Car quatre ans sans remplir son étagère pour Deschamps, cela doit paraitre bien long.